Scène nationale ou théâtre de répression ?

jeudi 31 juillet 2014
par  narosinfo
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Les lecteurs de Rouge Midi connaissent Zora Berriche candidate de Rouge Vif 13 aux dernières cantonales.

Il faut croire que l’engagement de Zora n’est pas du goût de tout le monde puisque l’année d’après, Zora était convoquée pour un « entretien pouvant aller jusqu’au licenciement » au motif qu’elle avait signé une pétition contre un projet qui se moquait du monde comme le disait Zora (et nous avec !) et auquel le théâtre s’était associé. Licencié pour une pétition ? L’affaire avait fait grand bruit et devant la mobilisation la direction avait reculé ( voir notrearticle de l’époque).

Eh bien cela n’a pas servi de leçon à son employeur, la scène nationale Théâtre du Merlan, qui remet ça à la faveur de l’été et au prétexte d’un motif des plus futile : « ne pas avoir assisté à la réunion préparatoire au pot de départ de la directrice » (sic !)....la même qui s’était associée un peu vite au projet fumeux pour les quartiers environnants et qui avait été à l’origine de la première tentative de licenciement de Zora.

Ne pas avoir envie de remercier la personne qui a voulu vous licencier est, selon le Conseil d’administration, une cause de licenciement !!!

Zora a été à nouveau convoquée le 15 juillet, mise à pied et licenciée dans la foulée pour ce motif ubuesque !

Le motif est d’autant plus vaseux que la directrice ne part pas au sommet de la gloire mais, comme l’indique le SYNPTAC CGT, après :

- que sa gestion du personnel ait été fortement contestée (En avril 2013, la médecine avait fait un courrier à la direction pour l’alerter des risques psycho-sociaux. Alertée par les déléguées du personnel, l’inspection du travail a fait à son tour une enquête.)

- que ses choix aient été mis en cause par la population des quartiers environnants : "Le Merlan est un outil, un formidable atout pour nous. C’est la seule scène nationale située au coeur des quartiers, Or, pendant dix ans, l’ancienne direction n’a pas eu de volonté de travailler avec les acteurs de terrain. Nous voulons que soit instituée une nouvelle relation avec les habitants." (Nadia Benjilali, membre du collectif des quartiers populaires et salariée du centre social l’Agora proche.)

- que sa gestion ait été mise en cause par les autorités de tutelle (en octobre 2013, le ministère de la Culture avait dû descendre faire une évaluation,

- et que, drôle de cerise sur le gâteau, le théâtre accuse un déficit de 106 000€ [1]

Nul doute que celles et ceux qui ne veulent pas d’une mise au pas des salarié-e-s et du théâtre n’en resteront pas là et lutteront jusqu’à obtenir l’annulation des sanctions.

Ci-dessous le communiqué du SYNPTAC CGT

L’avenir du Merlan se construit avec les salariés, et non contre eux :


Annulation des sanctions et réintégration de notre camarade !

Au Théâtre du Merlan Scène Nationale, dans un contexte social très dégradé et dans l’attente de la nomination d’une nouvelle direction, nous sommes abasourdis par des décisions disciplinaires arbitraires prises par le Président du Conseil d’Administration du théâtre du Merlan, M. Alain VIDAL-NAQUET, qui loin de calmer le climat social, jette de l’huile sur le feu.

Pour rappel, nous vivions depuis plusieurs années sous la houlette d’une direction qui pratiquait un management délétère ayant pour conséquence une grande souffrance parmi les salariés. Malgré ce contexte connu de tous, Monsieur VIDAL-NAQUET et l’ancienne directrice, Mme Nathalie MARTEAU, ont souhaité organiser une soirée festive « de départ » le 25 juin dernier. A cette période, le conflit national des intermittents s’est invité et la direction a décidé, la veille, l’annulation de l’évènement. Cette annulation sera à l’origine d’une situation qui aboutit, aujourd’hui, à des sanctions injustes et sévères pour deux salariées emblématiques du Merlan.

Il est reproché à Mme Patricia PLUTINO, déléguée du personnel SYNPTAC-CGT , et Zora BERRICHE, militante respectée et reconnue dans le quartier du grand Saint Barthelemy, de ne pas s’être présentées à une réunion (sans caractère obligatoire), le 24 juin 2014, pour gérer la soirée de « départ » de Nathalie MARTEAU, annulée dans le contexte de la grève des intermittents.

Patricia PLUTINO, en mi-temps thérapeutique et ce jour-là en RDV professionnels, reçoit un avertissement pour déloyauté envers ses supérieurs.

Zora BERRICHE est LICENCIEE pour faute réelle et sérieuse pour insubordination après avoir été mise à pied depuis le début du mois de juillet. Elle est actuellement en arrêt maladie, choquée par les méthodes utilisées.

Nos deux collègues de travail sont donc sanctionnées pour ne pas avoir participé à une réunion pour annuler l’organisation d’un évènement dont elles étaient, de toute façon, exclues tant des réunions préparatoires depuis le mois d’avril que du fait qu’elles seraient en repos le soir même de la « fête de départ ».

Nous ne sommes pas dupes. Il s’agit de prétextes pour régler des comptes aux mépris du devoir de la direction du Merlan de protéger la santé mentale et physique de ses propres salariés.

Ces deux salariées ne sont-elles pas les boucs-émissaires d’un management délétère que prolonge le président du Merlan qui n’a jamais voulu l’arbitrer antérieurement ?

Pour préparer l’arrivée d’une nouvelle direction et l’avenir du Merlan, nous aspirons à un apaisement de la situation et nous exigeons une levée des sanctions et la réintégration de notre camarade licenciée.

Bref historique du contexte managérial du Théâtre du Merlan :

- En avril 2013, la médecine du travail fait un courrier d’alerte à la direction du théâtre du Merlan concernant les Risques Psychosociaux

- En octobre 2013, une évaluation du théâtre est diligentée par la Direction Générale de la Création Artistique

- Fin novembre 2013, après une alerte faite par les déléguées du personnel, l’Inspection du travail mène une enquête auprès des salariés du Merlan

- Fin janvier 2014, une réunion a rassemblé dans les locaux de la DIRECCTE : la direction du Merlan, la déléguée du personnel, la CARSAT, l’Inspecteur du travail, un délégué national du SYNPTAC CGT et le Médecin du Travail. A l’issue, la DIRECCTE propose d’intégrer le dispositif ARCOLE, dispositif d’aide au dialogue social qui devrait se mettre en place à partir de septembre 2014

- Début février 2014, annonce officielle aux salariés du départ de la directrice Nathalie Marteau au
30 juin 2014

- Aujourd’hui, les interventions de ces divers services et la vacance de la Direction semblent ne pas avoir changé le climat social avec ces nouvelles sanctions envers nos collègues.

Contacts :

Céline HUEZ Délégué du Personnel, Déléguée syndicale synptac.cgt.sectionmerlan@gmail.com ; 06 74 00 22 91

Guillaume DELEUIL délégué régional et national paca@synptac-cgt.com


[1La Marseillaise du 23 juillet 2014



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