Variations (et spéculations) autour d’une « banalité »

vendredi 17 août 2012
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Au départ il s’agitd’un évènement relativement banal, celui de l’aniversaire d’un des hommes politiques les plus connus et les plus anciens de la planète, Fidel Castro.

Certains journaux choisissent de ne pas en parler, d’autres décident d’y consacrer un article, (83 rien que pour la presse francophone si on en croit GOOGLE et ça ce n’est pas banal). En vérité ont devrait dire plutôt : la presse a publié plusieurs dizaines de fois la même dépêche AFP, celle que nous retransmet Linsay : pourquoi se fatigueraient-ils ces médias puisque ce qu’il faut penser est déjà servi sur un plateau ?

Le site Romandie, toujours à partir de l’AFP, produit lui un article dont on peut se demander s’il s’agit de la même agence, tant les contradictions sont flagrantes avec le 1er cité.

Cet évènement « ordinaire » devient ainsi prétexte à interprétations, relectures de l’histoire, dénigrements et récits contradictooires. Bref de cet anniversaire banal la presse fait un moment de bataille idéologique et on ne peut que regretter que trop peu de médias (en particulier ceux qui se disent attentifs à l’expérience cubaine) y participent ou répondent...

Et c’est sur la Jibrilla, site culturel cubain, que l’on découvrira un article d’un auteur donnant la signifiation qu’il donnne à cet évènement.

Dans l’ordre les 3 articles. Les mises en italiques sont de Rouge Midi

Le Point, Le Nouvel Observateur, L’Express....etc

Retiré du pouvoir depuis six ans, Fidel Castro, qui a dirigé Cuba d’une main de fer durant près d’un demi-siècle, célèbre lundi ses 86 ans dans la discrétion et loin des feux de l’actualité.

Signe des temps, en obtenant sa médaille d’or à Londres, la judoka cubaine Idalys Ortiz a remercié sa famille, ses amis, ses entraîneurs et « mon président Raul Castro et son frère Fidel », reléguant le « Lider Maximo » au simple rang de frère de celui qui lui a succédé en 2006 après avoir passé toute sa vie dans son ombre.

Les dernières apparitions publiques de Fidel Castro datent du printemps dernier. Il avait alors notamment rencontré le pape Benoît XVI, de passage à Cuba fin mars et s’étaient entretenu avec lui durant une trentaine de minutes des rites liturgiques de l’Eglise catholique.

Fidel Castro a également pris du recul dans ses publications. Ses longues « réflexions » -398 à ce jour- régulièrement publiées dans la presse officielle et lues in extenso dans les médias audiovisuels, se sont converties depuis quelques mois en de courts articles de quelques lignes consacrés à des sujets qui laissent parfois perplexes les plus loyaux partisans du père de la Révolution cubaine.

Des grands sujets internationaux, de l’environnement écologique mondial ou des menaces de guerre nucléaire qu’ils commentaient régulièrement, Fidel Castro est passé à promouvoir la culture de la moringa, un arbuste tropical riche en protéines, ou à vanter les mérites de la science face à la religion. La dernière de ses « réflexions » a été publiée le 19 juin.

Officiellement, rien n’est prévu pour célébrer le 86e anniversaire du « commandant en chef », celui qui a dirigé dans ses moindres détails la vie des Cubains depuis son arrivée au pouvoir en janvier 1959 jusqu’à ses graves problèmes de santé en juillet 2006.

Seules quelques organisations de jeunesse ont prévu de célébrer le 13 août l’anniversaire de... René Gonzalez, un des cinq agents des services secrets cubains emprisonnés aux Etats-Unis et considérés à Cuba comme des « héros de la lutte anti-terroriste ».

Les Cubains, qui s’affirment volontiers « fidélistes » même quand ils dénoncent les travers du régime communiste, savent que le père de la Révolution cubaine passe son temps retiré dans sa propriété de l’ouest de La Havane, écrivant ses mémoires et recevant à l’occasion quelques responsables politiques étrangers.

Ricardo Alarcon, président de l’Assemblée nationale et un des plus hauts responsables politiques cubains, affirmait en mars que Fidel Castro était « systématiquement » consulté sur les grands sujets « d’importance stratégique ».

Laissant ainsi penser aux Cubains que Fidel, même depuis sa retraite discrète, constitue toujours un frein à la volonté de réforme de son frère Raul qui n’a de cesse d’appeler à un « changement de mentalité » pour promouvoir l’« actualisation » du modèle économique cubain qu’il a lancée en 2011.

