Grèce : Ah ils ont l’air fin !

lundi 6 juillet 2015
popularité : 4%

Ils ont l’air fin tous ceux qui parlaient, comme d’un fait établi, d’un score serré entre le OUI et le NON et même d’une légère avance du OUI !
Plus de 20% d’écart ! Comme score serré on fait mieux !
Il faut aussi compter avec les plus de 40% d’abstention et les 5,7% de votes blancs dont beaucoup semblent bien influencés par les positions du KKE appelant à la lucidité et prônant un refus de l’austérité qu’elle viennent de la Troïka ou du gouvernement grec.
Quelques réactions choisies ce matin

Le président bolivien Evo Morales s’est félicité ce dimanche de la victoire du "non" lors du référendum grec et a estimé qu’elle constituait une défaite pour "l’impérialisme européen".

"Je félicite le grand peuple grec pour le triomphe du ’non-paiement’ de la dette, qui constitue une déroute infligée à l’impérialisme européen", a déclaré le président bolivien, cité par l’agence de presse gouvernementale ABI.

Le résultat du référendum "est le début de la libération du peuple européen", a ajouté Evo Morales, qui a exprimé "son respect et son admiration pour le peuple grec".

La présidente Argentine, "Le peuple grec a dit NON aux conditions impossibles et humiliantes qu’on prétend lui imposer pour la restructuration de sa dette extérieure", a déclaré la présidente. "Nous, les Argentins, nous savons de quoi il retourne. Espérons que l’Europe et ses dirigeants comprendront le message des urnes. On ne peut exiger de personne qu’il signe son propre acte de décès", a ajouté Mme Kirchner.

Pour rappel, l’Argentine avait déclaré en 2001 le plus gros défaut de paiement de l’Histoire, d’un montant de près de 100 milliards de dollars, alors qu’elle traversait une crise économique, sociale et politique sans précédent.

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LES BANQUIERS CONTRE LA SOUVERAINETÉ

(...)
BFMTV met en bandeau : « Vers une large victoire du NON ». Ça change du ton de la semaine écoulée. Les médias et les politiques nous pronostiquaient un OUI, un OUI serré, mais un OUI quand même. Cela faisait partie de la guerre idéologique menée pour stopper la dynamique du NON. Tout aura été fait. Sondages truqués, fermeture des banques pour créer la peur, proposition d’un gouvernement de technocrates en place de celui que les Grecs se sont choisi. Mépris, de Juncker, de Merkel, à l’instar de Lagarde … sommant les Grecs de se comporter en adultes. Et présentation du NON comme d’un NON à l’euro …

Ce soir, ces gens-là, on ne les entend pas. Seuls parlent les partisans du NON. Mélenchon, Montebourg, Laurent, Dupont-Aignan et Le Pen. E.Woerth se risque à un commentaire de café du commerce : « La Grèce a choisi de sauter dans l’inconnu ». Hollande se tait. Merkel se tait. Juncker se tait. Pascal Lamy, ancien directeur du FMI ose quand même une analyse forte : « C’est clair qu’il y a un rejet ». Le journaliste présent devant la commission européenne est bien seul devant la porte close : « un silence assourdissant » commente-t-il. Sur ITélé, Olivier Ravanello continue cependant dans le mépris : « on aurait pu faire un référendum sur le bonheur et on aurait gagné » en assénant pour finir : « les lois de l’économie sont là », transformant ainsi les choix austéritaires de l’UE en "lois de l’économie". Mais curieusement les journalistes présents semblent découvrir au soir du 4 juillet que Tsipras ne faisait pas voter sur l’appartenance ou non à l’euro et que le peuple grec avait tout simplement une vraie aspiration à son indépendance. Après avoir développé tout le contraire durant la semaine passée.

Hollande consulte et réunit Valls, Sapin, Harlem Désir. Mais ils se taisent. Ils attendent : Merkel et Hollande doivent se concerter avant de prendre position. Ce qui confirme que la voix de la France n’est plus indépendante. Les dirigeants des deux plus grands pays européens font front ? Ce sont eux qui vont donc mettre au point la réaction européenne ? Et les autres ? Ils n’ont rien à dire ? La Slovénie, les pays baltes, la Pologne ? Et l’Italie, l’Espagne, le Portugal … Pas consultés non plus ? En réalité Hollande et Merkel doivent mettre en musique politique la réaction du capital européen et de son bras armé, la commission européenne.

Ce soir, nous ne bouderons pas notre joie. Car il est clair maintenant que l’Union Européenne est un carcan pour les peuples et qu’il leur faut du courage pour s’affranchir de ses décisions. Il faut l’affronter politiquement. Comme le fait le peuple grec. Comme l’ont fait les Français en 2005. Mais les peuples européens, seront définitivement délivrés de la politique libérale-capitaliste de l’UE quand ils feront sauter les chaînes de cette dernière et en sortiront pour construire des coopérations économiques, sociales, culturelles qu’ils auront librement choisies et construites.

Les peuples de l’Europe doivent être souverains. Sans restriction et sans exception.

Dimanche 4 juillet, 22 heures 30
Yvette Genestal sur Action communiste 76

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A CHAUD, IL FAUT SE SITUER DANS CE PROCESSUS DYNAMISE PAR LE NON GREC

Le NON l’emporte en Grèce à plus de 60%… De multiples perspectives sont ouvertes, ce qui est important c’est le processus… autant que le dévoilement de ce que sont les institutions européennes. Il faut partir de là… il fallait que le NON l’emporte parce que la conduite incroyable des dirigeants européens à l’égard d’un social-démocrate des plus classiques témoigne clairement de la nature de la guerre contre les peuples menée par l’UE, le FMI… Mais la suite reste problématique même si le vote grec met tout le monde au pied du mur.

