La lutte des Fabio d’Alès

Entretien avec Bachir Lamdar
samedi 26 août 2006
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R.M : Bachir tu fais partie des salariés de Fabio Lucci Alès qui sont en grève depuis le 1O juillet pourquoi ?

B.L : Au départ la grève est partie de l’impossibilité qu’il y avait à Fabio de faire respecter le code du travail.

-  Ainsi les heures supplémentaires ne sont ni récupérées ni payées.
-  On demande aux caissières de faire chaque matin ¼ d’heure de travail en plus gratuit « dans l’intérêt du magasin ».
-  Le travail des jours fériés est rendu obligatoire alors que la convention collective prévoit qu’il soit facultatif.
-  Il y a un emploi abusif des CDD, ainsi des salariés employés en CDD de remplacement nominatif exécutent des tâches autres que celles prévues dans le contrat initial tout simplement parce que la direction ne veut pas faire de CDI
-  En caisse le travail est si mal organisé que cela nous rend la vie impossible ainsi il n’y a ni sac client, ni monnaie, je te laisse imaginer le résultat aux heures d’affluence .
-  Pour le nettoyage du magasin on n’a ni machine ni eau chaude donc on est deux à tout faire (y compris les toilettes sans gant au mépris des règles d’hygiène) à la serpillière sans produit ou si peu...
-  Il n’y a pas de climatisation dans la réserve et donc cet été la température montait à 42° et comble de tout la climatisation du magasin est elle aussi tombée en panne, on avait moins chaud dehors que dedans ! On a craqué...

Bien sûr on aurait pu gagner en prud’hommes mais cela prend au minimum 18 mois et encore si en face ils ne font pas appel ! D’ailleurs c’est ce que la direction voulait : ils s’en foutent ils ont l’argent et donc le temps...

R.M : Et comment se passe le conflit ?

B.L. : Il y a 17 salariés au magasin et 12 sont en grève. La moyenne d’âge est de 25 ans. Depuis juillet on tient grâce à la solidarité[1]. On a fait une caravane des grévistes pour sillonner la France. Dans plusieurs magasins on a eu un accueil extraordinaire. Après avoir entendu nos explications les clients ne rentraient pas. Je me rappelle en particulier de l’accueil à Tati Montpellier, Gémo Nîmes et Alès, Fabio Avignon. Il faut noter aussi que nous avons recueilli plus de 3500 signatures de soutien .

Hier on a rejoint les Mac Do de Marseille Blancarde et avec eux on est allés entre autres à Fabio Plan de Campagne où les salarié-e-s avaient fait une grève de plus de 50 jours...Nous, nous n’en sommes qu’à 45 c’est à croire que c’est la politique de Fabio de commencer à négocier qu’à partir du 50e jour !

R.M : Il n’y a donc pas eu de négociation ?

B.L :Le 3 août il y a eu une pseudo séance de négociation en préfecture avec la DRH et le N°2 du groupe. Ils ont dit : « soit vous signez notre protocole soit on ferme le magasin ! » On peut pas appeler ça du dialogue social !

Le 10 août on a vu des camions arriver et se garer à l’arrière du magasin, on est vit entrés et on a vu des cadres qui étaient venus pour vider le magasin et répartir la marchandise dans d’autres lieux de vente. Evidemment on les en a empêchés et on s’est mis à occuper le site. Comme de bien entendu ils ont saisi le tribunal qui bien sûr par jugement rendu le 24 août leur a donné raison et nous a condamné à l’expulsion. On a fait appel car on a de sérieuse pièces dans notre dossier. Ainsi les vigiles attestent que ce sont eux qui ferment le magasin et que l’on empêche pas la vente. Ils ont aussi envoyé une lettre de licenciement pour faute lourde[2] à Sébastien considéré comme un meneur du conflit et veulent le poursuivre au pénal pour attaque à l’explosif !! En fait pour un jet de pétard dont il n’est même pas l’auteur et puis tu vois un peu la nature de l’explosif !!!

R.M : Et maintenant ?

B.L : On a installé un grand marabout sur le parking. On poursuit notre conflit de plus belle. Dès lundi on passe à l’action partout et évidemment à nos revendications on a ajouté la réintégration de Sébastien. Leur volonté de ne pas négocier c’est bon pour personne et de toute façon on ne lâchera pas.

[1] Pour participer à la solidarité adresser vos versements et témoignages de solidarité à UL CGT Alès 7 place Georges Dupuy 30100 Alès. Tel : 04 66 30 04 57 / Fax : 04 66 30 10 37

[2] La faute lourde est la faute la plus grave en droit du travail. Un salarié licencié pour faute lourde n’a droit ni au préavis, ni à sa prime de licenciement ou d’ancienneté quand elles existent, ni même à ses indemnités de congés payés. Comme le licenciement est interdit pendant une grève sauf pour faute lourde et que c’est l’employeur qui apprécie le caractère de la faute on comprend tout de suite l’usage qu’en font certains employeurs d’autant que comme le dit Bachir dans le meilleur des cas on ne peut gagner en prud’hommes qu’au bout d’un et demi de procédure.. ;

D’où la revendication déjà ancienne de la CGT du droit de recours suspensif afin que dans pareil cas un ou une salarié-e puisse saisir le conseil de prud’hommes dans les 7 jours suivant la réception de la lettre de licenciement.


En médaillon Djamila déléguée de Fabio Lucci Plan de Campagne qui avait connu plus de 50 jours de grève à l’été 2005



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