Il y a la CES et il y a la lutte contre l’Europe du capital

lundi 7 avril 2014
par  Charles Hoareau
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Quand la CES (confédération européenne des syndicats) se créa en 1973, la CGT naturellement demanda à y adhérer. Naturellement puisque la CES se voulait, du moins le proclamait elle à sa création, la confédération de tous les syndicats d’Europe. Tous ? Sauf ceux accusés de « collaboration communiste » avec l’URSS et ses « pays satellites ». la preuve de cette collaboration était le fait d’appartenir à la fédération syndicale mondiale (FSM) créée en 1945 justement par, entre autres la CGT, et de ne pas avoir rompu avec cette fédération internationale pour rejoindre la CISL (Confédération Internationale des Syndicats « Libres ») scission de la FSM, créée en 1949 par les syndicats américains qui voulaient, avec l’aide de la CIA qui fut un des principaux financeurs, combattre « le communisme ». La condition mise à la CGT fut, entre autres de quitter la FSM, ce qu’elle refusa…naturellement et donc l’adhésion à la CES lui fut interdite.

En 1995 la CGT décida de quitter la FSM. Cette décision ouvrait la voie à une entrée dans la CES qui fut votée par les délégués CGT au congrès de Strasbourg en 1999 et acceptée dans la foulée par la CES bien que la CGT n’ait pas pu satisfaire à toutes les conditions posées par la centrale européenne et malgré l’opposition de FO,

La CES n’est pas connue pour ses positions particulièrement révolutionnaires. Elle a approuvé tous les traités européens (sauf le dernier) et quand la crise économique éclate en 2008, elle déclare par la bouche de son dirigeant d’alors John Monks : « Il faut sauver le capitalisme de lui-même ». Sans commentaire.

Aujourd’hui, dans la lignée de son histoire, elle n’est pas plus sur une ligne de changement de société.Elle ne s’en cache et est tout fière de déclarer dans sa présentation : « La CES est un des partenaires sociaux européens et est reconnue par l’Union européenne, par le Conseil de l’Europe et par l’Association européenne de libre-échange (AELE) en tant qu’unique organisation syndicale interprofessionnelle représentative au niveau européen. »

Elle appelait le 4 avril à une journée « d’action », on devrait plutôt dire une journée de communication tant l’action proposée ne risquait pas de gêner le capital : un samedi de manifestation à Bruxelles de délégations venues de différents pays d’Europe de l’Ouest…et sans une heure de grève évidemment.
Et que demande la CES ? Ni plus ni moins qu’une Nième version de mise en œuvre d’un plan que Keynes [1] n’aurait pas désapprouvé. Michel Rocard non plus qui avait proposé quasiment la même chose il y a quelques années.

En fait un plan de grands travaux alimenté par la commande publique, et donc nos impôts, pour permettre aux multinationales de créer 11 millions d’emplois : on peut toujours rêver. Pas question bien sûr pour la CES de toucher à la propriété du capital, de nationaliser les banques ou de développer le service public….sans doute laisse-t-elle ça aux communistes.

Donc ce 4 avril il y avait journée « d’action » européenne.

Dans les Bouches du Rhône, où depuis plusieurs mois un mouvement de lutte convergente est engagé, décision avait été prise depuis déjà quelques temps de se saisir de toutes les dates qui pouvaient faire monter le processus de lutte. Le 4 avril fut donc retenu comme une nouvelle étape par « la bande des 18 » [2] et rendez-vous était donné devant le siège régional de la commission européenne. Non pas pour défendre un plan d’aménagement du capitalisme, mais pour faire entendre la voix, ou plutôt les voix du monde du travail qui réclament un autre avenir pour notre département.

On s’est donc retrouvés plusieurs centaines à applaudir les prises de parole qui se sont succédé dans ce meeting improvisé : UD CGT, salarié-e-s de free en grève, marins de la SNCM, moulins Maurel, Fralib…

Au milieu de ce rassemblement de lutte flottait la banderole de Rouges Vifs 13 au slogan explicite et apprécié : Sortir de l’Europe du capital pour construire un monde de solidarité.

Rendez-vous a été pris pour le 12 avril à Marseille, pour une nouvelle manifestation pour un autre avenir pour notre département.

Une chose est claire, il semblait bien qu’aucun des participants du 4 et des jours à venir n’a envie de « sauver le capitalisme ».


[1économiste anglais partisan de l’aménagement du capitalisme afin d’en limiter les excès et comptant pour ce faire sur le rôle régulateur de l’Etat

[22 associations locales se sont en effet rajoutées au processus



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