L’université israelienne mérite le boycott .

mercredi 11 octobre 2006
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Par Ilan Pappe (Irish Times mardi 3 octobre 2006)

Extraits de la réponse d’Ilan Pappe à Guy Beiner qui lui demande de « repenser » sa position sur le Boycott des Echanges Universitaires entre Grande-Bretagne et Israël.

L’idée d’un boycott universitaire général à l’encontre d’Israël n’est pas une attaque personnelle contre des individus et, reste en outre, totalement justifiée.

Le 27 septembre, dans « Opinion » G.Beiner nous a demandé de « re-considérer » l’idée d’un boycott universitaire d’Israël.

Voici une bonne idée ! Et en ma qualité d’universitaire israélien qui soutient fermement le boycott, je trouve moi-même utile de « repenser » un appel si draconien à l’égard de mon pays et de mes pairs de l’Université.

Pour lui, cette « re-considération » se centre majoritairement sur les stratégies de la campagne et ne dit rien du contexte. Il a en plus des informations incomplètes sur son déroulement......

....Puisque, en Palestine, l’Université et la société civile sous occupation en appellent à un boycott comme la dernière réponse à cette occupation qui n’en finit pas et à une dévastation à venir,il est clair que le boycott est institutionnel et ne vise pas les individus.....

.....Je me rends régulièrement aux endroits où quotidiennement le système de sécurité israélien exerce violence et torture sur des milliers de palestiniens....Les doigts d’une seule main me suffisent à compter les universitaires qui s’y rendent....

......Il faudrait que les universitaires irlandais discutent avec les membres de ISM : Mouvement de Solidarité Internationale,qui jour après jour sont les témoins de la dangereuse politique d’assassinats de masse, de nettoyage ethnique , d’emprisonnements longs sans jugement,de démolition de maisons et d’expropriation de terres. C’est une liste sans fin d’actes de barbarie qui ne peut pas se réduire à l’euphémisme de problème de « droits humains » qu’emploie Breiner.

A la vue de tels actes, on peut comprendre, sans les pardonner, les bombes humaines qui se font exploser dans des zones civiles. Ceux qui en appellent au boycott, tant en Palestine qu’en Israël , souhaitent trouver d’autres issues pour en finir avec l’occupation.

Pendant des années nous avons cru en et soutenu le processus de paix .Mais après quarante ans, nous réalisons que chacun de nos efforts a échoué à cause du désir israélien d’avoir un maximum de cette terre avec un minimum de Palestiniens qui y vivent.

Que peuvent faire les Palestiniens qui n’ont plus aucun espoir de vivre en paix ni de voir la violence condamnée après ces quarante années dont Israël sort indemne malgré sa politique de mensonge et dévastation . Cette même politique a conduit à condamner, sévèrement et à juste titre, d’autres états ces dernières années.

Le problème ne réside pas dans le fait que le dialogue n’est pas « à la mode » ; le dialogue a été perverti en moyen d’occupation par Israël.

Le voilà, le contexte et conséquemment le boycott n’est pas une tentative d’ « alléger la misère des Palestiniens » comme l’estime Beiner.

Beiner ne sait pas ou ne veut pas savoir pourquoi le mot « misère » est vidé de son sens pour décrire les horreurs de l’occupation.

Ce que nous tous, partisans de Boycott, Désinvestissement, Sanctions voulons c’est nous élever contre le projet israélien explicite de détruire le peuple palestinien.

Il ne s’agit pas simplement des difficultés quotidiennes que provoque l’occupation ; il s’agit de l’expulsion des palestiniens du Grand Jérusalem et du déracinement imminent de centaines de milliers d’entre -eux de larges zones de Cisjordanie. C’est encore un dernier effort pour empêcher l’escalade des assassinats de masse qui fait rage dans la bande de gaza.

Pour terminer, Beiner souligne qu’il faut exonérer les universitaires israéliens de toute culpabilité. Mais l’Université israélienne est coupable, accusation des universitaires

Palestiniens que Beiner ridiculise....

Coupable de ne pas s’élever contre les atrocités commises elle les cautionne et leur permet de perdurer.
Nous avons tous, et à juste titre, condamné le silence des universitaires allemands pendant la période nazie, alors qu’ils risquaient tout au mieux d’être exécutés.

Les universitaires israéliens, eux ne risquent rien à critiquer la politique d’occupation et de nettoyage ethnique. Et pourtant ils restent muets et en majorité, ils la soutiennent.

En outre, l’université fournit l’infrastructure morale de l’occupation et certains de ses membres prestigieux sont des auxiliaires de sa pratique quotidienne comme le rapporte l’appel au boycott palestinien.

Même si Beiner se permet de ne pas voir les atrocités israéliennes, il ne peut naïvement déclarer qu’il ignore que toute démarche nationale est mise en place avec la caution active de l’ Université,en Israël :il enseigne en Israël !

Ce sont des experts en démographie et en géographie qui sont les conseillers de cette politique qui emprisonne plus d’un million de palestiniens dans la bande de Gaza et en Cisjordanie.

Ce sont des architectes qui ont dirigé la construction de cet illustre mur de l’apartheid, après en avoir fait les plans ; ce sont des orientalistes qui fournissent la logique de la destruction du tissu social de la société « indigène » et de la famine de ses enfants .Tout cela et encore davantage ne peut être accompli qu’avec une justification d’érudits et un auxiliariat d’universitaires qui travaillent véritablement comme conseillers à l’élaboration de stratégies...

L’université de Beiner a fourni certains conseils et stratégies......

......Depuis la fenêtre de la salle où il enseigne, Beiner peut voir comment on vaporise du poison dans l’air que les bédouins respirent et en cinq minutes, en voiture, être à la prison proche où l’on torture des Palestiniens pour qu’ils deviennent collaborateurs de l’occupant.

Il devrait introduire de la politique dans ses cours. La destruction de la Palestine entraînera inévitablement la destruction d’Israël.

Ilan Pappe est conférencier et directeur de recherches en sciences politiques à l’université de Haifa. Il mène campagne pour le respect des droits humains du peuple palestinien.

(Traduction Rachel Choukroun, pour les Femmes en Noir, Marseille)



Commentaires

jeudi 12 octobre 2006 à 17h46

Juste un petit commentaire... la politique d’Israel n’est possible que parce que les Etats-Unis soutiennent
massivement militairement et financierement Israel. Alors quitte a boycotter un pays, autant boycotter
les Universites americaines... mais ca personne ne s’y risquera.
Personnellement, je ne comprends pas cette idee de boycott. Je rappellerai tout de meme qu’Israel n’est pas le
seul pays au monde a violer les droits fondamentaux de la personne. Le crime colonialiste n’est pas le seul. Et
puis parmi les pays colonialistes, il y a la Chine qui occupe le Tibet et massacre et deporte... vous proposez un boycott
des universites chinoises (de plus il y a plus d’executions en Chine par an que de palestiniens tues en Israel chaque annee) ? Et on peut ainsi ralonger la liste...

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