La sémantique ubuesque de l’empire

jeudi 12 mars 2015
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Le gouvernement des États-Unis (PIB : 16.768.100 millions de dollars) déclare que la situation au Venezuela (PIB : 371.339 millions de dollars) : ... Constitue une menace exceptionnelle et extraordinaire à la sécurité nationale et à la politique étrangère des États-Unis ... Et que cela oblige la Maison Blanche, selon ses dires, à : ... Déclarer une situation d’urgence nationale pour faire face à cette menace.

« Pourquoi, » demandent les Vénézuéliens – opposition parrainée par les États-Unis y compris – « pensez-vous que nous soyons une menace exceptionnelle et extraordinaire qui vous oblige à déclarer une situation d’urgence nationale ? »Nous ne croyons pas un instant que vous soyez une menace exceptionnelle extraordinaire qui nous oblige à déclarer une situation d’urgence nationale", est la réponse :

Des officiels de Washington ont affirmé que qualifier le Venezuela de menace à la sécurité nationale était largement une formalité.

« Une formalité ? » demandent les Vénézuéliens. « Pourquoi est-ce une formalité de nous considérer comme une menace exceptionnelle extraordinaire à votre sécurité nationale ? Cela n’a aucun sens. Quelle est la prochaine étape ? Ce sera une simple formalité de nous tuer ? »

Il est formellement nécessaire de pouvoir sanctionner certains officiels de votre gouvernement,« explique un officiel américain haut-placé sous couvert de l’anonymat. »Pour ce faire, la loi exige que nous déclarions que vous êtes une menace exceptionnelle extraordinaire à la sécurité nationale qui nous oblige à déclarer une situation d’urgence nationale.« »Mais nous ne sommes pas une menace. Vous le dites vous-mêmes. Alors, pourquoi voulez-vous sanctionner nos officiels alors que vous dites vous-même qu’il n’y a aucune raison de le faire ? Sur quelles bases légales agissez-vous ? Pourquoi ces sanctions  »Parce que le la situation au Venezuela ... constitue une menace exceptionnelle extraordinaire pour la sécurité nationale et la politique étrangère des États-Unis qui nous oblige à déclarer une situation d’urgence nationale pour faire face à cette menace « »Ça équivaut à nous déclarer la guerre. Ça n’a aucun sens« . »Voyons, c’est juste une formalité."

On pourrait penser que ce dont je viens de parler constitue le summum dont le gouvernement étasunien soit capable en matière de comportement ubuesque. Mais il y a pire.

Le président vénézuélien Maduro a répondu devant l’Assemblée nationale :

« Cette menace agressive du gouvernement des États-Unis est la plus grande menace dont la République bolivarienne du Venezuela, notre pays, ait jamais été victime, » a-t-il dit sous les applaudissements, [...] « Serrons les rangs pour former un poing serré d’hommes et de femmes. Nous voulons la paix. »

Il a parlé des interventions militaires étasuniennes précédentes en Amérique latine et a prévenu que les Etats-Unis préparaient une invasion et un blocus naval du Venezuela.

« Ils se préparent à nous envahir en se servant du prétexte des droits de l’homme, » a-t-il dit ...

Au cours des 125 dernières années, les EU sont intervenus en Amérique du Sud au moins 56 fois par des opérations militaires ou de renseignement. Ce pays perpétuellement interventionniste est le pays même qui vient de déclarer que le Venezuela est une menace exceptionnelle et extraordinaire pour la sécurité nationale et la politique étrangère des États-Unis qui exige de déclarer une situation d’urgence nationale.

Ça n’a rien d’ubuesque que Maduro puisse penser qu’une telle déclaration sera suivie d’une de ces perpétuelles interventions. Surtout sachant que des officiels étasuniens circulent au Venezuela sous des déguisements pour distribuer de l’argent aux partis d’opposition. Maduro n’est pas le seul à craindre une intervention étasunienne. Tous les pays sud-américains ont condamné la déclaration des États-Unis et elle a même scandalisé les politiciens pro-étasuniens de l’opposition au Venezuela.

Mais pour les officiels étasuniens, pour toujours anonymes, c’est la victime de leurs exagérations ubuesques qui en fait trop :

« Il est remarquable que le gouvernement [vénézuélien] fasse des déclarations aussi ubuesques sur le gouvernement des États-Unis – de quoi parle-t-on ici, de notre 16e ou 17e tentative de coup d’état ? Et maintenant nous allons les envahir ? » dit l’officiel. « La durée de vie de toutes ces accusations, c’est quoi, un jour ou deux ? Même le plus bête consommateur de médias va bien voir qu’il n’y a pas d’invasion. »

Etant donné le double langage étasunien dans toute cette affaire, il convient d’être très prudent avant de croire « qu’il n’y a pas d’invasion ».

Moon of Alabama

Traduction : Dominique Muselet

Transmis par Linsay





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