Roger mort pour rien ?

mercredi 20 septembre 2006
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On en a peu parlé ou alors rapidement à la chronique fait divers, mais ce qui se passe dans le 13e arrondissement de Paris dépasse largement ce cadre et relève du fait de société.

Ci après des extraits du texte de l’hommage à Roger lu au monument aux morts des ateliers de Paris Masséna,
le mercredi 13 septembre 2006,
par Dominique LAUNAY, Secrétaire Général du Secteur Fédéral.

Nous voilà réunis ce matin pour saluer une dernière fois notre Camarade Roger SOUCHON. La rapidité et la brutalité de son décès, le 30 août, nous ont tous surpris, d’autant plus qu’un certain flou régnait sur les causes réelles de son décès.

Et si aujourd’hui, nous sommes là pour nous recueillir, il va sans dire qu’avec les dernières informations que nous avons réussi à obtenir hier soir, la tristesse se trouve amplifiée par la colère. Roger était bien connu des Cheminots de Masséna et au-delà, particulièrement de ceux de l’atelier. Il était entré à la SNCF en janvier 1974. Dès son embauche, il prenait sa carte à la CGT, considérant qu’organisés, on était plus forts pour combattre l’exploitation capitaliste et pour gagner sur les revendications. C’était aussi le sens de son engagement communiste prolongeant ainsi son combat, politiquement, pendant de nombreuses années au Parti Communiste Français et dans la dernière période au sein de l’association Rouge Vif.

Mais pendant toutes ces années de mobilisations et de luttes (car Roger était de toutes), il était certainement loin de penser qu’à 52 ans, il serait victime de cette logique du Capital. Car Roger est la première victime d’une épidémie de légionellose qui sévit depuis plusieurs semaines sur le 13e arrondissement, particulièrement sur la zone Austerlitz-Tolbiac-Masséna, sachant qu’hier soir, on apprenait que de nouveaux cas avaient été déclarés, dont un mortel.

Mais il faut dire qu’il règne une véritable « omerta » autour de cette épidémie qui nous fait poser de sérieuses questions sur la gravité et l’ampleur réelle de la situation. Il a fallu quand même attendre le 6 septembre en soirée pour apprendre par les médias, qu’une épidémie de légionellose existe à Paris dans notre quartier avec 15 cas détectés dont un mortel, c’est notre Camarade Roger.

Aucune information concrète ne nous a été transmise, tant par les Pouvoirs Publics que par la Direction SNCF. C’est pourquoi, dès le 7 septembre, la CGT avec ses mandatés CHSCT a demandé la tenue de CHSCT exceptionnels afin d’avoir des éléments sur cette épidémie et sur la situation réelle. Lors de ces CHSCT, on a constaté l’embarras des Directions, réticentes à donner des informations. C’est ainsi qu’on a appris qu’une tour aéro réfrigérante de la gare d’Austerlitz était contaminée le 27 juillet 2006. Mais, le plus grave, nous ne l’avons appris qu’hier soir.

Les derniers résultats sont catastrophiques et auraient nécessité un arrêt des tours de la gare d’Austerlitz dès le 30 août 2006. Or non seulement les tours n’ont pas été stoppées, mais le 31 août, elles ont été traitées au chlore, ce qui a eu pour effet d’aggraver encore la situation. En fait, elles n’ont été arrêtées que le 7 septembre, ce qui fait que nous sommes toujours en période d’incubation.

Ce qui est sûr, c’est qu’une fois encore ce sont les salariés et c’est le cas pour Roger, qui paient le prix fort de cette politique capitaliste où ne compte que le fric, cette politique du moins disant, toujours à la recherche du moindre coût !

Il faut en arriver à la mort pour qu’enfin on se décide à prendre des mesures d’urgence. Une fois de plus, la logique du Capital se fait au détriment de la prévention et de la santé des salariés qu’il exploite. Ce sont ces mêmes logiques qui animent la Direction SNCF, avec toujours plus de productivité, avec des moyens humains et matériels de plus en plus insuffisants et cela au détriment des conditions de vie et de travail des agents, au détriment des textes réglementaires qui sont régulièrement bafoués.

La santé d’un salarié ne pèse pas lourd dans leur logique capitaliste, et le manque de transparence, l’opacité qui entoure ce dossier en sont la démonstration. Et les dirigeants SNCF qui par leur silence tentent de minimiser l’affaire se rendent complices de ce patronat voyou, véritables assassins qui s’ignorent comme on l’a connu pour l’amiante par exemple, dossier que l’on connaît bien au matériel.
(...)

Ca suffit !!!
(...)

Salut Roger.



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