La Suède en question (1/2) : Les émeutes de Husby, un échec de l’intégration

samedi 25 mai 2013
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Les révoltes qui ont éclaté dans la banlieue de Stockholm montrent que l’intégration des nombreux immigrés qui y habitent ne s’est pas faite. En cause, le manque de volonté du gouvernement d’agir sur le front de l’éducation et de l’emploi.

Les jets de pierres et les incendies de voitures de Husby [dans la banlieue nord de Stockholm] pointent le fiasco d’une politique. Il a fallu longtemps pour arriver à cette situation. Il faudra longtemps pour redresser la barre.

Husby ressemble aux nombreuses autres banlieues à problèmes de l’agglomération stockholmoise. Elles ont en commun une forte population d’origine immigrée, un nombre élevé de bénéficiaires de l’aide de l’Etat, de nombreux jeunes en échec scolaire, et un taux de chômage très élevé.

D’après les chiffres de l’agence suédoise pour l’emploi, 20% des jeunes de Husby n’avaient aucune activité en 2010. Un jeune de 16 à 19 ans sur cinq était sans travail ou non scolarisé. Sur le papier, ils ne faisaient rien.

Mais l’homme est ainsi fait qu’il se crée des occupations, et ces jeunes – des garçons pour la plupart – ont trouvé de nouvelles activités auxquelles s’adonner. Par exemple, se poster sur les ponts et caillasser les voitures de police, ou incendier la voiture du voisin. Ils ne se disent certainement pas qu’il vaut mieux faire du grabuge et casser plutôt que de ne rien faire, mais c’est néanmoins ce qu’ils font, et c’est là le problème.

Des quatre jeunes qui ont été interpellés jusqu’à présent [le 22 mai] à la suite des émeutes de Husby, le plus âgé a 18 ans. Tous, à l’exception d’un, ont déjà fait l’objet d’une condamnation. Même le jeune de 15 ans, qui est pourtant pénalement responsable de ses actes depuis peu [l’âge de la responsabilité pénale est fixé à 15 ans en Suède].

Peu de chances de revenir sur le droit chemin

Nul besoin d’avoir fait Polytechnique pour comprendre que nous sommes ici en présence d’un fiasco politique retentissant.

Le problème vient de la ghettoïsation. Des 12 000 habitants de Husby, un peu plus de 60% sont nés à l’étranger. Si l’on y ajoute ceux qui sont nés en Suède mais dont les deux parents sont nés à l’étranger, cette proportion s’élève à 85%.

Le problème vient aussi de l’école. Le 21 mai, le Premier ministre, Fredrik Reinfeldt, a évoqué le déblocage de nouvelles ressources pour l’Education nationale. C’est une bonne nouvelle, mais peut-être cela aurait-il dû être fait il y a belle lurette. Quand un lycéen sur cinq ne va pas à l’école, c’est que l’enseignement local a failli.

Le problème vient également de l’emploi. L’emploi, qui est le premier vecteur d’intégration. C’est là que l’on perfectionne sa maîtrise de la langue, que l’on tisse un réseau, que l’on gagne de l’argent.

Les banlieues accueillant beaucoup d’immigrés exigent tout simplement une attention colossale, que les décideurs politiques ne leur ont pas accordée.

Ce défaut de gestion ne date pas d’aujourd’hui, hélas, et l’on a curieusement fermé les yeux sur le problème. Longtemps, on n’a même pas eu le droit de dire qu’un quartier qui ne dénombrait pas moins de 114 nationalités exigeait plus de ressources et plus d’attention que des quartiers qui en accueillent nettement moins. Au lieu de quoi, les banlieues à forte densité d’immigrés étaient présentées comme des destinations exotiques où l’on pouvait acheter des légumes à bon prix.

Le problème ne se règlera pas du jour au lendemain. Il faudra injecter des ressources considérables dans l’éducation, dès la maternelle.

Quand on commence à déraper dès l’adolescence, comme ce fut le cas des jeunes qui ont été interpellés, les chances de revenir sur le droit chemin sont minces. Quand on a des parents, et des parents d’amis, qui sont sans emploi, il peut sembler parfaitement naturel de ne pas travailler. Quand l’école nous fait l’effet d’un pays étranger, il est aisé de se déscolariser.

A Husby, le taux d’activité tourne autour de 40% contre 65% dans le reste du pays. C’est dans ce premier chiffre que réside le mal – ou plutôt le pire de tous les maux.

Par Lena Mellin source Aftonbladet Stockholm le 23/05/2013
Traduction : Jean-Baptiste Bor

Transmis par Linsay



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