...Z...

mercredi 6 mars 2013
par  Charles Hoareau
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« A ceux qui me souhaitent la mort, je leur souhaite une très longue vie pour qu’ils continuent à voir la Révolution Bolivarienne avancer de bataille en bataille, de victoire en victoire. » Hugo Chavez (14 Décembre 2012)

Bien sûr, et nous le chantons souvent, nous n’avons pas de sauveur suprême pour nous guider sur les chemins de nos combats.
Bien sûr nous n’avons pas de modèle et nous avons appris, parfois au prix de désillusions pour certains d’entre nous, qu’il n’y a pas de pays phare, ni de prototype de gouvernement à reproduire.
Bien sûr parmi nous d’aucuns pouvaient avoir pour l’homme des réserves dans certains de ses choix ou de ses propos.
Bien sûr nous savons cela…

Mais depuis hier soir le monde de celles et ceux qui savent qu’il n’y aura pas d’avenir meilleur possible tant que l’on n’aura pas vaincu le pouvoir du capitalisme, de ses multinationales et de ses guerres, celles et ceux qui espèrent en des lendemains qui chantent, mais aussi qui désespèrent parfois de voir l’état de la société qui les entoure, tous les reculs et défaites qui semblent s’accumuler devant l’avancée inexorable du rouleau compresseur du capital, toutes celles et ceux-là donc sont depuis hier soir dans la peine en pensant à cet homme qui était devenu celui qui incarnait la marche de tout un continent vers un socialisme encore tâtonnant, balbutiant, porteur de doutes sans doute, mais tellement prometteur pour le monde tout entier. Il était devenu le symbole de la résistance aux forces de l’argent et de la domination. Il y était parvenu, non pas à l’issue de 14 ans de pouvoir « sans partage » comme disent les médias aux ordres (et il nous vient en mémoire cette phrase de Hugo qui leur va si bien « Laissez les chiens de l’empire aboyer, c’est leur travail. Le nôtre c’est de se battre pour achever la véritable libération de notre peuple »), mais il l’était devenu tout au long de 14 années qui avaient commencé par une réforme de la constitution afin de donner le pouvoir au peuple, qui avaient continué par un coup d’état contre lui, coup d’état que le peuple avait déjoué par une extraordinaire mobilisation que des caméras indépendantes ont filmé [1] et s’étaient poursuivies par des actes de plus en plus forts contre la domination des forces de l’argent et la restitution des richesses au peuple : nationalisations, missions contre la pauvreté…

Chavez avait ce don de nous mettre de bonne humeur des heures durant quand on découvrait ce qu’avaient fait ou dit lui-même ou l’un de ses partisans comme, pour ne prendre qu’un seul exemple sur ce site qui en regorge (341 articles qui parlent du Venezuela !), ce matin d’août 2006 ou une seule brève enchantait la journée et nous faisait dire à notre entourage : « Tu vois que c’est possible ! »

On a beaucoup moqué l’expression le petit père des peuples, mais ne peut-on pas dire que pour son pays et au-delà, Chavez était le père du petit peuple ? Celui-là même que les images montrent aujourd’hui scandant le poing serré et les larmes aux yeux le célèbre : « El pueblo unido jamas sera vencido » ?

Comment ne pas être ému par ces chômeurs, ces ouvriers, ces ouvrières, ces habitants des quartiers pauvres, ceux-là même qui ici, dégoûtés par les reniements de ceux qui se succèdent au pouvoir, s’abstiennent en masse et rejettent la chose politique, là-bas sont en pleurs et préviennent déjà qu’on ne leur volera pas leur révolution, que Chavez restera vivant dans leur cœur ?

Cuba résistait et résiste encore. L’île apparaissait isolée depuis 1989, l’année de la chute du mur de Berlin et déjà les chantres du capitalisme annonçaient la fin de l’histoire. A l’ONU, le sommet du millénaire annonçait une réorganisation du monde à la mesure des ambitions du capitalisme mondial. Le droit d’ingérence allait permettre de faire respecter, par les armes s’il le fallait, partout l’ordre voulu par l’empire.
Hélas pour eux et heureusement pour les peuples de la terre, Chavez et le peuple des barrios ont été parmi les premiers à sabrer leurs illusions. Mettant leurs pas dans la révolution cubaine ils ont donné un nouveau souffle et fait grandir l’idée qu’il est temps d’inventer le socialisme du 21e siècle.

En alliant courage, lucidité et truculence il conjuguait souveraineté nationale et internationalisme, solidarité des pays du sud (comme le montre sa dernière lettre aux peuples d’Afrique) et fraternité avec les exploités des pays du Nord, émancipation des hommes et lutte contre la colonisation, soutien à la Palestine et refus de l’impéralisme, appropriation sociale et pouvoir au peuple.

Ce sont bien ces idées-là qui sont vivantes dans l’esprit de celles et ceux qui de par le monde proclament depuis hier que Chavez est vivant.

Costa Gavras étaient devenu célèbre avec le film Z, lettre qui en grec veut dire il est vivant , film parlant de ce démocrate assassiné par les fascistes grecs.

Depuis hier soir la lettre Z, celle qui finit le mot Chavez, a pris un sens grec.

Retenons nos larmes, Z, nous sommes tous venezueliens.

Hasta la vistoria sempre !


[1Coup d’État contre Chavez (Chavez : Inside the Coup ou The Revolution Will Not Be Televised), réalisé par Kim Bartley et Donnacha O’Briain



Commentaires

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samedi 9 mars 2013 à 16h14 - par  thierry
mercredi 6 mars 2013 à 22h40
Site web : Samir Amin
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mercredi 6 mars 2013 à 14h48 - par  Alain Chancogne dit« A.C »

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