Georges Ibrahim Abdallah, 30 ans dans les prisons françaises. Une manifestation nationale et un appel d’élus

samedi 26 octobre 2013
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Sous l’impulsion de Soraya Chekkat, le collectif PACA « libérons George Ibrahim Abdallah » multiplie depuis de nombreux mois les initiatives pour obtenir la libération d’un des plus vieux prisonniers politiques du monde, enfermé depuis 30 ans et auquel Rouge Midi a déjà consacré plusieurs articles.

Ce samedi 26 octobre a lieu une manifestation nationale devant la prison de Lannemezan où George est enfermé. Une occasion de publier un extrait d’un texte du collectif et d’un appel d’élus publié par le Diplo.

Georges Ibrahim Abdallah. Résistant. Prisonnier politique en France

Il est des records dont on se passerait bien, surtout en France, pays se revendiquant héritier de la révolution et aspirant à diffuser sa « lumineuse » conception des droits de l’homme.

Ce record quel est –il ? : Détenir le plus ancien prisonnier politique du pays et l’un des plus vieux d’Europe, à savoir Georges Abdallah, militant communiste arabe, anti-impérialiste et anti-capitaliste. Alors que la justice française par deux fois a prononcé sa libération, le gouvernement, au mépris des principes constitutionnels assurant l’indépendance de la justice, garde Georges enfermé au nom de viles tractations politiciennes.
Qui donne les ordres ?
Les Etats-Unis d’Amérique et Israël .Dans cette affaire ils sont seuls aux commandes faisant de la prison de Lannemezan,non loin de Toulouse, une annexe des prisons étasuniennes.
Cela fait 30 ans que ça dure…30 ans d’enfermement, 30 ans de résistance.

(...) Le 14 mars 1978, l’armée sioniste envahi le Liban pour y détruire les bases des organisations palestiniennes au sud. L’armée sioniste tue 1186 civils libanais, provoque le départ de 285.000 réfugiés, endommage 82 villages et rase complètement six d’entre eux.
Georges Abdallah combat dans les rangs du FPLP cette invasion et sera blessé à cette occasion.
(...)Le bilan final de l’opération ’Paix pour la Galilée’ est éloquent : 25.000 morts, 45.000 blessés, Beyrouth dévastée par des semaines de siège et de bombardements.
Les 16 et 17 septembre, c’est le massacre de Sabra et Chatila. L’armée israélienne, qui a encerclé ces deux camps de réfugiés palestiniens de Beyrouth Ouest sans défense, laisse entrer les tueurs des milices fascistes chrétiennes et observent le massacre. Entre 1000 et 5000 civils désarmés sont froidement assassinés. Cette invasion fut perpétrée avec la complicité générale des puissances occidentales.
En réaction, des combattants libanais et arabes allèrent porter la guerre contre le sionisme et l’impérialisme dans le monde. Ce fut le cas des Fraction Armées Révolutionnaires Libanaises (FARL) qui entrèrent en action en Europe. (Exécution de Yakov Barsim Antov, le secrétaire en second à l’ambassade israélienne en France et, surtout, responsable du Mossad en France (abattu par une jeune femme le 3 avril 1982)

(...)Les autorités françaises arrêtèrent Georges Ibrahim Abdallah le 24 octobre 1984 [1], après qu’un groupe du Mossad et quelques-uns de ses agents libanais l’eurent suivi à Lyon. L’incarcération n’était motivée que par la détention de vrais faux papiers d’identité : un passeport délivré légalement par les autorités algériennes. Les autorités françaises avaient promis au gouvernement algérien la mise en liberté de Georges Ibrahim Abdallah. Dans ce but, elles avaient envoyé le chef du département des services secrets français en Algérie pour en informer le gouvernement algérien. Dans le journal mémoire qu’il a fait éditer, Jacques Attali, le conseiller du président français François Mitterrand, écrivait : « Jeudi 28 mars 1985. Yves Bonnet, patron de la DST, envoyé à Alger, explique qu’Abdallah, arrêté à Lyon, sera libéré pendant l’été en raison des faibles charges qui pèsent contre lui. » Mais les autorités françaises ne respectèrent pas cet engagement.

