Ce cahier spécial à l’occasion de la Journée mondiale du refus de la misère est écrit « pour et par les sans-domiciles de la Boutique Solidarité de la Fondation Abbé Pierre » (rue Loubon) et adossé au numéro 100 du Ravi en kiosque depuis le début du mois d’octobre.

Cent numéros depuis le premier Ravi, publié en juillet 2003, auquel les plus optimistes souhaitaient bonne chance sans trop oser y croire. C’est que ce Ravi-là accumule les difficultés : résolument ancré dans sa région, il se veut indépendant, impertinent, se pique de faire de l’investigation et de rire de ce qui lui plaît. Autant dire qu’il a tout pour se faire des ennemis, dans le paysage médiatique que nous connaissons.

Pourtant il est encore là presque 10 ans plus tard, consacre justement une grande enquête aux « journalistes pressés comme des citrons » et écrit, sous la plume de son rédacteur en chef, Michel Gairaud : « La précarité rogne la profession. Les médias sont pressés comme des citrons. Ils subissent la contrainte des pouvoirs économiques et politiques. Ils sont aussi soumis à l’accélération permise par les nouvelles techniques. Spectateurs, auditeurs et lecteurs se laissent noyer, parfois avec volupté, dans un flot incessant d’images, de sons et de mots aussi formatés qu’insipides. Car la société du spectacle communique plus volontiers qu’elle n’informe ! »

- A qui le dis-tu, le Ravi !

Ce numéro 100 inaugure aussi une nouvelle formule, entièrement revue par une graphiste amie du journal. Plus aérée et plus colorée, elle donne davantage de place au reportage, notamment à cette jolie spécialité du Ravi qu’est le reportage dessiné. Elle comporte aussi plusieurs nouvelles rubriques, comme la « chronique de droite » signée ce mois-ci d’une admiratrice anonyme (et fictive) de Jean-Claude Bouchet, le maire de Cavaillon, qui clame « Dehors, les SDF ! »

Le Ravi, qui se qualifie lui-même de véritable « OPNI » (objet de presse non identifié) poursuit son chemin avec l’association « La Tchatche », dont les lecteurs-adhérents sont ses propriétaires, et grâce aux seuls abonnements et ventes. Il compte désormais six journalistes à plein temps (dont trois emplois aidés qu’il espère voir prolongés), collabore avec une dizaine de dessinateurs et de nombreux contributeurs.

Bravo le Ravi ! Qu’il continue à nous ravir.

Pour en savoir plus le site : http://www.leravi.org/

Danièle Jeammet