Pacifisme et Internationalisme : l’exemple de la Confédération Générale du Travail Part.3

samedi 28 décembre 2013
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Rouge Midi reprend un article paru sur le blog Pensée Libre, ceci est la troisième partie. Vous pouvez lire la partie 1 ici, la partie 2 là et la partie 4. Cet article est tiré de l’intervention de Jean-Pierre Page [1]

III - De l’Europe aux menaces de guerre, la Syrie !

Il n’est pas de domaine où « l’Europe » ne soit synonyme de régression. On nous avait annoncé, surtout après la disparation de l’Union soviétique, que l’Europe allait définitivement connaître la paix et le plein emploi. Or nous avons eu la guerre en Yougoslavie, et les tensions se poursuivent : à Chypre entre Grecs et Turcs, dans les Balkans, entre Grecs et Macédoniens, entre Wallons et Flamands en Belgique, entre le Sud et le Nord de l’Italie et même entre Anglais et Ecossais. D’une façon plus générale, entre le Nord et le Sud de l’Europe. La tragédie de Lampedusa n’est elle pas là pour nous le rappeler, et cela sans parler de la montée du racisme, de l’intolérance et de la haine que cela soit à l’égard des Roms ou d’autres populations.

A ce sujet, il faut souligner que si pour la Fédération syndicale mondiale(FSM) le doute n’est pas permis : le coupable de la tragédie de Lampedusa , « c’est la mondialisation capitaliste » Cette réaction contraste avec celle de la CSI, l’autre centrale syndicale mondiale, qui parle du "droit de tout Etat de contrôler ses frontières" et qui ajoute : "Avec une population qui vieillit rapidement, l’Europe doit trouver de nouveaux moyens de contrôle des frontières d’équilibrage et de politique de la migration de travail. Créer des canaux réguliers de migration, en collaboration avec les véritables acteurs du monde du travail - à savoir les ministères du travail, des employeurs et des organisations de travailleurs ". [2]Le premier ministre luxembourgeois, le très libéral Jean-Claude Junker, qui était encore il y a peu le président de l’eurogroupe, a déclaré au mois de mars « Les démons qui ont conduit à l’explosion de la Première Guerre mondiale sont peut-être endormis, mais ils n’ont pas disparu et je pense que les tensions que nous connaissons aujourd’hui rappellent celles qui prévalaient en 1913. » [3]

Sur le plan économique, c’est un véritable fiasco, la récession est partout à l’ordre du jour et la vassalisation économico-financière vis-à-vis de notre suzerain, pardon ! partenaire principal, nous entraîne chaque jour un peut plus vers de nouvelles catastrophes dont les peuples en Europe paient l’addition ! Sur le plan social, l’Europe de l’emploi avec 27 millions de chômeurs est devenue une farce tragique, il n’ y a guère que la CES pour encore justifier l’injustifiable et se déclarer prête à négocier plus de libéralisation et de précarité ! Sur le plan politique, après l’échec de Lisbonne et celui du référendum irlandais, il y a fort à penser que si l’on généralisait ce principe démocratique de consultation des citoyens, l’Union européenne et l’euro trembleraient sur leurs bases, comme nous l’avons vu après le succès acquis contre le projet de Constitution européenne qui donna lieu à un débat important et contradictoire dans la CGT ! Avec les prochaines élections européennes, on aura une nouvelle occasion de vérifier ce que représente l’Europe pour les travailleurs. Bon sujet de réflexion pour le Mouvement syndical et la CGT en particulier, d’autant plus que ces élections sont devenues « la priorité » [4] des activités prochaines de la Confédération Européenne des Syndicats(CES) ! Pourtant la consultation et le vote sont des sujets que le rapport Cohen-Tanugi intitulé « Euro monde 2015 » [5], préconise de modifier dans les constitutions nationales, parce que souligne l’auteur : "On ne peut plus faire de referendums nationaux" ! Il suffisait d’y penser ! Sur le plan de la sécurité, jamais l’Europe depuis la Deuxième Guerre mondiale ne s’est trouvée confrontée à autant des risques de conflits ! Au point dit-on que Bruxelles voudrait voir se calmer le jeu entre Russes et États-uniens au sujet du bouclier de défense anti-missiles. [6]

Le nouveau concept stratégique de l’UE est en préparation et sera en discussion au Conseil en décembre 2013. Celui ci est assez « remarquable » ! Le manque total d’une vision globale est frappant, mais les visées en sont éclatantes à plus d’un titre, que peut-on y lire ?

