Vrais débats, postures et jeux d’échecs politiciens

mardi 26 août 2014
par  Charles Hoareau
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Il y a un vrai débat, parmi celles et ceux qui forment ce que l’on a coutume d’appeler « la gauche » – terme de plus en plus inadapté – sur les solutions à mettre en œuvre pour faire reculer le chômage, augmenter les salaires, bref développer la justice sociale.

Le débat est non seulement entre organisations dites de « gauche » mais aussi à l’intérieur d’elles et pas seulement au parti socialiste. Notons que l’aggravation de la crise, les guerres néocoloniales, le retour en force de l’impérialisme et le rôle de la France dans ce processus, mais aussi les luttes en cours qui déjouent les choix capitalistes comme ce fut le cas récemment à Fralib pèsent sur ce débat.

Au PS, le débat a lieu chez nombre d’électeurs troublés qui ont cru que « le changement c’était maintenant », chez des militants en désaccord avec les choix mais aussi chez un certain nombre de dirigeants au-delà des questions de postures individuelles et des arrières pensées carriéristes de tel ou tel. Désaccords sur les choix faits, ne voulant pas dire forcément accord sur ceux à faire.

Il y a aussi un débat dans le Front de gauche, débat qui porte bien plus sur la stratégie électorale et les alliances qu’elle induit, que sur la profondeur des changements à accomplir. Quand Mélenchon reproche, à juste titre nous semble-t-il, au PCF de s’être allié aux municipales avec le PS dans 80% des villes au « risque de brouiller le message » mais qu’il répond lui-même par une alliance avec les verts à Grenoble et qu’il ne cesse de faire des appels du pied en direction de ce parti dont l’ancrage « à gauche » est plus que douteux, on peut se demander s’il ne brouille pas lui aussi son propre message ou si sa stratégie d’alliance ne prime pas sur le contenu de celle-ci.

Pierre Laurent prédit que pour ce gouvernement « l’échec sera une nouvelle fois au rendez-vous » et d’ajouter : « Le temps est venu pour tous ceux qui refusent ce cap suicidaire d’entrer en action, de débattre et d’agir en commun, de rassembler la gauche et le peuple pour construire une autre politique, avec une autre équipe ». Rassembler la « gauche » quelle gauche ? Celle avec qui on va débattre aux universités d’été du PS ?

Mélenchon pour sa part appelle à une 6e république, formule assez vague pour être approuvée par tout le monde surtout quand on a combattu, comme ce fut le cas des communistes, la constitution de la 5e république et son caractère monarchique. On peut quand même douter du contenu révolutionnaire de cette proposition quand on entend le même, qui naguère postulait pour être 1er ministre (!) se réjouir que Duflot ou Montebourg aillent dans le même sens que lui (sic !).

Montebourg de gauche ? Allez le demander aux fralibs qui vous parlerons de quand il est venu faire son brillant exposé sur la démondialisation….et les limites qu’il mettait au terme. Démondialisation oui, mais s’attaquer à UNILEVER, réquisitionner la marque ou bloquer ses produits aux frontières non !

La démission du gouvernement accélère (ou en est un des fruits) la recomposition à gauche, recomposition dont un certain nombre de forces, des verts au PG en passant par Robert Hue qui réapparaît comme par un enchantement médiatique calculé, rêvent de se servir pour prendre la place laissée vide par un PCF dont ils finiraient de manger la dernière laine sur le dos…

En vérité, si celles et ceux qui pensent vain de tenter d’humaniser un système à bout de souffle mais qu’il faut réellement changer de société, veulent être crédibles et ne pas apparaître comme des marchands de rêve, il faut appeler un chat un chat et dire clairement les choses :
- le capitalisme n’a pas d’avenir il faut en sortir dans un processus révolutionnaire à la bolivarienne comme tentent de l’inventer plusieurs pays d’Amérique latine
- il faut rendre la terre, les usines et les moyens d’échanges au monde du travail car ce qui est posé ce n’est pas seulement la question du partage des richesses mais celle de leur possession.
- il faut sortir de l’euro et de ce carcan impérialiste de l’UE dont il est impossible et illusoire de vouloir en faire une « Europe » sociale tant elle est verrouillée et organisée comme une dictature impérialiste et technocratique.
- il faut sortir de l’OTAN et refuser toute alliance avec des forces qui soutiennent la politique guerrière de la France de l’Ukraine à la Centrafrique, en passant par la Syrie, la Libye ou le Mali.

Sur ces quelques points oui des femmes et des hommes, aujourd’hui dispersés dans les urnes (quand ils s’y rendent) mais souvent rassemblés dans les luttes peuvent s’unir au-delà des postures, des arrières pensées et mener de vrais débats et combats.

C’est tout le sens de notre appel.



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