Mariano Rajoy, toutou de Bruxelles

samedi 21 juillet 2012
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Des mineurs aux fonctionnaires le monde du travail espagnol refuse les plans concoctés par Bruxelles et appliqués docilement par Mariano Rajoy, le chef du gouvernement espagnol.
Ce jeudi 20 juillet, 70 manifestations réunissaient dans tout le pays des dizaines de milliers de manifestant-e-s à l’ppel des CCOO, de l’UGT, des indignados etc...
A Madrid la manifestation était énorme et c’est dans ce contexte que la presse élève la vois elle aussi.
Témoin cet article

Ne faisons pas comme Mariano Rajoy et son gouvernement, appelons un chat un chat et admettons-le : nous sommes déjà passés sous la tutelle de l’Allemagne, de l’UE, de la BCE et du FMI. Ce n’est un secret pour personne, que ce soit à l’étranger ou dans notre pays, en matière de gestion de la crise, ce sont eux qui tiennent les rênes. Ce sont eux qui décident, établissent les diagnostics, puis appliquent leurs politiques sans plus attendre, sur notre dos.

L’Allemagne et consorts poursuivent leurs expériences. Ils tentent de savoir si une austérité stricte et immédiate, avec dépeçage de l’Etat-providence, pourrait aboutir au miracle de la reprise - malgré la récession que ce type de mesures brutales engendrent habituellement. Dans les autres pays, cela n’a pas marché. Et ici, jusqu’à présent, cela n’a pas marché non plus.

Il est possible que dans quelques mois, si la situation se dégrade encore, l’intervention devienne officielle. Mais jusqu’à présent, cela n’a pas été nécessaire. Actuellement, les administrateurs internationaux exercent un pouvoir total et effectif sur l’économie espagnole sans pour autant avoir confisqué ce pouvoir aux partis politiques élus par les citoyens, comme ce fut le cas en Italie. Rappelons que là-bas, ils ont placé un de leurs hommes au poste de Premier ministre, le technocrate Mario Monti. Certes, Berlusconi est une honte et Monti un type sérieux, mais le procédé n’en demeure pas moins inacceptable. Ils ont provoqué un autre scandale démocratique en Grèce, où les élections ont été invalidées pour la seule raison que ceux qui acceptaient de se soumettre aux directives internationales de l’austérité n’avaient pas obtenu la majorité pour gouverner.

Rajoy, un partenaire docile

En Espagne, ceux qui nous contrôlent ont trouvé en Mariano Rajoy une personnalité qui leur facilite les choses et leur permet de mener leurs politiques sans malmener les principes démocratiques. La situation est idéale : Rajoy, élu démocratiquement par les Espagnols, assume dans notre pays les fonctions du technocrate qui applique docilement, sans chercher à en savoir plus sur les critères économiques décidés pour notre bien par Angela Merkel. En outre, Rajoy n’a pas eu à tracer de ligne rouge, puisqu’il a une grande affinité idéologique avec la chancelière allemande.

Quant à nous, les Espagnols, nous avons si peu d’exigences en matière de démocratie que nous acceptons non seulement que le programme économique validé par les urnes ne soit pas appliqué, mais en plus que Rajoy fasse tout le contraire de ce qu’il avait promis [Rajoy avait, entre autres, promis de ne pas augmenter la TVA et de s’opposer à toute hausse d’impôts]. Avec Rajoy, Montoro et De Guindos [ministre des Finances et ministre de l’Economie et de la Compétitivité] - qui exécutent des politiques auxquelles ils ne croient pas, font sans remords le sale boulot, et habituent l’opinion publique à s’informer directement à Bruxelles et de Berlin plutôt que de les écouter - pourquoi Merkel se donnerait-elle la peine de mettre à la tête du gouvernement espagnol un technocrate indépendant ?

Les Espagnols ont encore un autre problème. La crise a appris à Rajoy et son équipe à intervenir dans des domaines qui ne relèvent pas de leurs compétences. Pour la gestion de la crise économique, Rajoy s’en remet à l’Allemagne en bon technocrate obéissant. Pour le reste, il intervient dans les compétences d’autrui en appliquant l’idéologie de l’aile dure du Parti populaire (PP), c’est-à-dire recentraliser et défaire les réformes de Zapatero. Pour tous les sujets autres qu’économiques, la crise est un alibi pour prendre des décisions graves à la hâte et sans débat. L’Espagne s’enfonce dans l’opacité, le pouvoir met les médias publics sous tutelle et complique le travail de la justice pour les affaires de corruption qui le concernent de près.

Non seulement cette crise nous appauvrit, mais en plus, elle menace notre démocratie.

Par Franco Antonio source El Periódico de Aragón le 20/07/2012

Transmis par Linsay


Le dessin en tête d’article est celui publié en espagnol par El Periódico de Aragón



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