La démarche des Bouches du Rhône

mardi 4 mars 2014
par  Charles Hoareau
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Confronté à une nouvelle aggravation du plan de casse de l’emploi et en particulier de l’emploi industriel, le département des Bouches du Rhône ne se laisse pas faire et, sous l’impulsion de la CGT, initie une démarche de convergence des luttes qui marque des points et dans laquelle se retrouvent 16 organisations syndicales, politiques et associatives.

Ni modèle, ni leçon, juste un témoignage sur ce qui se passe aujourd’hui quelque part en France, dans une lutte projet contre projet, classe contre classe, et dont les médias ne parlent que très peu…ou pas du tout !

Fralib, les moulins Maurel, Lyondellbasell, Kem One, aujourd’hui, venant après des attaques contre des dizaines d’entreprises depuis plus de 30 ans, les tenants du pouvoir tant politique qu’économique, sont cohérents. Ils ont un projet, la Californie de l’Europe.

La Californie de l’Europe

Comme l’indiquent les organisations politiques engagées dans le processus [1] dans leur déclaration commune lue à Gardanne lors du meeting « des 16 » du 20 février la volonté de casse vient de loin : « Depuis des décennies notre région est au cœur d’un projet d’aménagement du territoire conforme aux vœux du capital international. En 1979, lors de la 1re campagne des élections européennes, Valéry Giscard d’Estaing, le père spirituel de Nicolas Sarkozy, avait déclaré qu’il voulait faire de notre région la Californie de l’Europe, idée reprise quelques années plus tard par Le Pen père depuis un yacht de milliardaire… c’est dire le progressisme de cette idée. Faire de notre région un paradis pour la bourgeoisie mondiale, un « bronze-cul de l’Europe » voilà ce qu’ils veulent.

Et c’est dans cette perspective que depuis au moins 40 ans ils s’attaquent méthodiquement à l’industrie du département. »


Une France bronze-cul, dédiée au tourisme de luxe avec en figure de proue d’un tel projet, la région PACA, voilà leur objectif. Dans ce cadre, le département des Bouches du Rhône, département le plus industrialisé de la région est une cible privilégiée. Et si pour la réalisation de ce projet il faut déplacer des milliers de travailleurs du Sud vers le Nord de l’Europe comme ce fut la volonté qui a présidé à la fermeture du chantier naval de La Ciotat en contrepartie d’une ouverture sur la Baltique, peu importe Peu importe aussi le prix à payer pour les populations et les propositions les plus folles au service de ce projet. Ainsi le rapport Guichard de 1976 appelé comme par provocation « Vivre ensemble » qui prévoyait tranquillement le déplacement de populations entières vers l’intérieur des terres... afin de laisser la côte à ceux qui la méritent ?

Le projet pour Marseille initié sous Vigouroux et jamais contrarié depuis par son successeur (ou par le prétendant PS actuel à la mairie de Marseille) s’inscrit lui aussi dans ce projet-là.

Résister, lutter et vaincre ensemble

Face à cet objectif la CGT du département a décidé de faire mieux que résister. L’objectif c’est non seulement préserver l’emploi, les industries, les services publics mais aussi d’aider à la reconquête.
Si chacun jusqu’alors se battait dans son coin (la lutte des Fralib en étant l’exemple emblématique), avec de loin en loin le soutien de solidarités venues de tout un département, là depuis décembre on est passés à la vitesse supérieure. L’appel des 16, repris et mis en forme le 20 février n’est pas seulement un appel à la solidarité mais aussi et surtout à la convergence des luttes pour gagner tous ensemble un autre avenir pour le département.

Les 7000 manifestant-e-s du 18 janvier, les 35 000 du 6 février, les 500 pour le 13e mois dans la propreté le 4, les 1500 pour une vraie protection sociale des chômeurs et précaires le 27, les centaines de militant-e-s présent-e-s à chaque rendez-vous quasi hebdomadaire, toutes et tous nous confortent dans la justesse de la démarche engagée.

Gardanne, le 20 février 2014

Motion des participants au Meeting du 20 février 2014

Nous, participants au Meeting du 20 février 2014 à la Halle de Gardanne,

A l’appel de :

la CGT, Solidaires, FSU, du PCF, PG, Ensemble, NPA, Rouges Vifs, la JC, l’UEC, ATTAC, Collectif 13 Droits des Femmes, Collectif du 1er juin, Ligue des Droits de l’Homme Aix, Egalité Aix, la FMF, le Mouvement de la Paix,

Sommes conscients des enjeux de remodelage et de casse que patronat et gouvernement orchestrent dans notre département, ce qui fait le terreau de l’extrême droite.

Face à cette attaque globale, salariés, retraités, jeunes, privés d’emploi, nous organisons en convergence la riposte pour gagner un plan d’urgence pour l’emploi dans notre département.

Notre force est bien là ! Le patronat l’a bien compris et utilise tous les moyens, plus scandaleux les uns que les autres, pour nous arrêter. Une de leurs armes : la criminalisation des acteurs du mouvement social. Cette violence de classe n’entache pas notre détermination et notre volonté de changement.