  • Aucune précision sur les buts à poursuivre et par quels moyens les réaliser.
  • Pratiquement aucune mention n‘est faite au sujet de la « diplomatie européenne » qui, cependant, devrait jouer le rôle prioritaire dans le développement de la politique commune de sécurité par la réalisation des buts assignés par le concept stratégique ;
  • Tout le document suppose implicitement une totale dépendance, un encadrement à travers les structures hypothétiques futures de l’OTAN alors que cette dernière se trouve en transformation fondamentale . [7]
  • Toute la réflexion est axée sur la volonté d’accroitre la capacité d’interventions militaires de l’UE, en coordination avec les pays membres, l’OTAN, et donc implicitement, avec les États-Unis d’Amérique qui en partie se dégageraient de l’Europe. Or, rien ne prouve cette croyance, sauf le discours de Washington qui est désireux de disposer des armées mercenaires européennes financées par les Européens, lui permettant de réduire son propre budget surdimensionné en augmentant l’effort budgétaire européen, malgré les politiques de restrictions continues en Europe.

A propos des interventions souhaitées « hors-zone », l’extension de ce territoire apparaît sans fin ni limites. Le document évoque simplement les « voisinages des voisinages » qui risque de s’étendre au monde entier.

Tout le document réfléchit en termes militaires et du point de vue des entreprises privées du secteur de défense et de sécurité, entreprises non sécurisées face à l’espionnage militaire ou économique. [8] Le document insiste sur les « nouveaux acteurs », dans le monde sans les identifier. Évidemment, pas de réponse à la question de savoir que faire de la dépendance de l’UE vis à vis de quelques multinationales de défense et de sécurité, ou encore pétrolières. Or, on le sait, elles sont peu nombreuses selon les secteurs et forment des redoutables oligopoles. Aussi peu concurrentielles que possible, elles dictent leurs technologies, fixent leurs productions et imposent leurs prix. L’industrie des drones à usage militaire l’illustre cela parfaitement, tout en ajoutant que le gouvernement Hollande/Valls envisage l’utilisation de drones pour la surveillance des Français au nom de la lutte contre la criminalité !Pourtant, les secteurs industriels liés à la défense et à la sécurité collectives constituent des « biens publics ». En tant que tels, il conviendrait dans une « démocratie » de les soumettre à la nationalisation ou du moins au contrôle public, strict et transparent.

Il est normal qu’avec une telle logique, la France et l’Europe se donnent un système de défense-sécurité totalement intégré à l’OTAN et qui désigne clairement l’ennemi extérieur et intérieur. Cette énumération, je pourrais la poursuivre en évoquant les perspectives d’accélération de l’intégration économique transatlantique [9] ! Pour toutes ces raisons, l’Europeest un fiasco et vouloir la réformer, la réorienter, ou la reconstruire au nom d’une hypothétique Europe sociale, ou d’une Europe refondée est un leurre et donc un danger, à commencer pour les peuples d’Europe eux-mêmes. En fait, l’Europe est à l’image de la crise du système capitaliste dont elle est issue, et il ne pourrait en être autrement, technocratique ou pas ! C’est la nature même de la chose qui produit de tels effets ! À mes yeux, il n’y a donc pas d’arrangements possibles, sauf à vouloir choisir le pire !

Cela appelle des décisions politiques conformes à ce que les peuples et les travailleurs attendent, et franchement, aujourd’hui ce n’est pas du côté de l’Union européenne qu’ils attendent une réponse à leurs problèmes et à leurs interrogations sur l’avenir. À y regarder de plus près, ce serait même plutôt l’inverse !

