Un jeune homme très primaires.

vendredi 22 septembre 2006
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A 27 ans, le président du Mouvement des jeunes socialistes a les dents acérées à se rayer la langue de bois.

Un peu jeune pour une légende.

Razzye Hammadi préside, à 27 ans, le Mouvement des jeunes socialistes (MJS) depuis décembre 2005.
Même ses plus farouches opposants internes - et ils sont presque aussi nombreux que les 6 000 militants revendiqués par « l’orga » - en conviennent :
« Razzye est le meilleur président que nous ayons eu. »

Parce que le jeune homme a réussi à « donner une visibilité » aux jeunes socialistes.
D’abord dans la rue, en réussissant à faire défiler quelques jeunes socialos contre le CPE de Villepin.

Ensuite en participant activement à la désignation du candidat du PS à la présidentielle.

Hammadi a organisé fin août à la Rochelle, le premier grand rendez-vous de ces primaires.
On le voit sur toutes les photos à côté de ces messieurs-dames.

Du coup, Hammadi s’est cru faiseur de roi.

Enfin, de président.

Forcément cela monte à la tête.

Voilà l’étudiant, spécialisé dans « l’harmonisation des systèmes de protection sociale », de père (décédé) tunisien et de mère marocaine, invité sur les plateaux de télé, dans les émissions de radio.

Il est capable de dire tout et n’importe quoi avec l’aplomb d’un vieux briscard.
Un peu comme les commentateurs permanents et patentés.

Visiblement, il aime ça.

Diplômé parfois de la langue de bois, le Toulonnais est impayable lorsqu’on lui demande son choix personnel parmi les prétendants au trône socialiste.

Généralemement, il part dans de longues circonlocutions sur la vie du parti, ses grands hommes,son histoire, « l’impérieuse nécessité » de désigner un candidat « à la hauteur », une pelletée de méchancetés sur Sarkozy, une brouette de vérités premières malveillantes sur Le Pen, et, finalement, une consigne donnée à ses amis de...« Liberté de vote » pour le 16 novembre.

Razzye a vite appris.

Normal : le MJS est une bonne école de la jungle pour éléphanteaux.

Longtemps sous la coupe des ex-trotskistes (Dray, Cambadélis), il revendique aujourd’hui son « autonomie » par rapport au PS.

En fait, il est sous la férule d’un sous-courant du PS, baptisé Nouvelle Gauche et dirigé par un ex-président du MJS, Benoît Hamon.
Député européen, ce dernier a été tour à tour proche de Martine Aubry, d’Arnaud Montebourg (avec qui il a confondé le Nouveau Parti socialiste) puis d’Henri Emmanuelli.

Dans la minorité du MJS cohabitent les jeunes amis de Strauss-Kahn, ceux de Dray-Royal et quelques autres...Tous prêts à faire la peau aux ennemis d’un jour qui seront les alliés du lendemain.

Comme la plupart de ses petits camarades du MJS, Hammadi a voté « non » et fait voter « non » au référendum sur la Constitution européenne.

Logiquement dans le secret de l’isoloir, il devrait donner son suffrage à Laurent Fabius.

Les amis de l’ex-plus jeune Premier ministre l’en remercient par avance : « Il est bien, Razzye. »

Mais c’est qu’il « aime aussi bien » Jospin.

Franchement être à côté de Lionel lorsqu’il a pleuré, ça m’a fait quelque chose...« Les amis de l’ex-Premier ministre lui en sont reconnaissants : »Il est bien, Razzye.« Quand à Dominique Strauss-Kahn, »il est vraiment brillant, supra-intelligent. Il peut casser la baraque".

Les proches de DSK, pourtant « minos » au MJS, en sont babas : « Il est bien Razzye. »

Reste Ségolène Royal.
Et, pour Hammadi, « ça le fait pas » !

Sur le fond, les jeunes socialos reprochent à l’ex- ministre déléguée à l’Enseignement scolaire de vouloir « militariser » l’éducation en proposant la création de « centres d’encadrement à dimension militaire » pour jeunes délinquants.

Ils ne veulent pas non plus entendre parler de « mise sous tutelle provisoire des allocations familiales » dans les foyers dits « à problème ».

Au cas où on n’aurait pas compris : les militants de MJS sont de gauche.
C’est ce qu’a tenté de faire savoir, le 10 septembre, la jeune Nolwenn de Quimperlé avant de se faire rabrouer par maman Ségolène.

Sur la forme, Hammadi ne supporte pas d’avoir été trimbalé tout l’été par la présidente de Poitou-Charentes pour son happening de la Rochelle.

Viendra, viendra pas ; viendra mais à certaines conditions : viendra pas mais enverra un message : il a eu droit à toutes les formules.

Finalement, Ségolène n’est pas venue.
Pour éviter un traquenard, semble-t-il.

Ne pas se faire avoir par « l’école du vice », selon la formule empruntée à Mitterand par le porte-flingue de la candidate, Patrick Mennuci.

D’après Hammadi, tout n’est tout de même pas à jeter chez Royal. Ce qu’il préfère chez elle, c’est...François Hollande.
Il le lui a dit cet été, dans une de ses rencontres obscures de la Rue de Solférino.

Les deux dirigeants n’étaient pas tout seuls dans le bureau du premier secrétaire.
Il y avait là Benoît Hamon, venu dire à Hollande : « Tu es notre candidat ».

Sous-entendu : « Et pas elle ! »

Hamon a vraiment repéré, formé puis « fait monter » Razzye Hammadi.Comme il en avait fabriqué quelques autres auparavant.

Le nom, la gouaille, les pantalons baggy et la casquette du Toulonnais l’ont séduit.

Il fallait faire moins Sciences-Po.

Depuis, le jeune homme « s’est normalisé, s’est bureaucratisé », regrettent certains.

D’autres lui reprochent d« être monté trop vite, trop haut », d’être « trop attiré par la lumière ».

Et même « mytho », s’inventant des rendez-vous, se trouvant des excuses pour en rater d’autres.

Le prix de la légende.

Source « Le Canard enchaîné » transmis par : Linsay.



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