Premier constat à rebrousse idées reçues : les Grecs ont bien de la chance d’avoir un parti communiste, un vrai, un syndicalisme de masse et de classe qui n’ait pas été laminé (comme dans le cas de Podemos), mais continue à « muscler » la société grecque. Oui le KKE passe pour le mauvais coucheur de l’Histoire et pourtant quel est son rôle dans la résistance grecque ? Imaginez ce que serait la société française avec un parti communiste pratiquant la politique des années soixante dix y compris sur l’Europe, Quoiqu’il en dise Hollande lui-même serait obligé de renvoyer Macron dans les couloirs de sa banque d’affaire. En ce qui concerne la Grèce, la position du KKE a eu de l’écho y compris chez une partie de ce qui ont voté NON. il faut affiner mais d’une part il y a une forte abstention plus de 40% et 5,7% de votes nuls qui paraissent marquer le refus de choisir entre l’austérité et l’austérité, position prônée par le KKE, 5,7% ce n’est pas rien dans un tel contexte. Des gens qui légitimement ont des doutes sur ce qu’on peut attendre de l’Europe. De l’autre il y a un vote massif des banlieues et villes populaires en faveur du NON (le cas cité est celui du vote à plus de 92% d’un bastion ouvrier du port d’Athènes), une bonne partie de ces gens là n’a pas plus d’illusion., depuis des années il paye le prix fort de sa connaissance de ce qu’est l’UE.. Il y a de la réserve pour la résistance populaire et parmi ceux qui ont voté déjà une grande partie semble prête à la sortie de l’euro. C’est pourquoi au-delà du vote on peut parler de processus.

Parce que celui qui doit être embêté c’est Draghi. Dès ce soir le gouvernement grec a sollicité la fin du blocage instauré par la BCE contre les banques grecques. Dans la plupart des cas un tel blocage devait produire de la panique, de la colère contre le gouvernement, c’était de fait un coup d’Etat que l’UE opérait contre une consultation démocratique, un viol de toutes les règles démocratiques, les siennes et celles du peuple grec, un viol relayé par tous les médias, tous les politiciens européens. . Ou la BCE poursuit dans son soutien aux créanciers et à leurs absurdes exigences visant à renvoyer Syriza ou elle cède dans ce cas on s’apercevra des limites de la politique de Syriza par rapport à l’espoir des Grecs…Blocage féroce des allemands et autres finlandais, slovaques ou accord reddition qui décevra le peuple : Il n’y aura pas d’autres issues que la sortie de l’euro et c’est face à la déception d’un peuple que le choix du KKE peut aider à ne pas subir une « ukrainisation », l’assaut des bandes d’Aube dorée lancées par le capital. .

Nous sommes au niveau mondial dans de très grands bouleversements qui exigent de la part de nos responsables politiques une capacité d’innovation et de sortie des cadres imposés, seul un peuple en résistance contre le néolibéralisme et l’austérité peut produire de tels dirigeants. nous sommes devant le possible effondrement d’une hégémonie unipolaire née de la seconde guerre mondiale. Quand on sait qu’au même moment du pari grec, une très importante réunion des Brics a lieu à Oufa en Russie, on ne peut s’empêcher de penser qu’Obama invitant l’UE et les créanciers à la modération mesure les effets sismiques de la situation européenne. Nous sommes dans une situation qui impose un changement profond, le seul obstacle est l’absence de perspective et la non mobilisation de ce fait des peuples. Mais le fait est que dans de multiples endroits ils sont contraints à la résistance, on ne leur laisse plus d’autre choix. Je ne crois pas que le peuple grec se soit fait duper sur la non sortie de l’euro, pas quand le vote est proche des 60% en faveur du NON.

Nous gauche, communistes français ne pouvons pas continuer à jouer la partie par procuration, nous devons en tirer leçon. Il ne faut pas renouveler l’erreur de notre incapacité à faire fructifier le NON au traité constitutionnel, Si la droite et le PS ont pu l’anéantir c’est parce qu’il n’y a pas eu des communistes et même une gauche capable d’organiser notre peuple dans sa résistance. Ce NON était un vote de classe, il a été tiré vers des manœuvres de sommet dans lesquelles le peuple français ne s’est pas reconnu et la complaisance des pouvoirs face au FN a fait le reste. Serons-nous toujours aussi médiocres ? . Aujourd’hui dans son discours au parti de Gauche, Melenchon offrant sa personne à l’élection présidentielle m’a étrangement rappelé Mitterrand en mai 68 faisant la même offre et cassant un mouvement déjà fortement endommagé par les pseudo-révolutionnaires de Charletty. Quant à Chassaigne il atteint un sommet en proposant que la France mette son veto à la sortie de la Grèce de l’euro, sans même laisser le temps aux Grecs de faire leur choix face aux négociations. Tout cela est dérisoire.

Reprenez-vous et réfléchissez au contenu réel de ce qui peut aujourd’hui mobiliser le peuple français.

Cela dit ne boudons pas notre plaisir. c’est tout de même extraordinaire de voir la gueule de certains vendus politiciens ou journalistes, celui qui tire une tronche pas possible c’est Woerth et qui se prétend le représentant de tous les autres gouvernements et il ajoute : « eux aussi ils sont élus, on dirait qu’il y a seulement la Grèce qui soit une démocratie »…

Au fait monsieur Woerth, je ne vous le fais pas dire, souvenez-vous du vote des Français pour le traité constitutionnel et la manière dont il a été étouffé à Lisbonne.

Danielle Bleitrach sur Histoire et société.



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