Mercosur, cinquième puissance mondiale, des Caraïbes à la Patagonie !

dimanche 12 août 2012
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Plus de 20 ans après sa création, le Mercosur accueille donc le Venezuela. Le bloc régional désormais représente 82,3% du PIB de l’ Amérique latine-, 13 millions de km² et plus de 270 millions d’habitants.

« La cinquième économie du monde », c’est ainsi que la présidente du Brésil, Dilma Rousseff, a salué la nouvelle dimension prise par le bloc régional avec l’entrée du Venezuela. « Un nouveau pas dans ce XXI éme siècle », comme l’a relevé la présidente de l’Argentine, Cristina Kirchner mais « les défis sont énormes ». Le premier défi étant de préserver l’indépendance de ce bloc réunissant des pays aux richesses tant convoitées.

L’intégration du Venezuela, c’est celle d’un nouveau membre, qui selon le dernier rapport de l’Opep, dispose des plus grandes réserves certifiées de pétrole du monde , devant l’Arabie Saoudite. Ce qui fait que la complémentarité des pays du Mercosur semble plus équilibrée qu’en Europe où le problème énergétique reste un point faible. Car aujourd’hui, le bloc régional réunit à la fois de grands producteurs de matières premières alimentaires et minérales avec l’Argentine et le Brésil et d’énergie avec le Venezuela. Sans oublier évidemment la dimension industrielle, d’ailleurs Dilma Rousseff, autour du Mercosur « de la Patagonie aux caraïbes » a envoyé un message à l’univers entrepreneurial afin de participer activement au processus d’intégration.

Dans un contexte de crise mondiale, tout ceci n’est pas négligeable, à travers le Mercosur, il y a une chance pour mieux amortir les effets de la crise du capitalisme. De plus, le Mercosur avec l’arrivée du Venezuela a une carte à jouer face à la déconfiture de l’Alca créée à l’initiative des USA , et des coups d’état déguisés ou pas, fomentés dans la région, avec l’aval du voisin étasunien. La dimension géopolitique de ce Mercosur à cinq prend tout son sens.

ALENA, ALCA, ALBA, MERCOSUR et CELAC : quelques repères

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ALENA

En 1994 était créé entre les USA, le Canada et le Mexique, l’ALENA, [1] accord de "libre" échange (comprenez libre pour les capitaux, pas pour les travailleurs mexicains qui se trouvent séparés des Etats Unis et de ses richesses par un mur à la frontière). Cet accord, s’il ne prévoit pas comme le traité de Maastricht auquel il est censé répondre, la mise en place d’instances supranationales ou de monnaie unique, reprend les mêmes principes et notamment celui - cher aux partisans acharnés de l’UE - de "concurrence libre et non faussée." Cet accord s’il a permis au Mexique, le plus pauvre des 3 signataires de doper ses exportations vers les USA, il l’a rendu encore plus dépendant de l’économie américaine (80% de ses exportations) [2] et surtout cela n’a procuré aucun mieux être pour les travailleurs mexicains.

Pire l’accord a aggravé la situation des paysans mexicains confrontés à l’arrivée des produits agricoles américains largement subventionnés...c’est ça la liberté.

Pas étonnant dans ces conditions que le combat contre cet accord soit un des points à l’origine du mouvement zapatiste.

ALCA

La ZLEA, Zone de "Libre" Echange des Amériques, ALCA en portugais et espagnol, devait (il convient sans doute aujourd’hui d’employer le passé) remplacer l’ALENA et englober 34 pays (tous les pays américains sauf Cuba) et les colonies françaises, hollandaises et britanniques de la région. Vivement combattu par les pays d’Amérique du sud (et pas seulement ceux classés les plus à gauche) qui dénoncent les visées impérialistes du capitalisme US, il bat de l’aile par le double effet du refus politique des états du sud de se soumettre et par la crise économique de 2008.

