Drame de la maternité de Port Royal : deux communiqués...

mardi 5 février 2013
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...Qui se passent de commentaires.
Successivement celui de La Coordination nationale des comités de défense des Hôpitaux et Maternités de proximité et celui de la CGT Cochin

Communiqué de la coordination nationale des comités de défense des Hôpitaux et Maternités de proximité

Une mère a perdu son enfant in utero le vendredi 1er février 2013. La maternité Cochin – Port Royal, qui dépend de l’AP-HP, dans laquelle elle s’est présentée les mardi et jeudi précédents « n’a pas été en mesure de l’accueillir comme prévu en raison d’un service débordé ».

Suite à ce drame, la ministre de la Santé a ordonné « une enquête exceptionnelle, à la fois administrative et médicale ».

La Coordination Nationale des comités de défense des hôpitaux et maternités de proximité

- s’associe à la douleur et au deuil des parents.

- craint fortement que l’enquête délivre les conclusions habituelles aboutissant à la responsabilité d’un soignant, d’un chef de service ou d’un cadre administratif subalterne chargé de l’affectation des personnels. Au traumatisme et au sentiment d’échec que ces personnels subissent aujourd’hui, conséquence des conditions de travail qui leur sont imposées, viendrait s’ajouter une accusation de culpabilité alors que les vrais responsables de cette situation ne seront pas inquiétés.

- rappelle que depuis 2009 2 600 postes de soignants ont été supprimés à l’AP-HP,

- souligne que les autorités sanitaires imposent depuis deux décennies une logique d’hôpital-entreprise entraînant de nombreuses fermetures de maternités de proximité de niveau 1 sans renforcer à due concurrence le nombre de lits et les moyens de celles qui subsistent. Celles-ci sont de fait transformées en usines à bébés où l’accompagnement de la femme pendant la grossesse et l’accouchement ne peuvent plus être assurés.

- dénonce les déserts sanitaires là où les maternités ont disparu, et là où elles subsistent, le manque de personnels et de lits, la dégradation des conditions de travail des soignants, l’augmentation des temps d’accès aux soins, l’allongement des temps d’attente et les reports de prise en charge pour les patientes.

- déplore l’incitation des parturientes à recourir à des maternités de niveau 3 qui, engorgées par les grossesses ne présentant pas de problème particulier, ne sont plus en mesure d’assurer de façon optimale la prise en charge des grossesses à risques, ce qui est pourtant leur mission première. Un récent rapport de la Cour des Comptes démontre que la politique qui est suivie dans ce domaine est contreproductive sur le plan financier et dans le même temps les statistiques médicales montrent qu’elle engendre un recul en matière de sécurité sanitaire. La France, classée 7e en 1999 pour la mortalité infantile, est aujourd’hui 20e et les inégalités territoriales se sont accrues.

- exige qu’il soit mis fin à l’œuvre destructrice orchestrée par les Agences Régionales de Santé, hors de tout contrôle démocratique. Après Lannemezan, Decize, Valréas malgré les décisions de justice, Marie Galante malgré l’exception géographique, Cochin et Saint-Antoine et bien d’autres on est passé de 1700 maternités à 550. D’autres sont menacées comme Vire et en région Ile-de-France 11 fermetures supplémentaires sont envisagées…

Combien de drames faudra-t-il encore pour que les orientations de la politique de santé soient revues, en concertation avec les élus locaux, les professionnels de santé et les usagers ?

Le CA de la Coordination Nationale des comités de défense des hôpitaux et maternités de proximité

***

Le communiqué de presse de la CGT Cochin

Un drame touchant notre établissement, la maternité de Port Royal, vient de défrayer la chronique.

Par manque de place dans la maternité de Port Royal, une maman n’a pas pu être hospitalisée, elle a dû rentrer chez elle, où peu à peu elle s’est aperçue que l’enfant qu’elle portait ne bougeait plus. Revenue en urgence, son enfant avait cessé de vivre.

Deux enquêtes, une interne et une judiciaire, sont en cours.

La CGT COCHIN était la seule organisation syndicale présente sur le site ce week-end. A la demande hier du Secrétaire du CHSCT, Bernard Giusti, un CHSCT Extraordinaire se tiendra demain matin à 9H. La CGT COCHIN souhaite que des réponses précises et des éléments objectifs soient communiqués à cette occasion.

La CGT COCHIN et l’ensemble du personnel de l’hôpital COCHIN compatissent à la douleur de la famille…

La CGT COCHIN est révoltée par cet énième incident, aujourd’hui malheureusement dramatique. Elle a dénoncé à plusieurs reprises les sous-effectifs chroniques et les risques qu’ils engendrent pour la sécurité des patients et des personnels, et pour la qualité des soins.

Cette maman a été renvoyée chez elle alors que toute une aile d’hospitalisation en maternité (19 lits) est fermée depuis plusieurs mois dans ce bâtiment ultra moderne qui vient d’ouvrir !

Les raisons de cette hospitalisation refusée ?

- Les économies de personnel médical et paramédical qui conduisent à des sous-effectifs de plus en plus criants dans tous les services de l’hôpital Cochin.

-  La diminution de l’offre de soin consécutive aux plans de restructuration sur l’ensemble de l’hôpital.

- La logique comptable qui s’applique à tous les hôpitaux de France, une logique comptable qui supplante les logiques médicales et humaines.

Elle conduit à la diminution de l’offre de soin par mesure d’économie plutôt que de répondre à la demande réelle en besoin de santé de la population.

Cette logique comptable ne tient pas compte de la spécificité de cette maternité (réunion de la maternité Port Royal et de celle de l’hôpital Saint Vincent de Paul qui a fermé). Cette maternité doit permettre notamment à des mamans devant faire face à des "grossesses difficiles" de pouvoir accoucher en sécurité.

Suivant aveuglément les directives ministérielles, la direction financière de l’APHP ne tient aucun compte de la spécificité du contexte hospitalier. Pour la maternité de Port-Royal, la conséquence est une offre de soin insuffisante qui ne répond plus aux besoins des parturientes.

Pour la CGT COCHIN, la rentabilité à tout prix conduit directement à des drames : supprimer du personnel, c’est supprimer les personnes qui doivent assurer la sécurité des patients et la qualité des soins. D’autre part, quelle signification peut avoir la création de 19 lits d’hospitalisation, qu’on garde ensuite fermés pour raison d’économie alors qu’on refuse des urgences par manque de lits ?

Cette quête de la rentabilité au nom du libéralisme économique se fait aux dépens des patients et des conditions de travail du personnel ! Elle est logiquement génératrice d’erreurs humaines, le personnel devant sans cesse travailler dans l’urgence et en surcharge de travail.

La CGT COCHIN exige l’arrêt des restructurations et l’embauche de personnel pour assurer avec efficacité et humanité la mission de service publique de l’hôpital COCHIN.

La CGT COCHIN demande au gouvernement de mettre un terme à la réduction systématique des personnels dans les établissements de santé publique.

Marise Dantin – Secrétaire Générale CGT Cochin

Bernard Giusti – Secrétaire Général Adjoint CGT Cochin, Secrétaire du CHSCT

Cochin le 4 février 2013



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