(...)Le premier mars 1987, les autorités françaises jugèrent une deuxième fois Georges Ibrahim Abdallah
Il fut accusé de conspiration dans des actes terroristes (d’avoir fondé les Fractions Armées Révolutionnaires Libanaises et d’en avoir planifié les opérations). Un verdict de condamnation à perpétuité fut prononcé. Pour ce procès, les autorités françaises avaient constitué un tribunal spécial antiterroriste pouvant prononcer ses verdicts sur base des données fournies par les services secrets, sans avoir recours aux preuves juridiques ou aux témoins, contrairement aux codes de procédure. Absolument personne ne s’était présenté en témoignage de l’implication de Georges Abdallah dans tout ce qu’on lui attribuait comme charges. Un coupable sans preuve. La condamnation à perpétuité de Georges Abdallah et l’accusation lancée contre ses frères servirent à désinformer le peuple français sous le choc des attentats massacres des groupes iraniens, à satisfaire les Américains et les sionistes, et à faire apparaître la France comme un pays pouvant combattre le terrorisme.

Vous l’avez compris , c est bien autour de mensonges politiques que Georges a été enfermé à perpétuité…De résistant face à l ignominie des violences d états impérialistes on a fabriqué un terroriste pour détourner l’opinion publique et légitimer le maintien des colonies en Palestine…
- Comment ne pas réagir alors que la France est prise en flagrant délit d’injustice ?
- A l’heure où Georges rentre dans sa trentième année de détention nous avons tous la possibilité de dénoncer les mascarades judiciaires, les manipulations médiatiques, les mensonges politiques (cf. les déclaration de Yves Bonnet ancien directeur de la DST qui parle de vengeance d état), mais aussi l’oubli des camarades dont le cœur n’est plus aussi rouge qu il le faudrait…
- Georges est ce résistant que nos politiques ont eu l’audace de faire passer pour un terroriste insultant ainsi la mémoire de la résistance française.
- Georges est ce communiste qui a été abandonné par la grande majorité de sa famille politique.
- Georges est cet arabe lâché en pâture par des dirigeants arabes corrompus et soumis aux ordres des yankees.
- Georges est ce militant anti-colonialiste enfermé en France et dont les héritiers de Abdel Krim Al Khattabi à Ferhat Hached en passant par Ahmed Zabana n’ont pas su être solidaires.

- Ce résistant est d’abord victime de l’oubli…On a oublié Georges comme on a oublié nos luttes et celle des anciens contre l’impérialisme, contre le colonialisme et contre le racisme d’état qui en découle…

RDV le 26 octobre 2013 à 14 h

Soraya Chekkat pour le Collectif Paca Libérons Georges Abdallah
Toulon, 20 octobre 2013

***

J’ai déjà évoqué à plusieurs reprises le cas de Georges Ibrahim Abdallah, notamment dans Le Monde diplomatique (avec Marina Da Silva, « Georges Ibrahim Abdallah, un prisonnier politique expiatoire », mai 2012). Il entame, demain 24 octobre 2013, sa trentième année d’incarcération. Il existe peu de prisonniers politiques qui sont, à l’heure actuelle, encore embastillés pour une si longue période, à part des Palestiniens oubliés de tous et, à ma connaissance, personne d’autre.

Son sort est tellement scandaleux que même l’ancien préfet Yves Bonnet, patron de la Direction de la sécurité du territoire (DST) de 1982 à 1985, et ex-député UDF, demande sa libération (« Le sort de Georges Ibrahim Abdallah », Sud-Ouest, 17 septembre 2013).

Un livre témoignage, Où le sang nous appelle (Le Seuil), écrit par Daniel Schneidermann et Chloé Delaume, évoque longuement le cas de Georges Ibrahim Abdallah, dont Delaume est la nièce. On trouvera, sur le site de cette dernière, un texte où elle raconte qu’elle a remis l’ouvrage à Christiane Taubira qui, avec d’autres, a son mot à dire sur le dossier (« #Sérail, famille, magie », 8 octobre 2013) :

« Mon père, mes oncles, ma famille. Le caveau de mon père, mon oncle Georges en prison. Visiter papa ça c’est fait, comment s’y prendre avec Tonton. Georges Ibrahim Abdallah, emprisonné depuis 30 ans, combattant libanais dans une cellule de France. Prisonnier politique. Peut-être libéré à condition d’être expulsé immédiatement vers le Liban, dès sa sortie. Il suffirait pour ça que Manuel Valls signe l’arrêté. A quoi bon froisser l’ambassade américaine, indisposer l’Etat d’Israël pour ce détenu. Georges Ibrahim Abdallah, marxiste, cause palestinienne, des fractions et des guerres devenues d’outre siècle. Il préfère ne pas, Manuel Valls. Depuis janvier dernier, et il ne bougera pas. Aucun intérêt, ni pour lui, ni pour la France, dans cette histoire.

Penser à l’émission Faites entrer l’accusé, ses affaires criminelles grouillant de pédophiles meurtriers récidivistes. Entre la bonne conduite et les remises de peine, ils sortent après 15 ans. Réaliser qu’en France certains combats ne se purgent que par la perpétuité, les années de plomb se paient cher, et l’outre-siècle n’est plus coté.