C’est bien dans le même processus de lutte, que les journées d’actions et de manifestations du samedi 8 janvier, du jeudi 6 février et du meeting de ce-jour, que nous appelons à réussir la journée de grèves et de manifestations du mardi 18 mars.

Le 18 mars, tous ensemble, derrière la banderole « licenciements, bas-salaires, précarité, austérité : les Bouches du Rhône en ont assez » et pour la défense de notre Protection Sociale.

Nous nous engageons, pour cette date et au-delà, à créer partout, sur nos lieux de travail, dans nos villes, nos quartiers, les conditions d’élargissement et d’amplification de la mobilisation, pour imposer le rapport de force nécessaire à la satisfaction des besoins de tous.

Nous appelons tous ceux qui ont intérêt à ce que les choses changent, à nous rejoindre !

Ceux qui vivent sont ceux qui luttent ! On lâche rien !

Dans chacune des initiatives qui se succèdent maintenant depuis plus de 3 mois, chaque lutte se renforce en se nourrissant de la lutte des autres. Les tables rondes et autres négociations que les salariés imposent sont autant de rendez-vous collectifs où chacun peut venir apporter sa pierre et déposer ses revendications. Et déjà le 18 mars (mais aussi d’autres dates dans l’intervalle) se profile comme un nouveau rendez-vous de tous les combats.

Des propositions à faire avancer

Rouges Vifs 13 qui a répondu présent dès qu’il a été sollicité, participe de la démarche à la hauteur de ses moyens à chacune des initiatives.

Au-delà de la présence et la participation à la mobilisation notre apport est aussi de faire débattre et partager les propositions concrètes pour tout un département.

Exemple celles que nous avons mises en débat le 20 février, propositions à approfondir et développer dans le combat commun.

Quel avenir pour notre département ?

Les solutions existent : elles relèvent de choix politiques.

Nous savons que soutenir les luttes ne suffit pas. En qu’en tant que politiques il est de notre responsabilité d’avancer des perspectives de développement qui s’appuient sur les combats d’aujourd’hui.

Oui la biomasse est une énergie d’avenir et on peut la développer sans gaspiller les sources de chaleur qu’elle induit, sans massacrer la forêt, en la régénérant au fur et à mesure de son utilisation. Et il faut bien mal connaître le monde du travail pour prétendre que les ouvriers de Gardanne se moquent de l’avenir de forêts qui les ont vus grandir. Du temps de Louis XIV le pouvoir a su planter les arbres de l’an 2000 au fur et à mesure qu’il en utilisait et on ne pourrait plus le faire aujourd’hui ?

Oui, à l’image des FaSinPats d’Argentine, on peut produire sans patron à Fralib (ou ailleurs !) des produits de qualité, où le bio n’est pas une publicité mensongère. Des produits issus d’échanges mutuellement avantageux et non pas d’un pseudo commerce équitable que les consommateurs paient au prix fort. Pour une part d’ailleurs produire à Fralib, et pour en rester à cet exemple, c’est relancer la filière créatrice d’emplois de la culture des plantes aromatiques comme le prouve l’expérience en cours du tilleul de Buis les Baronnies.

Oui on peut développer une filière chimique, sans faire appel à la sous-traitance, sans piller les pays du sud, mais en nouant des relations internationales, respectueuses des peuples et de leur besoin de développement.

Oui on peut construire les logements décents dont tant de mal logés ont besoin. Dans les années 60, avec les moyens de l’époque, on a pu construire plus de 500 000 logements par an (5 fois plus que l’objectif que se fixe le gouvernement Hollande), et on ne saurait plus le faire aujourd’hui ?

Oui on peut produire aux moulins Maurel et dans nos entreprises. Ce n’est pas le travail qui coûte cher. S’ils veulent parler du coût de la main d’œuvre, parlons-en ! 17cts pour une boite de thé vendue 2€, 14% du prix d’une voiture sortie de Citroën Aulnay, avec des salariés tous services confondus, qui produisent chacun plus de 18 voitures par an ! Parlons de l’énorme plus-value réalisée sur le dos des travailleurs de la chimie. Parlons de la plus-value réalisée dans le transport maritime au point que les pays du Nord en sont à espérer le réchauffement climatique pour se disputer le droit de passage par le pôle Nord !

Ce qui est posé, ce n’est pas le coût du travail mais la possession du capital. Prenons ce qui est à nous, les richesses créées et nous saurons quoi en faire pour le bonheur des peuples !

Oui on peut et on doit développer les services publics et le coût ne peut entrer en ligne de compte. Et là encore si on doit compter comptons en bonheur humain. Avec la même somme en dollars on crée dans le monde 71 000 emplois dans l’éducation, 54 000 dans l’industrie et 27 000 dans l’armée : alors à nous de choisir !


[1PCF, NPA, ENSEMBLE, Rouges VIFS



Documents joints

Tract propositions rouges vifs 13

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dimanche 9 mars 2014 à 10h24 - par  Copas