Les gros clients d’EDF héritent d’édredons en or.

dimanche 24 septembre 2006
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Quand le grand patronat redécouvre les vertus du service public...

Votée par la gauche et par la droite en l’an 2000, l’ouverture à la concurrence du marché électrique pour les grosses entreprises réserve aujourd’hui une drôle de surprise.

Les industriels qui avaient réclamé cette réforme au nom de la liberté du commerce et qui en ont largement profité exigent désormais le retour à des prix fixés par la loi.

Et Matignon vient de leur donner satisfaction lors de la discussion du projet de loi sur l’énergie et l’avenir du Gaz en France.

Il y a six ans, les tarifs fixés par Bercy et appliqués par EDF à ses gros clients tournaient autour de 30 à 35 euros du mégawattheure.

Les autres producteurs européens d’électricité affichaient alors des prix 30 à 40% moins élevés.

Aussi, quand le marché s’est partiellement ouvert à la concurrence, ce fut la ruée : sur le millier de sociétés concernées (hypermarchés, banques, assurances, ect.),650 abandonnèrent - et ce devait être définitif, comme l’exigeaient les textes - le confort du tarif réglementé pour se livrer aux délices du marchandage avec les distributeurs privés et EDF.

Mais, depuis la fin 2003, c’est une tout autre chanson : les prix du marché libre ont flambé.

Ils atteignent désormais les 60 euros du mégawattheure alors que les tarifs officiels n’ont pratiquement pas bougé. Du coup, les libéraux d’hier appellent l’Etat au secours.

Un peu comme un boursicoteur qui demanderait à Bercy de lui rembourser l’argent qu’il a retiré de la Caisse d’épargne pour spéculer sur le CAC 40...

RETOUR AU BERCAIL.


Le plus drôle, c’est que la plupart des députés ont avalé la couleuvre.

Mardi 19 septembre, l’Assemblée a fini par créer une étrange usine à gaz : les sociétés qui ont pris le vent libéral vont retrouver la quiétude des tarifs administrés, moyennant une légère pénalité.

Ce texte, surnommé « amendement vaseline » par un député UDF facétieux, devrait coûter 400 à 500 millions d’euros par an.

Et c’est EDF qui paiera l’addition.

A la fin de l’année 2005, le gouvernement avait fait un autre beau cadeau à quelques très gros consommateurs, surnommés les « électro-intensifs » dans le jargon de Bercy.

Il s’agit des entreprises qui utilisaient des quantités phénoménales d’énergie pour faire tourner leurs usines d’aluminium ou de produits chimiques.

Un dispositif dérogatoire adopté en décembre 2005 leur a donné le droit de se constituer en cartel pour forcer EDF (et les rares producteurs privés d’électricité comme Suez) à leur octroyer des prix quasi identiques aux anciens tarifs réglementés.

Faute d’obtenir satisfaction, les patrons avaient menacé de délocaliser leurs usines et de supprimer des dizaines de milliers d’emplois en France...

D’autres petits malins ont essayé de pousser le bouchon encore plus loin.

Ainsi Charles Beigbeder, le patron de Poweo (un distributeur de courant qui ne produit pas un seul kilowatt, a réclamé qu’EDF soit obligée de vendre à prix coûtant 20% de sa production nucléaire à ses concurrents.

Cette riche idée a été aussitôt reprise par quelques députés UMP.

Mais elle a fait bondir les syndicats, les associations de petits actionnaires et surtout le président d’EDF, Pierre Gadonneix, qui a dénoncé un projet de « spoliation de l’entreprise » (« Le Figaro », 14/9).

Du coup, Matignon a préféré en rester là.

A la veille de la présidentielle, les députés sont priés de ne pas mettre les doigts dans la prise...

Source « Le Canard enchaîné ».

Transmis par Linsay.



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