Goldman Sachs : impossible à sub-primer ?.

mercredi 7 novembre 2012
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Greg Smith, un de ses ex-employés indigné, décrit de l’intérieur la première banque d’affaires mondiale. Pas de quoi lui couper la cravate. Il a osé l’attaquer.

Après douze ans de bons et loyaux services, Greg Smith dénonce le fonctionnement « toxique et destructif » de ce mastodonte de la finance mondiale (1).
La description qu’il en donne est à peu près celle d’une secte.
Le client : un pantin !.

Pour être admis dans « la Rolls de la profession », le candidat doit subir une vingtaine d’entretiens.
Quand il conclut sa première vente, son baptême est célébré « en coupant sa cravate en deux, avant d’en suspendre le bout au plafond ».
Il peut alors revêtir l’uniforme : un costume de chez Brook Brother, une couleur choisie « dans des tons neutres, et jamais trop voyante », avec cette règle d’or :
« faire en sorte que les gens voient bien que c’est hors de prix ».

Mais pas de limite aux heures de travail, peu de vie personnelle.
Avoir brillé au base-ball ou à l’aviron accélère votre carrière.
Mais pas les virées entre mecs à Las Vegas - les gens de Goldman Sachs sont les mormons de la finance.

Hélas pour le lecteur, Greg Smith (« GS ») n’était que cadre moyennement supérieur, sans accès au sacrosaint board, le conseil de gestion qu’en Sicile on appellerait la « Coupole ».
Jamais l’auteur n’est choqué par le perpétuel conflit d’intérêts au coeur de cette banque : elle guide ses clients sur des marchés financiers qu’elle contribue à orienter.

Manipulation garantie.

Ainsi, un Greg peut conseiller à un investisseur d’acheter des valeurs qu’un Smith, dans le bureau voisin, va vendre à la baisse dans les heures qui suivent.
L’important, c’est la commission.

Conclusion de notre ex-trader :

« Goldman Sachs a perdu de vue une philosophie du long terme au profit d’un modèle du profit à tout prix ».

Et on ne lui avait rien dit !.

Quand au client, ce n’est plus qu’un muppet, c’est-à-dire un « pantin ».
Quatorze ans le nez sur l’ordinateur pour arriver là !.
Et, pourtant, cette piqûre de moustique a provoqué une tempête à New York.


Monti, Draghi deux ex-Goldman.

Goldman Sachs est sur la sellette.

L’affaire Rajat Gupta, un de ses administrateurs condamné à 2 ans de prison pour délit d’initié, fait désordre.
GS irrite par son arrogance et sa puissance, qui lui permettent de traverser les crises.
En 2008, le secrétaire au Trésor, Henry Paulson, a d’autant mieux renfloué la superbanque qu’il en était un ex-dirigeant.
Excepté quelques effets de manche, Obama n’a jamais croisé le fer avec elle.
Cela n’empêche pas le big boss actuel, Lloyd Blankfein, et ses associés, naguère pro-Obama, de changer de camp cette année et d’arroser abondamment le républicain Mitt Romnez.
Même pas la reconnaissance du portefeuille ! (2).

En Europe, les deux Mario Monti et Draghi - sont des anciens de Goldman.
Faut-il les surnommer « Marionnettes » ?.


Vice-président de la Pieuvre pour l’Europe, Draghi dirige aujourd’hui la Banque centrale européenne.

Ex-conseiller de GS, Monti dirige...l’Italie.

Draghi jure qu’il n’était au courant de rien quand sa banque a aidé la Grèce à maquiller ses comptes.
Quatre ans après les conseils de Goldman, la dette de la Grèce avait grimpé de quelques milliards.
Et la banque a empoché honoraires et commissions.
Les électeurs peuvent toujours agiter leurs bulletins...

Cette semaine, les Américains choisiront un nouveau président.

Obama ou Romney ?.

Peu de suspense, finalement, à en croire le dicton new-yorkais :

« A la fin, c’est toujours Godman qui gagne ».

Par Frédéric Pagès dans Le Canard enchaîné du 31/10/2012

Transmis par Linsay


(1). « Pourquoi j’ai quitté Goldman Sachs », JC Lattès.

(2). Lors de la dernière campagne présidentielle, l’UMP comptait parmi ses riches donateurs des dirigeants de Goldman Sachs.



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