TOTAL : illégal au Sahara Occidental !

vendredi 7 décembre 2012
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(Agence Ecofin) - La compagnie pétrolière Total aurait signé avec le Maroc un accord de prospection pétrolière au Sahara occidental sur un gigantesque bloc, Anzarane Offshore, de plus de 100 000 km2.
« Le retour de Total au Sahara Occidental occupé est une triste nouvelle pour le peuple sahraoui. En faisant cela, Total compromet directement les efforts de paix de l’ONU et sabote le droit international. Nous lançons un appel à la société pour reconsidérer immédiatement son implication », a déclaré Erik Hagen, président de Western Sahara Resource Watch.

La compagnie française Total a signé avec le royaume marocain un contrat monstre de prospection pétrolière au Sahara Occidental. La nouvelle carte publiée sur les pages Web de l’ONHYM, la compagnie nationale pétrolière marocaine, montre un bloc massif, couvrant une surface de plus de 100,000 km². Le nom du nouveau bloc est Anzarane Offshore.


Concession du Bloc pétrolier Anzarane Offshore au Sahara occidental ...

Le Sahara Occidental est un territoire non-autonome selon l’appellation onusienne, c’est à dire une colonie. Le territoire est partiellement occupé militairement par le Maroc depuis 37 ans. Plus de 160 000 réfugiés survivent depuis cette date dans le désert algérien, alors que leur territoire est riche.


Le Sahara Occidental avec à gauche le mur de séparation illégal construit par le Maroc occupant.

Lorsque Total - alors TotalFinaElf - a signé une licence pour la même superficie en 2001, le Conseil de Sécurité de l’ONU a demandé à son Bureau juridique de produire un avis sur la légalité de l’accord de l’entreprise avec le Maroc. Le bureau juridique a conclu à la violation du droit international si l’exploration ou l’exploitation étaient menées au mépris des souhaits et des intérêts du peuple du territoire.

12 février 2002

Lettre datée du 29 janvier 2002,
adressée au Président du Conseil de sécurité
par le Secrétaire général adjoint aux affaires juridiques,
Conseiller juridique

Dernier paragraphe.

25. Les principes juridiques susmentionnés, issus de la pratique des États et de l’Organisation des Nations Unies, s’appliquent aux activités économiques menées dans les territoires non autonomes, en général, et à l’exploitation des ressources minérales, en particulier. Toutefois, il est à noter qu’en l’occurrence, les contrats relatifs aux activités de reconnaissance et d’évaluation pétrolières ne prévoient pas l’exploitation ou le prélèvement physique de ressources minérales, et qu’aucun bénéfice n’a à ce jour été réalisé. Il faut donc conclure que, quoique les contrats qui font l’objet de la demande du Conseil de sécurité ne soient pas en eux-même illégaux, si des activités de prospection et d’exploitation devaient être entreprises au mépris des intérêts et de la volonté du peuple du Sahara occidental, elles contreviendraient aux principes de droit international applicables aux activités touchant aux ressources minérales des territoires non autonomes.

Le Conseiller juridique,
Secrétaire général adjoint aux affaires juridiques
(Signé) Hans Corell

Les Sahraouis, le peuple autochtone sur le territoire, n’ont toujours pas été consultés sur la question, ni leur représentant officiel, le Front Polisario. Les activités sont donc illégales.

Selon Western Sahara Resource Watch (WSRW), le contrat sur ce bloc massif de Total au large du Sahara Occidental a été signé le 6 décembre 2011. L’accord est très probablement un accord de reconnaissance - le même genre d’accord détenu par la compagnie dans la même région pour la période 2001-2004. Il se dit que l’accord est valable pour une période de 12 mois.


Christophe de Margerie PDG de TOTAL

Cela signifie que l’accord expirera dans les tous prochains jours. Total doit, en d’autres termes, choisir de laisser expirer l’accord sans renouvellement (comme cela a été fait en 2004), de prolonger le contrat, ou de le faire évoluer en un contrat d’exploration à part entière.

Les organisations signataires de cet appel demandent à toute personne ou institution en capacité d’agir de mettre immédiatement ce sujet en question avec la direction de Total. Ils doivent demander à la fois une garantie qu’aucune activité d’exploration n’aura plus lieu au Sahara Occidental occupé, et une explication sur la façon dont cela a pu se produire en premier lieu.

Le retour de Total au Sahara Occidental occupé est une triste nouvelle pour le peuple sahraoui. En faisant cela, Total compromet directement les efforts de paix de l’ONU et sabote le droit international. Nous lançons un appel à la compagnie pour qu’elle reconsidère immédiatement son implication sur ce territoire.

Les signataires feront le nécessaire pour obtenir les condamnations que mérite cette complicité dans l’oppression et la souffrance du peuple sahraoui.

Signataires : CEDETIM, APSO et son réseau, CORELSO, AFASPA, Union syndicale Solidaires, Sortir du Colonialisme, WSRW, Survie, Caritas Algérie, CNT-F, Association des Sahraouis en France, AARASD, ATTAC, Afriques en lutte, Parti de Gauche, PCF, Les Jeunes Ecologistes, Rouges-Vifs 13

L’Union Européenne est le premier marché pour les exportations du Maroc. Elle est aussi le premier investisseur extérieur du Royaume. Dans le même temps, le Maroc contribue à la sécurité d’approvisionnement de l’énergie de l’UE en tant que pays de transit pour le gaz algérien et exportateur d’électricité vers l’Espagne.
L’Union Européenne et le Maroc ont signé un accord d’association entré en vigueur en 2000, et qui vient de connaitre une extension en février 2012.
S’agissant du territoire du Maroc, l’accord est critiquable en ce qu’il encourage les exportations, alors qu’il faudrait renforcer les structures agricoles sur place, dans le cadre des grands projets onusiens d’agriculture nourricière. L’Europe investit au Maroc et cherche un retour sur investissement, et que la société réelle se débrouille…
Mais surtout, cet accord a été conclu sans réserves vis-à-vis du Sahara Occidental, avec une magnifique hypocrisie : les Etats européens ne reconnaissent pas la souveraineté du Maroc sur le Sahara Occidental,… mais lui accorde une souveraineté économique, et participent ainsi directement à la politique d’annexion. Le Front Polisario a fait connaitre son désaccord auprès de l’ONU, mais l’Union Européenne ne s’arrête pas à ça...

La peniche



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