Syrie et Responsabilités Syndicales

Je veux évoquer maintenant ce qui touche au conflit le plus récent : la situation en Syrie et aux responsabilités du Syndicalisme. Comme pour bien d’autres sujets, si on veut agir sur les conséquences, il faut faire le choix de s’attaquer en premier lieu aux causes ! Il est clair que les enjeux géostratégiques de cette région véritable poudrière, avec de plus Israël disposant de l’arme nucléaire, sont au cœur des causes véritables de cette guerre. Comme ce fut le cas pour la Yougoslavie, [10]l’Afghanistan, l’Irak, la Libye, le Soudan, le Mali, les préoccupations économiques ne sont pas loin. En effet, la région dispose de près de la moitié des réserves pétrolières et gazières, à quoi il faut ajouter un sujet capital, le contrôle des corridors maritimes et terrestres, ce qui explique en partie pourquoi Obama, mais aussi la Chine, la Russie entendent renforcer sensiblement leurs moyens maritimes. La Chine veut ainsi ressusciter l’ancienne « route de la soie » [11] ! Enfin les forces de l’intégrisme radical et terroriste ! [12]Ceux là mêmes qui sont encouragés et manipulés en sous main par les Etats Unis et les Occidentaux, dont la France, et ne sont pas sans menacer de déstabilisation les frontières de la Russie ou celle encore de la Chine. Le chaos constitue en effet un moyen que l’impérialisme entend utiliser simultanément avec le « soft power » et le « hard power » théorisé par Joseph Nye. [13]

A ce stade, on invoque régulièrement l’action de l’ONU comme si celle-ci constituait une autorité indépendante disposant de moyens lui permettant de résoudre les conflits. Comme on peut de le lire dans une revue d’histoire du Mouvement syndical, certains le font même avec un certain angélisme, au point d’utiliser l’ONU comme la solution miracle aux problèmes du monde ! Si cela était le cas cela se verrait. En fait, l’ONU, dans son fonctionnement comme dans son orientation, est le reflet du rapport des forces internationales. Quant à ses moyens, ils sont, en particulier s’agissant des droits de l’homme, totalement dépendant des contributeurs occidentaux, au premier rang desquels les USA. Si on prend le seul cas du « Haut Commissariat aux droits de l’homme »,à Genève, on découvrira que plus de 80% des postes sont des emplois précaires financés en dehors du budget général de l’ONU par les Fonds volontaires, c’est à dire principalement par les pays occidentaux, et surtout les USA. Il ne faut donc pas s’étonner de l’adoption sans discussion et encore moins sans vote du concept de « Responsabilité à protéger » (R2P), [14]véritable paravent pour camoufler les pires exactions de l’impérialisme. Ce concept fait suite au « droit d’ingérence humanitaire » auquel une partie importante des partis de la gauche européenne, des syndicats [15]se sont ralliés, ou encore des principales ONG qui y adhèrent sans nuances, d’autant que dans ce cas leur source de financement en dépend, comme on le voit pour la Syrie après l’avoir vu pour la Libye et bien d’autres pays ! [16] Si on les suivait on pourrait ainsi déboucher sur une logique irréfutable « des Syriens tuent des Syriens, alors maintenant nous devons tuer des Syriens pour les empêcher de tuer des Syriens » [17]

Comme on l’a vu précédemment avec la Libye, les États-Unis, et la France en particulier, ont justifié l’intervention militaire en Syrie sur des bases humanitaires. Les violations des droits de l’Homme seraient la raison de la guerre. Pourtant, une action militaire ne constitue pas un remède, dans ce cas, bien au contraire. Au Kosovo et en Libye, le nombre de réfugiés et de victimes s’est considérablement accru après l’intervention. Ensuite, depuis des lustres, les États-Unis sont sourds aux souffrances des Palestiniens et ils aident des pays comme l’Arabie saoudite et Bahreïn à opprimer de façon sanglante leur propre population. Cette guerre ne tourne donc pas autour des droits de l’Homme, mais bien d’intérêts géostratégiques. En fait, la Syrie s’inscrit dans la stratégie à long terme des États-Unis dans la région. Selon Obama, les États-Unis doivent être un « Primus inter pares », le premier parmi « des égaux pour la forme ». [18]Cette vision est soutenue par des groupes de réflexion de l’élite mondiale comme la Trilatérale ou le groupe de Bilderberg, et des fondations comme le National Endowment for Democracydont le budget et l’orientation est décidée conjointement par le Département d’Etat, la CIA, et la Confédération syndicale US, pilier de la CSI ex CISL : l’AFL-CIO.