SOURCE 2012 AFP

Romandie

Cuba : Hommages à Fidel Castro pour son 86e anniversaire, totalement privé

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LA HAVANE (Cuba) - Hommages discrets et simples messages de ses amis et alliés politiques ont marqué le 86e anniversaire de l’ex-président cubain Fidel Castro, célébré lundi dans la plus stricte intimité.

Au Palais des Pionniers de La Havane, où le Lider Maximo a souvent dans le passé célébré son anniversaire avec les enfants, se préparait le traditionnel gâteau d’anniversaire, auquel Fidel Castro n’a plus goûté depuis la grave crise de santé qui l’a éloigné du pouvoir en 2006.

Les présidents de Bolivie et du Nicaragua, Evo Morales et Daniel Ortega, ainsi que le parti au pouvoir au Salvador, ont envoyé des messages à l’occasion, selon les informations diffusées par les médias officiels.

Evo Morales a loué un exemple de solidarité internationale, tandis que Daniel Ortega qualifiait le père de la Révolution cubaine d’irréductible guide humain.

Enfin, le président vénézuélien Hugo Chavez, qui s’est entretenu avec lui au téléphone, a vanté son énergie et sa lucidité.

La presse officielle cubaine a publié des messages de félicitations de Cubains et d’étrangers et des extraits de livres vantant les mérites de celui qui a dirigé Cuba durant près d’un demi-siècle avant de céder le pouvoir à son frère Raul.

L’hebdomadaire Trabajadores citait le peintre brésilien Helder Beserra, qui a présenté à La Havane une exposition rendant hommage à Fidel Castro pour son anniversaire. Plus qu’un leader politique, il incarne un moment historique quant au choix de sauver ou non l’humanité, a affirmé le peintre.

Un peu partout dans l’île, des groupes de jeunes ont préparé des hommages et des concerts, notamment dans son village natal de Biran, dans le sud-est de Cuba, à 650 km de La Havane.

Durant ses décennies au pouvoir, Fidel Castro a toujours farouchement préservé sa vie privée, au point que de nombreux Cubains ignorent encore le nom de son épouse Dalia Soto del Valle et des cinq enfants qu’ils ont eu ensemble.

Depuis 2006, el Comandante, comme le surnomment les Cubains, passe tous ses anniversaires en famille, et encore plus cette année où il n’est pas apparu en public depuis avril et n’a plus publié ses réflexions sur de grands sujets internationaux depuis la mi-juin.

La vie est ironique. L’homme qui nous fit croire qu’il était omniprésent, aujourd’hui ne se montre plus. S’est-il converti en figure virtuelle ?,  [1] ironisait pour sa part la célèbre blogueuse cubaine Yoani Sanchez.

Les 86 de Fidel

La Jibrilla

Un nouvel anniversaire de la naissance de Fidel, cette fois le 86e, nous incite à réfléchir sur l’infini capital d’idées et d’enseignements que nous offre son combat incessant durant quasiment six décennies sur le terrain de la politique.

Quand survint un très grave problème de santé, avec un haut risque pour sa survie, qui l’écarta définitivement, non seulement de ses responsabilités à la tête du Parti et du Gouvernement du pays, mais aussi de toute activité publique, il sut, avec une ténacité et une volonté inimaginables, surpasser cette épreuve terrible et continuer sa lutte, sur un autre plan, celui des idées qu’en faveur de Cuba et de l’humanité il a toujours défendu. Ainsi, dans sa Réflexion du 31 juillet 2007, il exprimait : La vie sans idées ne vaut rien. Il n’y a pas de plus grand bonheur que de lutter pour elles.

Cette volonté de fer, cette fermeté dans la défense des idées les plus justes, non seulement pour son pays mais aussi pour l’humanité, cet attachement invariable aux principes qui ont fait le fondement de son action politique tout au long de sa vie fait de Fidel un gladiateur imbattable et une figure de taille universelle. La récente Conférence des Nations Unies sur le Développement Soutenable Rio+20 est venue souligner, une fois de plus, la justesse de ses idées et son importance comme leader mondial. Beaucoup rendirent hommage, dans ce cadre, à Fidel Castro, qui figure parmi les premiers hommes d’Etat qui commencèrent à étudier et alerter à propos de la catastrophe qui se rapprochait et à promouvoir des actions qui permettaient d’arrêter et de renverser, avant qu’il ne soit trop tard, les changements climatiques accélérés qui attentent à l’existence de l’humanité.