Ce week-end j’ai loupé la Nuit Blanche. Mais j’ai donné Où le sang nous appelle à Christiane Taubira.

Ce livre ne porte en lui aucun sort de libération, il n’a pas le pouvoir de modifier le réel. Faire sortir un oncle de prison, c’est beaucoup plus difficile que de tuer sa grand-mère.

Le performatif ne fonctionne pas, ici dire n’est pas faire. Même si Christiane Taubira est une femme puissante, qui fait parce qu’elle a dit. Même en imaginant qu’elle se trouve convaincue, faire sortir Georges, elle ne pourrait pas. Le gouvernement français ne va pas s’emmerder pour un vieux communiste arabe, l’Ennemi numéro 1, la peur est toute mitée, plus personne ne sait qui c’est, Georges Ibrahim Abdallah.

Il a raison, François Hollande, “La politique ce n’est pas de la magie”. Par contre, la magie peut être politique. Alors si cet hiver un cyclone fait tomber les murs de la Centrale de Lannemezan, il n’est pas impossible qu’il soit revendiqué. D’ici là je vais devoir maîtriser le sumérien. »

Dans une déclaration faite le 23 octobre à la presse, son avocat, Me Jean-Louis Chalanset, déclare : « Aujourd’hui dans la 30e année de sa détention, on refuse de l’expulser, seule condition à sa libération, au mépris des décisions des juges et au mépris de tous les usages concernant un étranger condamné à une peine criminelle. Il convient de souligner que jamais en France un prisonnier politique n’a été détenu aussi longtemps que Georges Ibrahim Abdallah. »

Il évoque aussi la lettre que, pour la première fois, des élus, députés, sénateurs, maires, conseillers régionaux — socialistes, communistes, Verts, ainsi qu’une centriste — adressent au président de la République pour réclamer sa libération et son retour au Liban, dont les autorités sont prêtes à l’accueillir. Nous la publions ci-dessous :

Lettre ouverte au président de la République

Paris, le 23 octobre 2013,

Il a passé plus de temps en prison que Nelson Mandela. Il est le plus vieux prisonnier politique du continent européen et sans doute un des plus vieux du monde. Le 24 octobre 2013, il entamera sa trentième année de détention. Georges Ibrahim Abdallah a été condamné le 24 octobre 1987 à la prison à vie.

Il peut bénéficier d’une libération conditionnelle depuis 1999. Et, pourtant, alors même que le Liban s’est dit prêt à l’accueillir, il s’est vu refuser huit fois cette demande.

Ce refus est d’autant plus scandaleux que, en 1985, dans le cadre de négociations menées pour la libération d’un otage français, les plus hautes autorités de la France avaient accepté qu’il soit libéré. Elles n’ont pas tenu parole. Ce qui indignait l’ancien directeur de la direction de la surveillance du territoire (DST), le préfet Yves Bonnet : « Cette injustice a assez duré ; elle a même dépassé les limites du raisonnable. Qu’on le mette dans un avion et qu’on le renvoie chez lui, au Liban, où les autorités sont disposées à l’accueillir. » (Déclaration à France 24, 28 décembre 2011).

C’est pour cela, Monsieur le Président, que nous, élus de la République, nous vous demandons de mettre un terme à cette injustice et de prendre les mesures, quelles que soient les pressions étrangères, pour qu’il puisse être libéré et rejoindre le Liban.

Signataires

Noël Mamère, député-maire de Bègles

Serge Janquin, député-maire de Labuissière

Danielle Bidard-Reydet, sénatrice honoraire

Sergio Coronado, député des Français établis hors de France

Patrick Braouezec, membre honoraire du parlement

Nathalie Goulet, sénatrice

Bally Bagayoko, vice-président du Conseil général de Seine-Saint-Denis

François Asensi, député-maire de Tremblay-en-France

Stéphane Gatignon, maire de Sevran

Jean-Claude Lefort, député honoraire

André Chassaigne, député du Puy-de-Dôme

Nicole Borvo, sénatrice honoraire

Jacques Perreux, conseiller régional

Rose-Marie Saint-Germes-Akar, conseillère régionale

Alain Gresh le 23/10/2013 Le Monde diplomatique

Transmis par Linsay


[1en pleine « gauche » au pouvoir donc NDR



Commentaires

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vendredi 1er novembre 2013 à 20h43 - par  Alain Chancogne dit « A.C »
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dimanche 27 octobre 2013 à 11h43 - par  RICHARD PALAO
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samedi 26 octobre 2013 à 17h01 - par  PierreP.

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