Dans cette partie de bras de fer qui se joue au niveau mondial la croissance économique qui caractérise la Chine et l’Inde contraste avec la crise aiguë qui touche l’Occident, ces deux pays qui représentent un tiers de l’humanité semblent et peuvent prétendre jouer un rôle central dans le monde. [19]Bien que les deux pays soient encore très loin de la puissance militaire américaine, leur indépendance politique peut à terme constituer un risque pour la position dominante des USA dans le monde. Mais les deux pays sont également vulnérables : pour leur croissance, ils ont besoin d’énormes quantités de pétrole et de gaz, qu’ils se procurent souvent dans le Moyen-Orient. [20]Ce n’est pas un hasard si, en 2004, les États-Unis ont publié un plan en vue d’un « Nouveau Moyen-Orient », ayant pour but de placer la région sous leur contrôle via des réformes politiques et économiques. En cas de conflit ouvert, les États-Unis espèrent pouvoir ainsi fermer le robinet à pétrole et à gaz en direction de la Chine ou de l’Inde. Mais le principal obstacle à leur hégémonie totale dans le Moyen-Orient est l’indépendance politique et économique relative de certains pays, comme la Syrie. [21]Wesley Clarke, ancien général quatre étoiles américain et commandant de l’Otan, raconte comment, en 2001 déjà, il avait pu lire un document secret des autorités américaines expliquant, « comment nous allons anéantir sept pays en cinq ans, à commencer par l’Irak, puis la Syrie, le Liban, la Libye, la Somalie et le Soudan et, enfin, l’Iran. »

De même, les révoltes arabes et la crise économique ont accru pour les États-Unis la difficulté à tout contrôler comme ils l’entendaient. N’empêche, entretemps, le Soudan qui regorge de pétrole s’est scindé en deux États, l’Irak et la Libye ont été anéantis à coups de bombes et un embargo économique étrangle l’Iran, la destruction et le pillage de la Syrie se poursuit, jusqu’au déménagement forcé d’entreprises syriennes de l’autre côté de la frontière avec la Turquie. Tout cela n’est pas nouveau et les États-Unis sapent la stabilité des pays indépendants de diverses manières : sanctions, guerres, coups d’État, soutien à l’opposition voire déstabilisation interne via des groupes terroristes, via des coups d’État, [22] voir à travers l’action d’ONG et de ce que l’on a coutume d’appeler le rôle de la « société civile », autre concept à la mode dont on nous rabat les oreilles !

Cette « société civile » dont on ambitionne qu’elle se substitue aux États, aux gouvernements, au concept de Nation et qui figure comme tel dans la réforme des Nations Unies. Comme on le voit actuellement en Amérique Latine, au Venezuela tout particulièrement, après la Yougoslavie, l’Ukraine, la Géorgie, le Kirghizstan, la Libye, la Syrie, l’Égypte qui ont connu des « printemps » ou des « révolutions » de toutes les couleurs. Ainsi en Syrie, les États-Unis, la France se servent de la « Coalition » comme le « représentant légitime du peuple syrien » et accordent une aide politique, matérielle et militaire à la rébellion armée et aux émules d’Al Qaida. Ce qui a jeté de l’huile sur le feu et a eu pour conséquence de marginaliser ceux qui voulaient négocier une démocratisation du régime de Damas. C’est pourquoi et à long terme, la seule solution réside dans une solution politique entre Syriens, par eux-mêmes et pour eux-mêmes. Ce sont les Syriens, et non les forces étrangères, qui doivent décider à quoi doit ressembler le système politique syrien et la place que doivent y occuper les autorités actuelles. Défendre cette position au plan syndical serait être fidèle à l’histoire et aux principes défendus par la CGT. Le faire partager avec d’autres syndicats en Europe et dans le monde contribuerait sur des bases claires à renforcer le mouvement contre la guerre et toute intervention militaire ! Il y a de ce point vu énormément à faire pour éviter d’aller vers une nouvelle confrontation mondiale !

Cette escalade et ces risques, les États-Unis et la France entendent les assumer. [23]C’est pourquoi la Maison blanche a déposé sur la table l’option de la guerre ouverte et monté avec la France cette affaire d’armes chimiques qui depuis a fait long feu après les fermes initiatives de la Russie. [24]Celles-ci ont complètement changé la donne, et isolé totalement la France, ridiculisée par l’amateurisme de son gouvernement. Comme on l’a constaté, qui parle aujourd’hui de ce bombardement à l’arme chimique dans la banlieue de Damas ? Curieusement plus aucun des médias ! Sans doute parce que les preuves s’accumulent sur le fait que cette action était en fait montée par les rebelles pour en faire porter la responsabilité au gouvernement syrien. Celui-ci reçoit le soutien économique et militaire de l’Iran et de la Russie qui ont leurs propres intérêts. Toutefois, indépendamment de leurs motivations propres, ces pays jouent un rôle fondamentalement différent de celui des États-Unis. Ils s’érigent en défenseurs de la souveraineté syrienne et ils mettent un frein à la destruction de l’État syrien par l’impérialisme américain. Par ailleurs l’Iran a parfaitement compris que cette guerre à laquelle participe directement et entre autre l’Arabie saoudite et le Qatar, est en fait dirigée contre Téhéran.

