De la fiabilité des chiffres officiels.

jeudi 19 octobre 2006
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Deux articles parus récemment pointent la limite des statistiques officielles pour mesurer l’évolution du pouvoir d’achat...et tous deux mesurent sa stagnation

Le pouvoir d’achat rogné par le logement et l’énergie

Alors que le pouvoir d’achat est un des thèmes principaux de la rentrée, sa timide progression est déjà sérieusement amputée par des frais incontournables tels que le logement et l’énergie, qui rognent sur les budgets consacrés à l’habillement, l’alimentation et le loisir.

Le pouvoir d’achat n’a progressé que de 21 euros (0,9%) sur un an entre juin 2005 et juin 2006, selon le mensuel de l’Institut national de la consommation (INC), 60 millions de consommateurs.

La progression de 0,9% correspond à celle publiée par le ministère de l’Emploi le 18 août. Cependant, l’INC la calcule en intégrant l’énergie (carburants, gaz, combustibles) et les loyers, qui ne pèsent pas autant dans l’indice des prix de l’Insee.

Selon l’Insee, qui prévoit une hausse de 2,4% du pouvoir d’achat en 2006, les prix à la consommation ont augmenté de 1,9% sur un an en juillet.

« Ce qu’on constate, ce sont les limites de l’indice des prix à la consommation de l’Insee. Il serait temps de le revoir et mettre en place un indice du coût de la vie », a affirmé à l’AFP Marie-Jeanne Husset, directrice de rédaction de 60 millions de consommateurs.

« Revoir cet indice, c’est se reposer la question de savoir ce que signifie consommer. Est-ce qu’acheter un logement, c’est consommer ? Pour l’Insee, non. Est-ce qu’acheter une voiture, c’est consommer ? Non, pour l’Insee », souligne-t-elle.

« Il y a également ces nouveaux modes de consommation liés aux nouvelles technologies, à ces abonnements sur le long terme pour être connecté à internet ou à la téléphonie mobile, mais qui n’interviennent pas dans l’indice Insee », ajoute-t-elle.

Françoise Morel, chef du département prix, consommation, revenus des ménages à l’Insee, admet qu’on « ne peut pas se contenter d’un seul indicateur ». Mais elle le juge néanmoins pertinent. « Il y a des indices par catégories de ménages actualisés chaque année (...) mais les écarts sont finalement très voisins de l’indice d’ensemble », ajoute-t-elle.

Pour arriver à sa progression de 0,9%, l’INC compare le revenu brut par ménage en juin 2006 par rapport à juin 2005, et en soustrait différentes hausses de prix. Ainsi, en juin 2006, le revenu brut se montait à 2.488 euros par mois en moyenne et par ménage, soit 68 euros de plus qu’en juin 2005.

Cependant, sur ces 68 euros, l’INC établit que 47 ont été alloués à des hausses (+10 euros pour les carburants, +6 pour le gaz, +5 pour les combustibles liquides, +4 pour les loyers), ne laissant plus que 21 euros d’augmentation réelle.

« Il y a une distorsion entre les chiffres qui font entrevoir une progression du pouvoir d’achat, et le ressenti des consommateurs », estime Christian Huard, président de ConsoFrance, la plus importante fédération d’associations de consommateurs.

« Les gens se sentent plus pauvres, parce que depuis 2004, plus de 50% des recettes des ménages sont bloquées par des dépenses obligatoires (factures de loyer, énergie, impôts). Avec cela, il reste très peu pour l’habillement, l’alimentation, les loisirs », dit-il.

« On s’appauvrit. Et même si on achète des ordinateurs, au fond, la part que le ménage peut dépenser librement dans le budget devient de plus en plus réduite », renchérit Mme Husset.

Linsay avec AFP


Un autre article paru dans Marianne

Voici que l’Institut national de la statistique et des études économiques (Insee) se retrouve accusé de communiquer des chiffres au mieux insuffisants, au pis carrément faux.

Et sur des indicateurs majeurs, à savoir l’indice des prix à la consommation, les créations d’emplois et l’immigration.

Pour les prix, 60 millions de consommateurs a lancé la charge.

La polémique n’est pas neuve.

En fait, l’indice Insee serait un instrument valable pour la comptabilité nationale, mais inadapté pour mesurer le panier de la ménagère.

UN SEUL EXEMPLE :

Selon cet indice, le poids du loyer ne serait que de 6,5% du budget des ménages ! Pourtant, bon nombre de prestations y sont indexées, comme l’aide personnalisée au logement ou les pensions alimentaires !

Stéphane Lollivier, directeur général adjoint à l’Insee, fait son méa-culpa : « Notre indice des prix à la consommation ne correspond pas à la vie au quotidien,puisqu’il est fondé, réglementairement, sur un consommateur moyen, qui n’existe pas ».

Depuis plusieurs années, le Conseil national de l’information statistique (CNIS) cherche une solution.

Mais sans hâte excessive.

Il faut dire que le ministre de l’Economie, censé le présider, n’y met jamais les pieds.

Pour l’évaluation de l’emploi, c’est Jean-Louis Borloo qui a sommé l’Insee de refaire ses calculs. Les créations d’emplois, selon lui, ne refléteraient pas le succès de son plan emploi, notamment dans les entreprises de moins de 10 salariés.

Les syndicats de l’institut mettent en garde contre « la pression politique pour obtenir des statistiques favorables ».

Ils ont encore à l’esprit l’exigence de Villepin de valider les 500 000 emplois prétendument créés par le CNE, ou celle du Sénat de recenser les immigrés sans-papiers, « un travail d’auxilliaire de police ».

Mais l’Insee a lui-même donné des verges pour se faire battre lors de la publication des statistiques de l’immigration (4,9 millions d’immigrés en France en 2005), assortie d’un avertissement selon lequel le chiffre publié en 1999 était sous-évalué.

L’explicaton avancée par la Direction laisse un peu rêveur.

En 1999, lors du recensement, c’est toute la population, et pas les seuls immigrés, qui aurait été minorée.

Pour calmer les esprits, l’Insee promet de se réformer.

Un groupe de travail bosse sur les prix.

Un indice plus cohérent devrait être rapidement mis au point pour l’emploi.

Une explication complète sur l’immigration est prévue le mois prochain.

En attendant, le débat public risque de déraper, faute de repères fiables.

Art de « Hervé Nathan » dans « Marianne ».

Des éléments qui démontrent si besoin en était la nécessité de l’augmentation des salaires. Il fut un temps pas si lointain où la CGT publiait son propre indice des prix beaucoup plus conforme à la réalité...Ne serait-il pas nécessaire de le retrouver ? Quant aux chiffres de l’emploi et surtout du chômage il y ceux que l’on connaît en haut lieu et ceux que l’on rend publics. Ainsi en est il du nombre de chômeurs classés en 8 catégories et dont on ne publie que les chiffres de la 1re



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mardi 28 novembre 2006 à 02h18 - par  Serge

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