La trahison Total

mercredi 8 juillet 2015
par  Romain
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Des centaines de personnes étaient rassemblées jeudi 2 juillet sur le site de Total La Mède, en soutien aux salariés qui contestent l’arrêt programmé du raffinage. Près de 180 emplois menacés, 1300 en comptant les entreprises extérieures.

Pas un centimètre carré d’ombre autour du rond-point de la raffinerie. Le soleil, au zénith. Les boissons, à l’ombre. Les banderoles, accrochées au grillage de l’usine : “En lutte pour sauver Total La Mède”, “Total tueur d’emploi”. Présents, des salariés de Total bien sûr, des familles, des retraités mais également d’autres camarades d’entreprises en lutte.

“Une évidence” selon Édouard Pagni, des Moulins Maurel. “Nous, c’est grâce à la convergence des luttes qu’on s’en est sorti (l’activité doit reprendre en 2016, ndlr), il faut lier tous les secteurs, et surtout l’industrie et l’énergie. On est plus fort unis.” Il en est persuadé, la résistance au capital passe par le syndicalisme. Il est conscient que, sans “l’épée de Damoclès” de la CGT, il n’y aurait pas eu de rapport de force avec sa direction. “On n’était jamais beaucoup à garder l’usine. Mais en face, ils savaient qu’en quelques coups de fils, 300 gars pouvaient débarquer !”. L’unité donc, face à un capital dont “la nature a changé, on ne produit plus rien” assène l’imposant syndicaliste. Pourtant, on produit toujours. Ailleurs.

Ce qui transpire, c’est la volonté assumée de débarrasser la France du raffinage. Peu avant sa mort, l’ancien PDG emblématique du champion du CAC40, Christophe de Margerie, déclarait : “Sur le raffinage, les pertes sont supérieures à tous les gains faits par ailleurs dans l’Hexagone. Nous devons continuer notre politique d’anticipation et de reconversion industrielle, même si ça suppose de vrais changements.” Comment faire autrement ? Le discours éternel de l’impérialisme. Pour Julien Granato, secrétaire CGT du site de La Mède, le problème vient du manque d’investissement, Total laisse pourrir : “on a tout fait pour transformer le raffinage en centre de coût. Nous portons, nous, l’idée d’une industrie propre et adaptée au service des Français.” Et de citer l’Union française des industries pétrolières qui, en 2010, estimait à 1,2 milliards d’euros le coût d’une réorientation et d’une mise à niveau des raffineries nationales.

La question de l’indépendance énergétique est éludée. En 2014, 75 millions de tonnes de pétrole raffiné ont été consommées en France, sur 55 millions de tonnes produits domestiquement. La fermeture de La Mède ? 7,5 millions en moins. Total fuit l’Europe et ses dispositions en matière de droit du travail de respect de l’environnement, jugées trop restrictives. La multinationale mise autrement. Comme sur la nouvelle raffinerie de Jubail, en Arabie Saoudite, le double de capacité de production du premier site hexagonal, pour le même nombre de salariés. La Française s’installe dans une dictature wahhabite, peu encline à respecter les droits humains les plus élémentaires. Alors le droit des travailleurs, soient-ils immigrés… Ne parlons pas des normes environnementales, inexistantes dans un territoire qui réunit à lui seul 25% des réserves mondiales de brut.

La direction avance un projet de biocarburant. Deux poids, deux mesures : Nutella se fait lyncher par Ségolène Royale pour utiliser de l’huile de palme en grande quantité, la ministre de l’écologie en appelle même au boycott de la marque. Total veut produire de l’agrocarburant de première génération, soit 500 000 tonnes de cette même huile végétale par an ! Et silence de Madame la ministre sur le sujet…

A La Mède, à quelques kilomètres de Martigues, les salariés achèvent bientôt leur quatrième semaine de grève. Jeudi 2 juillet marquait le début d’une campagne de blocage des stations services 100% Total (en excluant les franchisés), une action vouée à s’internationaliser (la Fédération nationale des industries chimiques fait partie de la Fédération syndicale mondiale). La CGT prône le boycott des produits Total.“Depuis 2009, on dénonce le manque d’investissement. Un camarade avait même perdu la vie cette année là.” rappelle Julien Granato. Pour lutter contre la perte de leur outil de travail, la politique de déliquescence programmée, la mauvaise orientation (le manque de diesel), les salariés de l’étang de Berre sont en grève.

Soutenez-les.

Vous pouvez envoyer vos dons par chèque (ordre : CGT Total La Mède) à l’adresse CGT Total La Mède avenue Mirabeau 13220 Châteauneuf Les Martigues.

Romain Truchet
Vincent Dulout



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