17 octobre 1961 : Cinéma pour la mémoire

jeudi 16 octobre 2014
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Le 17 octobre 1961, des dizaines de milliers d’Algériens manifestaient pacifiquement à Paris contre le couvre feu discriminatoire qui leur avait été imposé par Maurice Papon, préfet de police de Paris. Ce même Maurice Papon, qui sera condamné en 1998 pour crime contre l’humanité dans la déportation de Juifs bordelais entre 1942 et 1944, quand il était secrétaire général de la préfecture de Gironde.

Ce 17 octobre 1961, les manifestants algériens défendaient leur droit à l’égalité, leur droit à l’indépendance et le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes. Des centaines perdirent la vie, victimes d’une violence et d’une brutalité extrême des forces de police.

La France n’a toujours pas reconnu sa responsabilité dans les guerres coloniales qu’elle a menées, - en particulier la Guerre d’Algérie - non plus que dans le cortège de drames et d’horreurs qu’elles ont entraînés, comme ce crime d’Etat que constitue le 17 octobre 1961.

En 2014, un collectif d’associations et de structures anticolonialistes, a lancé l’appel du 17 octobre 2014. Ce texte note qu’en 2013, le Président de la République a fait un premier pas important, en déclarant : "Le 17 octobre 1961, des Algériens qui manifestaient pour le droit à l’indépendance ont été tués lors d’une sanglante répression. La République reconnaît avec lucidité ces faits. Cinquante et un ans après cette tragédie, je rends hommage à la mémoire des victimes."

Mais le terme de crime n’est pas utilisé et les responsabilités ne sont pas clairement définies alors que certains ne se gênent pas pour évoquer les "bienfaits de la colonisation", célébrer le putsch des généraux à Alger contre la République et rendre hommage aux les criminels de l’OAS.

Reconnaître et condamner le crime

Pour les associations et mouvements signataires de l’appel du 17 octobre 2014, après un demi-siècle, il est temps que :

  • - « le Président de la République, au nom de la France, confirme, par un geste symbolique, la reconnaissance et la condamnation de ce crime d’état ;
  • - la Fondation pour la Mémoire de la Guerre d’Algérie soit redéfinie sur des bases totalement différentes ;
  • - l’Etat français reconnaisse sa responsabilité dans l’internement arbitraire, pendant la Guerre d’Algérie, d’Algériens dans des camps ;
  • - l’Etat français reconnaisse sa responsabilité dans l’abandon des harkis, les massacres et l’enfermement dans les camps en France en 1962 ;
  • - la liberté d’accès aux archives soit effective pour tous, historiens et citoyens ;
  • - la recherche historique sur ces questions soit encouragée, dans un cadre franco-algérien, international et indépendant ;
  • - La vérité doit être dite sur l’organisation criminelle de l’OAS que certains, au sein de l’ancienne majorité présidentielle sarkozyste ont voulu réhabiliter.

Dans cet esprit, elles organisent à Marseille, Toulon et La Ciotat une série de manifestation du 16 au 25 octobre.

Un film unique

Le Cercle Manouchian, la FRACHI, l’Espace Franco-algérien Paca-Méditerranée, l’Association nationale des Pieds Noirs progressistes et leurs amis et Rouges Vifs 13, tous signataires proposent le film

Octobre à Paris, de Jacques Panijel.

Le vendredi 24 octobre à 20 heures au CRDP
(Accueil à partir de 18 h/ collation possible)
31, Bd d’Athènes 13001

Et le samedi 25 octobre à 16 heures (accueil à partir de 15h)
Au siège de Rouges Vifs 13
9 rue Saint-André 13014 Marseille

Dans les mois qui suivent les massacres d’octobre 1961, Jacques Panijel, biologiste, membre du comité Maurice Audin, met en scène une reconstitution du quotidien des Algériens : la vie dans les bidonvilles de Nanterre et Gennevilliers, les arrestations, le centre de torture du 28 rue de la Goutte d’or. Il fait jouer, par ceux qui en avaient été les acteurs et sur les lieux mêmes, la préparation et le départ de la manifestation du 17 octobre, évoquée par un montage d’archives, photos et images filmées. Puis des témoignages : la caméra refait le trajet de ceux qui ont été arrêtés, battus, jetés à la Seine.

Les copies sont saisies dès sa sortie et le film n’obtiendra un visa de censure qu’en 1973, après une grève de la faim du cinéaste René Vautier (Avoir 20 ans dans les Aurès, 1972).

En 1981, des promesses de diffusion à la télévision restent sans suite. Aujourd’hui encore les copies dispersées d’Octobre à Paris sont quasiment invisibles.

Continuité des luttes

La projection de ce film unique par son histoire et par sa force, sera suivie d’un débat animé par Francis Arzalier, historien, essayiste, spécialiste de la période coloniale.

Seront également présents Salika Amara, présidente de Filles et Fils de la République, et fondatrice de la troupe de théâtre de femmes "Kahina" et Mogniss H. Abdallah, écrivain, réalisateur et producteur, auteur d’une étude sur le traitement médiatique du 17 octobre 1961.

Comme le précise l’Appel du 17 octobre 2014, « Cette commémoration ne vise pas uniquement à parler du passé. Force est de constater que les comportements colonialistes perdurent dans la France du 21e siècle. Par exemple, lors des révoltes de 2005, le gouvernement n’a pas hésité à instaurer un couvre-feu.
Il y a une continuité évidente dans les luttes anticoloniales de cette époque et les luttes actuelles de l’immigration, c’est le combat pour l’égalité des droits dans tous les domaines. En 2015 le 70e anniversaire des massacres de Sétif, le 8 mai 45, sera l’occasion de continuer la lutte, mobilisons-nous dès maintenant, prenons de multiples initiatives pour faire cesser le silence. N’oublions pas que la plaque commémorant ces massacres, qui a été posée en juin 2013, a disparu sans aucune réaction sérieuse des autorités. »

Danielle avec La peniche

La photo de une est extraite de Octobre Noir, une bande dessinée sur le 17 octobre 1961
http://www.depechedekabylie.com/cuture/100976-octobre-noir-une-bande-dessinee-sur-le-17-octobre-1961.html



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