Quelques éléments au lendemain des municipales

mercredi 2 avril 2014
popularité : 5%

Le mardi 1er avril avait lieu l’assemblée mensuelle de Rouges Vifs 13. L’occasion de revenir bien sûr sur les municipales. Un débat très riche à l’issue duquel les participants ont décidé de transformer l’invitation à l’assemblée en appel à signer.
Extraits du rapport d’ouverture présenté devant une assistance très nombreuse.

(...)

Elections un vainqueur : les abstentionnistes.

En fait ne parlons plus d’abstention mais de refus de vote ! Au premier tour la semaine dernière, la participation a été de 63,55% (et donc l’abstention de 36,45%) 37,86% au second tour, record pour des municipales depuis la 5e république c’est-à-dire depuis 1958. La perspective du FN n’a pas fait se mobiliser les électeurs. Ceci n’est pas étonnant quand on sait que les élections où l’on s’est le plus abstenus, tous scrutins confondus, se situent ces dix dernières années.
Non seulement refus de vote amplifié au 2e tour mais en plus :
- Plus fort chez les jeunes : +10%
- Plus fort dans les cités populaires (70% dans certaines cités) en particulier à Marseille où le refus de voter pour le PS conforte la droite.

Un FN renforcé politiquement malgré un score en deçà de ses espérances

Avec 48% de temps d’antenne pour le FN dans le mois qui a précédé l’élection les médias ont mis le paquet. Pour autant la progression du FN n’est pas une progression en voix mais en pourcentage du fait de la grève des urnes. Un million de voix, 2,34% des inscrits et 4,88% des exprimés au 1er tour et 3,74% des inscrits, 6,87 des exprimés au 2e. Ceci étant dit, le FN qui progresse entre les deux tours, fait nouveau, sort renforcé avec non seulement 4 mairies mais en plus des centaines d’élus municipaux et donc de moyens et de tribunes.

Le refus de voter à « gauche » conforte la droite

La droite fait dans certaines cités, elle qui avait 10% des voix de gauche au 1er tour des deux dernières présidentielles, un score qu’elle n’avait jamais fait. N’en doutons pas ce n’est pas un vote d’adhésion à l’UMP que la population haïssait naguère mais un vote sanction d’autant plus fort qu’il a mis des années de clientélisme et de promesses indues à se déclencher comme une digue qui sauterait brusquement.

Ce refus de voter à gauche ne fait guère de différence entre le FDG, le PCF et le PS, sauf quand ils sont clairement adversaires et que toute entente semble exclue, et bien avant le 1er tour. [1]

Comment s’étonner que les électeurs ne fassent guère de différence dans les forces de gauche quand elles sont alliées non seulement dès le 1er tour dans 75% des scrutins, mais qu’en plus cela se rajoute à la gestion commune de tant de départements et de régions sans que la population n’y voit un quelconque avantage pour elle ?

En 2014, le PC perd 57 villes de plus de 3 500 habitants et en regagne 5, soit un déficit de 52 villes, près de 30 % de l’effectif de départ. Il perd 7 villes de plus de 30 000 habitants sur 28 et 19 villes de plus de 10 000 habitants sur 81. Sur les 57 villes perdues, 30 l’ont été sur la droite, 22 sur la gauche, 5 sur des « divers » et pendant ce temps-là la direction du PCF se félicite que « le Parti communiste français reste le troisième réseau national de maires, »

Un vote qui se retourne contre leurs auteurs.

C’est une grève des urnes devant l’impasse idéologique dans laquelle la gauche a conduit le pays. Une grève des urnes qui ne peut suffire et peser sur la politique gouvernementale, il n’y a qu’à entendre les dirigeants du PS pour le comprendre et la nomination de Valls pour s’en convaincre définitivement. C’est donc une claque que la classe ouvrière vient de se donner à elle-même.

Autre élément de la grève des urnes et qui est à méditer, l’analyse sociologique des élus aux municipales : moins de 5% d’ouvriers (25% de la population), surreprésentation des cadres et cadres supérieurs, surreprésentation de la tranche d’âge 55 – 65 ans et l’étude ne prend pas en compte l’habitat populaire en particulier dans les grandes métropoles, ce qui, combiné à un rejet des forces politiques classiques, explique en partie le succès des listes dites citoyennes. Des partis qui se revendiquent de la classe ouvrière et ne la représentent pas dans sa diversité et sa précarité d’aujourd’hui apparaissent comme décalés.

Nouveau paysage qui traduit droitisation des idées. Droite à l’offensive dans les urnes, dans la rue, dans les médias et sur le terrain des idées.

Le mot même de gauche est à reconsidérer. Sommes-nous de gauche ? Oui si on remonte aux jacobins mais non si on regarde depuis 1983, c’est-à-dire depuis 31 ans…pas étonnant alors la réaction des jeunes qui n’ont jamais connu de politique de progrès social quelle que soit l’étiquette de ceux qui gouvernent.

Une étude des résultats montre que

Sur les communes de plus de 1000 habitants (9663) : les listes étiquetées à gauche sont présentes dans 5476, soit un peu plus que la moitié (56 %), le Front de Gauche obtient alors 4,2%.

Dans les 607 communes où les listes officiellement désignées comme étant celles du Front de gauche ou de certaines de ses composantes sont présentes (un peu plus de 6 % de l’échantillon de communes) la gauche du PS obtient 12%.

Dans les villes de plus de 20000 habitants le FDG et la gauche du PS obtiennent 9,2%
(...)

On ne remplacera pas le rôle des organisations politiques et en particulier l’action politique à l’entreprise ou dans le quartier.
De même le vote montre qu’ici, avec l’affaiblissement du comité chômeurs il y a absence de repères de classe dans les quartiers. De ce point de vue le vote dans les cités de La Ciotat, des quartiers Nord de Marseille ou de Port de Bouc sont des exemples éclatants.

Dans cette situation que devons-nous faire ? Nous résigner certainement pas !

Il nous faut rassembler notre camp :

En premier les communistes et l’appel d’invitation à cette soirée va dans ce sens.

Faut-il en faire, comme certains l’ont proposé, un appel soumis à signatures ? Si vous pensez que c’est le cas vous le direz et en tout état de cause il doit alors être amendé par vos remarques mais aussi modifié en ce sens.

Plus largement nous devons œuvrer pour un front populaire et non un front d’appareils, un front de classe, donc de toute la classe. En 2005 nous disions que la ligne de fracture entre droite et gauche passait par le NON et le OUI à l’UE…cela reste vrai….

Nous redisons aujourd’hui qu’être de gauche aujourd’hui c’est se prononcer contre les traités qui année après année asservissent les peuples. Etre communiste c’est considérer qu’il n’y aura jamais de bon traité dans cette Union européenne. (...)


[1C’est par exemple le cas, semble-t-il à Dieppe où le candidat communiste est élu et où se retrouvent un taux de votants supérieur de 10% à la moyenne nationale, un fort vote communiste dans les quartiers les plus populaires, une impossibilité pour le FN de se maintenir au 1er tour…et un PS qui se reçoit une raclée dans la triangulaire où il a choisi de se maintenir.



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