Terrain miné pour 15 000 soldats.

mercredi 30 août 2006
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L’installation au Liban, ce n’est pas de la tarte.
Petite revue de détail de ce casse-tête.

- LE LOGEMENT.

En principe, il y a le PC de la Finul.
Mais il héberge déjà les 1 900 bonshommes qui se relaient là-bas depuis 1978.

En loger 15 000, c’est une autre paire de manches.
On devra donc acheminer d’urgence des « shelters », soit, en langage civil, des préfabriqués. Ce qui suppose la mise à disposition de porte-conteneurs. Et en grand nombre. Car, bien sûr, il en faudra pour tout le monde.

L’ONU doit compter avec la susceptibilité de chaque nation.

Il n’est pas question que certains, Français ou Italiens par exemple, soient installés « les fesses dans le mou » quand d’autres, notamment issus de pays non européens, se verraient proposer de vulgaires tentes.

La saison des pluies, vigoureuse là-bas, c’est à l’automne.
Dans un bon mois.

- LE TRANSPORT.

Pour les missions de l’ONU, les véhicules militaires sont toujours repeints en blanc.Faute de temps et de stocks suffisants, les petits blindés et autres engins du génie français sont partis en l’état.

Certains ont débarqué avec un beau « KFOR » estampillé sur la carrosserie. C’était le sigle en vigueur pour le Kosovo.
Ne pas en conclure que les militaires ont toujours une guerre de retard.

La preuve ?
Depuis quelques jours, désoeuvrés, les hommes du génie badigeonnaient leurs camions avec de gros pinceaux.

- LE DEMINAGE.

Après avoir débarqué, il faut pouvoir marcher sur le sol libanais.
Danger, et il y en a pour des années, pronostique l’état-major français : Israël a largué 130 000 bombes. Toutes n’ont pas explosé. Les sous-munitions (terme politiquement correct pour désigner les bombes à fragmentation) qu’ils ont balancées sont prêtes à péter sous le pied du premier venu.

Et, vues d’en dessous, toutes les semelles se ressemblent. Avant de prévoir autre chose, il faut donc nettoyer le terrain.

Or le démineur est un êre sensible dont les nerfs sont mis à rude épreuve.
Sauf à se faire éclater la cervelle et à ruiner le quartier qu’il était censé déminer, il doit faire une longue pause toutes les quarante-cinq minutes.

Et, si possible, dormir confortablement.

- L’ARMEMENT.

Les forces de l’ONU sont là pour maintenir la paix et rien de plus.
Chacun, du sous-off au général, emporte donc son arme pour pouvoir riposter en cas de légitime défense.

Et c’est tout.

Mais pas d’artillerie, pas de mortier, ni lance-roquettes ni lance-missiles.

- LE FINANCEMENT.

Qui va payer ?

Ca discute ferme. L’armée française refuse d’en être de sa poche, en attendant un hypothétique remboursement.
Car il va falloir aussi refaire les routes, les infrastructures.

EXEMPLES : on ressort ces jours-ci de tous les hangars de l’Hexagone les gros ponts d’acier laissés en 1944 par les Américains.
Et qui paiera le convoyage ?

Les militaires qui se plaignent de ne plus avoir de sous pour faire des manoeuvres grandeur nature, devraient être contents.

Quel chantier en perspective !

Art de B. Rossigneux dans le « Canard enchaîné ».

Transmis par Linsay



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