A Air France comme ailleurs c’est l’emploi qui est en lambeaux

mercredi 7 octobre 2015
par  Charles Hoareau
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Depuis plusieurs jours je n’ai pas pu joindre Miguel [1] . Je l’imagine sans peine, lui et les autres camarades, sur les charbons ardents. Entre réunions avec la direction, assemblées de salariés, prises de parole, travail avec les experts dans le cadre du droit d’alerte, rédaction de tracts, propositions et communications diverses, sans parler de la nécessaire réponse aux sollicitations extérieures, ils doivent être débordés.

Je les imagine aussi sans peine ayant dépensé des tonnes de salive pour mobiliser pour cette journée du 5 octobre annoncée depuis plusieurs semaines afin de mettre en échec les plans de casse de l’emploi qu’ils s’appellent plan A ou B. Mobilisés contre toutes les tentatives de divisions entre les personnels, mobilisés pour l’emploi et le service public, notion ignorée délibérément par la direction.

Et voilà que sont annoncées 3000 suppressions d’emplois immédiatement et sans doute bien davantage à moyen terme si on en croit Le Canard Enchaîné et que la direction a mollement démenti sans convaincre personne. Pour quel résultat ? Un mieux futur ? La fameuse compétitivité dont tout le monde parle ?

La privatisation partielle baptisée pudiquement « ouverture du capital » devait être un « grand succès populaire » selon les propos du ministre Gayssot du gouvernement Jospin de 1997/2002, gouvernement champion toutes catégories des privatisations. Depuis on a bien vu ce qu’il est advenu de cette tristement célèbre dénationalisation : 15000 suppressions d’emplois ces dernières années (voir déclaration CGT ci-dessous) . Beau succès en effet !...

Le gouvernement, pourtant actionnaire, aujourd’hui loin d’assumer ses responsabilités dit qu’il ne se mêlera surtout pas de cette question alors qu’elle concerne des milliers d’emploi et un service qui aurait dû rester public tant il est essentiel à la nation.
Leur plan (direction et gouvernement) n’est pas encore mis en application que déjà en face ils nous font le coup des coupables désignés, des représentants syndicaux à abattre. On aurait reconnu (quelle surprise !) dans le rassemblement des personnes dont plusieurs avec un mandat syndical : à poursuivre donc pour mieux briser la résistance à leur plan de casse ? Drôle de conception du dialogue social auquel ils se disent attachés.

Et les médias à leur service de nous seriner, par la bouche de journalistes souvent plus payés que les personnels qu’ils dénoncent, que les pilotes devraient accepter de travailler plus pour gagner moins sans dire un seul mot de la fausse alternative que constituent les deux plans A et B, fausse alternative que dénonce la CGT depuis qu’ils sont connus.

La bataille à Air France, face à la violence patronale, va prendre un nouveau virage et les salariés et leurs syndicats, attaqués aujourd’hui par la droite, ce qui est normal mais aussi par des forces qui devraient être à leurs côtés, lâchés par un gouvernement qui ne veut pas prendre la main, vont avoir besoin de tout notre soutien si nous voulons éviter le bradage d’un service public indispensable au pays. Dès les images soigneusement choisies et diffusées, des « observateurs » avisés, se sont empressés d’appeler de leurs vœux au dépeçage d’Air France et à son rachat par des compagnies concurrentes [2].

Les événements abondamment filmés le 5, donnent, du moins l’espère-t-elle à la direction d’Air France les bases légales pour poursuivre les fauteurs de troubles ou plus exactement les empêcheurs de licencier en rond et nous détourner ainsi du débat de fond.

La France a besoin d’emplois et de services publics, c’est bien cela qui est en lambeaux aujourd’hui et c’est bien plus préoccupant que des événements périphériques dont le monde du travail se fout…comme de sa première chemise !


[1FORTEA secrétaire général du syndicat CGT d’Air France

[2Emission C’est politique France 5



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