MERCOSUR

Créé en 1991, le marché commun du sud ou MERCOSUR, ne se limite pas comme l’ALCA à un accord sur le commerce, mais vise une harmonisation des droits et des politiques économiques. Il comprend des membres permanents ( Argentine, Brésil, Paraguay, Uruguay et le Venezuela depuis le 31 juillet 2012) et des pays associés ( Bolivie, Chili, Pérou, Colombie, Équateur). A noter que le Paraguay a été suspendu le 29 juin dernier suite à la destitution du président en place. Evidemment il n’en a pas été de même pour le Honduras dans l’ALCA...

L’ALBA

C’est Chavez qui a émis l’idée en 2001 d’une Alternative Bolivarienne des Amériques. Elle prend le jour en 2005 avec comme buts le développement de logiques coopératives, le renforcement du secteur public, la coopération sur le plan médical, la création d’une compagnie pétrolière publique commune (Pétrosur) et d’une télévision commune (Telesur).

Sur le site officiel l’ALBA est présentée comme une "alternative radicale" à l’ALCA voulant construire "l’aube des peuples".

Elle comprend des pays membres (Antigua-et-Barbuda, Bolivie, Cuba, Dominique, Équateur, Nicaragua, Saint-Vincent-et-les Grenadines, Venezuela) et des pays observateurs (Iran, Haïti, Russie, Uruguay). Le Honduras en a été exclu suite au coup d’état. Dans la conception vénézuelienne le MERCOSUR est conçu comme "la voix vers l’ALBA" et donc complémentaire de celle-ci.

La CELAC

Nos lecteurs ont suivi la création récente de la CELAC et nous avons publié la déclaration de Caracas, consacrant cette création. Nous ne nous étendrons pas dessus si ce n’est pour dire que cette instance regroupe les 33 pays d’Amérique du sud et des Caraïbes et s’est donnée comme premier objectif, la mise en place d’un plan continental de lutte contre l’analphabétisme.

Il est donc absolument nécessaire de créer des institutions et des instruments qui cimentent ce nouveau rapport de force. Y compris en trouvant de nouveaux moyens dans les mécanismes de crédit pour financer des projets, dont nombreux sont déjà approuvés. Car il y aussi les autres aspects du Mercosur qu’il faut renforcer - social, emploi, éducation- pour dépasser le simple volet commercial et douanier. Cela offre aux mouvements sociaux et aux forces politiques des opportunités pour se faire entendre et que les gouvernements à travers le bloc, prennent des mesures qui permettent de transformer le Mercosur en un véritable projet pour les peuples des pays membres. Et le président uruguayen de rappeler, « Nous vivons sur le continent le plus riche en ressources naturelles », ajoutant « il ne s’agit pas d’être les plus riches de la planète mais les plus heureux, le processus d’intégration doit bénéficier à toute la population, et surtout les pauvres ».

Quant au Venezuela, dans un premier temps, il faut qu’il s’adapte au bloc du point de vue normatif, en termes de tarifs douaniers et commerciaux, ce qui prendra sans doute plusieurs mois. Mais Chavez, a également bien l’intention de jouer le jeu pour aussi sortir son pays d’un modèle axé sur la seule rente pétrolière, et souhaite à travers l’intégration « accroitre le développement agricole avec plus de 30 millions d’hectares disponibles » et le « développement industriel autour des ressources en bauxite ou en minerais stratégiques ». L’impétrant Hugo Chávez l’a bien saisi, le Mercosur est « la locomotive la plus grande qui existe pour préserver l’indépendance et accélérer le développement intégral de l’Amérique Latine ».

Par Estelle Leroy-Debiasi pour El Correo, Paris le 1er aout 2012

Transmis par Linsay


[1cet accord succédait à l’ALE, accord de « libre » échange limité au Canada et aux Etats Unis

[270 % du commerce mexicain s’effectue exclusivement avec son voisin du Nord



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