Quant à Israël, il reçoit des États-Unis des milliards de dollars d’aide économique et militaire afin de garantir sa survie et l’influence des USA dans la région. Les décisions fondamentales pour les Syriens devront en dernière analyse être prises à Damas, et non à Washington. Le fait que l’opinion publique européenne, américaine et internationale est en grande partie hostile à la guerre a joué un rôle essentiel dans cette évolution. Mais la mobilisation ne saurait fléchir et le mouvement syndical se doit d’y contribuer concrètement en développant ses initiatives propres.

Transmis par Vincentd

Source


[1« Les rendez vous de l’Histoire », Blois, 11 octobre 2013, « La CGT et la guerre ! Et le pacifisme alors ! », Syndicalisme, pacifisme, internationalisme »*, Organisé par l’Institut d’Histoire Sociale CGT de la Région Centre et le Comité Régional CGT, Exposé de Jean-Pierre Page, Ancien responsable des Relations Internationales de la CGT et ancien membre de la commission exécutive confédérale de la CGT

[2Suivre le raisonnement de Claire Courteille, « Equal Times », 8 octobre 2013 c’est faire jouer aux populations des pays pillés par les pays riches, le rôle de variable d’ajustement de notre démographie ...contrôlée par le patronat et les syndicats (sic !). Cité par Rouge Midi, www.rougemidi.fr/spip.php

[3Jean Claude Junker “Spiegel,” mars 2013.

[4Bernadette Segol, Secrétaire générale de la CES, interview à l’Humanité Dimanche, 12/18 septembre 2013.

[5En toute modestie, rien que ça !

[6Au plan de l’élargissement à l’Est, même avec des gouvernements mercenaires comme ce qui caractérise la plupart des régimes en place dans ces pays « nouvellement adhérents », cela reste très désordre. Sur le plan militaire, l’intégration totale à l’OTAN dans le dispositif et la stratégie des Etats-Unis propulse l’Europe aux quatre coins de la planète, comme en Afghanistan, avec les résultats que l’on sait.

[7Washington met de plus en plus l’accent sur ses forces navales qui ne dépendent d’aucun « alliés encombrants ».

[8Aucune mention des risques et dangers véritables dans monde. Rappelons-les : Dans le monde, les risques ou défis” identifiés par l’ONU seraient, en ordre d’importance décroissant, les suivants :

  • de nature socio-économiques : pauvreté ; maladies et épidémies ; détérioration environnementale ;
  • de caractère militaire : conflits inter-étatiques et prolifération d’armes bactériologiques, chimiques et nucléaires ;
  • enfin, deux autres très proches l’un de l’autre : le terrorisme et la criminalité (le commerce de drogues et d’armes autant que la traite humaine et principalement celle des femmes).

[9Nouveau Marché Transatlantique (NTM ou New Transatlantic Marketplace). Voir à ce sujet in Le Monde Diplomatique, « Double jeu autour de l’AMI », octobre 1998 Jean-Pierre Page et Jean-Claude Lefort .

[10Voir « Réflexions sur la guerre en Yougoslavie » 1999, François Chesnais, Tamara Kunanayakam, Jean-Pierre Page, Éditions l’Esprit Frappeur !

[11« Réseau international » site de réflexion et de ré information.