En juin 1992, à Rio, au Sommet de la Terre, il y a 20 ans, il démontrait son dévouement et sa vision stratégique : "Une importante espèce biologique est menacée de disparaître par la rapide et progressive liquidation de ses conditions naturelles de vie : l’homme".

Grâce à cette vision stratégique de Fidel notre pays est aujourd’hui à l’avant-garde dans la lutte pour développer un plus grande conscience sur les graves dangers qui menacent l’équilibre précaire qui rend possible la vie sur notre planète. Ses plus récentes Réflexions soulignent la nécessité d’atteindre un développement soutenable en combattant la pauvreté et l’inégalité sociale ainsi que la contradiction entre l’existence du système capitaliste prédateur de l’environnement et la survie de l’humanité. Le brillant discours prononcé dans ce Sommet par Raul Castro montre la continuité, dans les conditions actuelles, de cette politique invariable de notre Révolution.

Un autre sujet que je veux souligner à cette occasion est la référence à l’importance qu’a toujours accordé Fidel au rôle de la jeunesse et à sa formation révolutionnaire. Dans son intervention précisément dans l’amphithéâtre de l’Université de la Havane, à l’occasion du 60e anniversaire de son entrée dans ce centre, le 17 novembre 2005, il se référa à cette nécessaire relève générationnelle signalant :

"Ici nous parlons d’événements de nos vies, de notre université, de notre Alma Mater, de ceux qui arrivèrent il y a quelques décennies et de ceux qui son maintenant ici, ou de ceux qui sont diplômés et qui exercent des fonctions que d’autres, avec moins d’expérience, ne pourraient pas réaliser". Et plus loin il soulignait :

"Si seulement j’avais plus de temps pour parler, mais ce moment de maintenant est un moment sans précédent, c’est une heure très distincte de toutes les autres, qui ne ressemble en rien à celle de 1945, en rien à celle de 1950 lorsque nous avons obtenu nos diplômes, mais possesseurs déjà de toutes ces idées dont j’ai parlé un jour, quand j’affirmai avec amour, avec respect, avec une profonde tendresse, que dans cette université, où j’arrivai simplement avec un esprit rebelle et quelques idées élémentaires de la justice, je devins révolutionnaire, je devins marxiste-léniniste et j’acquis les sentiments au long des années j’ai eu le privilège de n’avoir jamais été tenté, pas le moins du monde, de les abandonner une seul fois".

Ces idées de Fidel me confirment la pertinence de la nécessité de continuer le dialogue des générations dans laquelle interviennent ceux qui apportent l’expérience vécue comme participants à la vie politique de la seconde moitié du XXe siècle et ceux qui assument des responsabilités croissantes dans ces débuts du XXIe siècle et développent leur vie politique, comme une garantie de la continuité historique de la Révolution. Il s’agit, de fait, d’un échange d’expériences entre deux siècles.

Nos enfants et descendants, ceux qui vivront bien entrés dans le XXIe siècle, réclament de nous une action et une pensée fondée sur la culture d’émancipation que contient la pensée de Marti et de Fidel son orientation cardinale. Seulement les scélérats et les médiocres renoncent à ce glorieux engagement. Nous sommes obligés par mandat de l’histoire de préserver la mémoire historique de notre peuple et de transmettre ce legs aux nouvelles générations.

Ceci est mon hommage à Fidel pour son 86e anniversaire, qui porte Marti dans son esprit et dans le coeur depuis ses premières lectures de l’Apôtre, qui a été son meilleur disciple et qui a enrichi son idéal avec la connaissance et les expériences de la pratique politique dans la seconde moitié du XXe siècle et dans les débuts du XXIe. Il a étudié et interprété sa pensée avec profondeur et a dévoué cette connaissance dans le difficile art de faire de la politique en fonction des intérêts du peuple. Je me suis proposé de dédier ce qui me reste de vie à l’objectif de transmettre aux nouvelles générations les enseignements de plus de 50 années de lutte pour notre pleine et totale dignité et souveraineté. Mon unique mérite, et pour moi c’est suffisant, a été d’être à côté de la Révolution de Fidel et orienté par les enseignements de Marti.

Armando Hardt Davalos

Armando Hardt Davalos a été longtemps successivement ministre de l’éducation et de la culture de Cuba.

Traduit de l’espagnol par Gérard Jugant

Transmis par Linsay et Gérard


[1Réflexion rapportée pour faire contre poids au reste de l’article ?



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