[12La confirmation du kidnapping de deux journalistes français en juin par un groupe « djihadistes » sont là pour nous le rappeler, tout comme d’ailleurs l’enlèvement du Premier Ministre libyen par des groupes soutenus et armés hier par la France, la Grande Bretagne et les Etats Unis ! in « Le Monde » 11octobre 2013

[13Joseph Nye est un géopolitiste américain, professeur à Harvard University, membre influent de la Trilatérale, auteur de nombreux ouvrages qui inspirent la politique internationale des USA. Voir « Soft power, the means to success in world politics », Public Affairs, 2004)

[14Voir à ce sujet l’important rapport de Madeleine Allbright ancienne Secrétaire d’Etat de Bill Clinton et de Richard Williamson, envoyé spécial au Soudan à l’initiative du US Institute for Peace, de la Brookings Institution, du US Holocaust Memorial Museum et du groupe de travail sur « Responsability to Protect »

[15Pour certains dans le mouvement syndical, y compris dans la CGT, c’est la méthode utilisée par les Occidentaux qui poserait problème : à savoir les bombardements, d’autant qu’il y a des victimes collatérales comme on les appelle dorénavant. Évidemment, comme avant Bachar El Assad, c’étaient Khadafi, Saddam Hussein, Milosevic qui étaient responsables de l’intervention ! Depuis la guerre en Yougoslavie, puis en Afghanistan, puis en Irak, puis en Libye, et aujourd’hui en Syrie on nous sert toujours le même argument ! Serait-on en faveur de lancer des fleurs sur des populations éplorées et non des bombes ? Toutefois, il est un point qui ne soulève pas de problèmes : l’objectif de s’ingérer dans les affaires d’autres Etats, parce que sans doute ces Etats, ces gouvernements et ces peuples sont des « barbares » attardés qui, en rompant avec le colonialisme, ont démontré qu’ils étaient incapables de se diriger eux mêmes !

[16Voir dans « La Pensée libre » les numéros : n°62 « Genève : responsabilité à protéger (R2P) contre souveraineté des peuples » par Tamara Kunanayakam, et le n°32 « La réforme des Nations Unies telle qu’elle a été proposée par le Secrétaire Général Kofi Annan » par Jean-Pierre Page et Tamara Kunanayakam, www.lapenseelibre.org

[17« Syrians killed Syrians, so now we must killed Syrians to stop Syrians from killing Syrians »

[18A la fin de la guerre froide, le « Défense Planning Guidance » des États-Unis définissait comme suit le but stratégique américain : « Éviter la montée d’un nouveau rival qui constituerait une menace du même ordre que celle de l’Union soviétique dans le temps. » Ce document était le fil conducteur de la politique étrangère de l’ancien président américain George W. Bush. Son successeur, Obama, n’a pas fondamentalement modifié cet objectif stratégique.

[19Voir rapport du PNUD 2013, Op. Cit.

[20Environ la moitié des réserves pétrolières mondiales et plus de 41 % des réserves connues de gaz se trouvent précisément dans le Moyen-Orient.

[21On ne saurait sous estimer également les contradictions qui ont trait aux intérêts stratégiques de la France, de la Grande-Bretagne et de l’Allemagne. Depuis des années, la France espère, via des programmes comme l’« Union pour la Méditerranée » (Euro Med), restaurer son ancienne influence économique et sa domination sur les territoires méditerranéens.

[22Contre Mossadegh en Iran (1953), contre Sukarno en Indonésie (1965) et contre Allende au Chili (1973), les États-Unis sont parvenus à les soumettre sans guerre. En Irak, en Libye et en Afghanistan, les coups d’État n’étaient pas une option, puisqu’il n’y avait pas de marionnette évidente. Les guerres contre ces pays n’ont pas non plus généré des alliés stables pour les États-Unis, mais elles ont toutefois détruit leur capacité à bâtir une politique indépendante.

[23Plusieurs rapports mentionnaient que, ces derniers temps, Assad semblait avoir de plus en plus le dessus politiquement dans la population comme sur le plan militaire.

[24Il est à noter que depuis le renoncement piteux des États-Unis à attaquer la Syrie, aucun service secret occidental n’a été capable d’apporter la moindre preuve tangible de la responsabilité du gouvernement syrien dans le drame du 21 août. On a même vu l’attaché de presse du Ministre de la Défense français, Sacha Mandel, fabriquer un faux en le présentant comme un document déclassifié avec l’objectif d’influencer les parlementaires sur l’engagement français à bombarder la Syrie. A l’inverse de cette opération grotesque : de nombreux documents et témoignages tendent à présent à établir la culpabilité des rebelles (cherchez à qui le crime profite !), sans doute assistés dans cette macabre manipulation par les services secrets et militaires occidentaux, ceux-là mêmes qui prétendirent ensuite apporter la preuve de l’implication du pouvoir syrien, comme ils l’avaient fait dans l’affaire des armes de destruction massive en Irak.



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