9 salariées entourées contre la fatalité

dimanche 8 novembre 2015
par  Vincent D
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Depuis le lundi 2 novembre 2015 suite a une décision injuste de plus de la part de la direction Casino du site de Port Saint Louis du Rhône, les 9 salariées n’ont pas eu d’autre choix pour se faire entendre que de se mettre en grève. Dans un cadre de solidarité sans faille organisé par la CGT, les employées mettent, une fois de plus, la direction face à ses responsabilités de désorganisation du travail.

Une semaine de grève

Vendredi 30 octobre, les salariées du Casino apprenaient qu’un contrat de plus n’allait pas être reconduit. A ajouter aux 3 CDD qui se terminaient le lendemain, ça en était trop pour l’équipe qui se retrouvait une fois de plus en augmentation de charge de travail sans recrutement supplémentaire.
Alors lundi, au lieu d’embaucher dans le supermarché, elles ont présenté à la direction leur cahier de revendications :
- La poursuite des 3 CDD
- La création d’un CDI
- Le passage du temps partiel à temps complet.

Cette dernière revendication renvoie une réalité sociale bien répandue dans le secteur du commerce, notamment, car le procédé est aussi utilisé dans le secteur public : le temps partiel imposé. En réduisant le temps de travail, en écourtant la durée des contrats de travail, la direction du Groupe Casino, comme les autres, réduisent les équipes, augmente la charge de travail, diminue les effets de seuil syndicaux ; mais aussi et surtout plonge les travailleurs, surtout les travailleuses, dans la pauvreté. Que faire avec un temps partiel de 30h payé 960€, le ras des pâquerettes ?

Postée devant le site de Port Saint Louis du Rhône, la direction les a exhortées toute la semaine à reprendre le travail pour commencer les négociations comme le précisait Annie TAYOLLE la porte parole CGT. Les 9 salariées, car se sont toutes des femmes, ne l’entendent pas comme cela et sont bien déterminées à obtenir la satisfaction de leurs revendications.

Une solidarité sans faille

Dès lundi l’Union locale CGT de Port Saint Louis du Rhône s’est jointe aux salariées pour participer au mouvement. Hervé Efthimiadi, membre de la direction de l’UL CGT, joint par téléphone samedi soir, appelait au nom de la CGT à rejoindre le piquet de grève en solidarité aux 9 salariées. On peut voir que le rassemblement de jeudi soir, sur la photo piquée sur la page facebook de l’UL, comme celui de samedi devant les Casino d’Arles et d’Istres ont été des succès.

La CGT du département appelle à un boycott des enseignes Casino. D’ailleurs toute la semaine et ce week-end sur Istres et Arles, les ex-consommateurs ont répondu très favorablement à ce boycott. Comprenant le légitimité des revendications, aucun client n’est rentré dans le supermarché de Port Saint Louis de leur propre chef, alors que le site n’était absolument pas bloqué.

Une action de ce type est efficace si chacun y met un peu du sien, donc à toi, lecteur de ne plus aller à Casino, et de faire passer le message. A Rouge Midi on reprendra volontiers du service, comme cet été pour les stations TOTAL, ou depuis plus de 4 ans pour le thé Lipton

Une autre façon d’exprimer sa solidarité pourrait être également de faire une action financière pour la solidarité des travailleuses à l’adresse suivante :

UL CGT
Bourse du Travail
15 avenue de la libération
13 230 Port saint louis du Rhône

Lorsque les employé(e)s/exploité(e)s n’ont pas d’autres choix que la grève, celle qui agit sur le porte-monnaie des patrons, ce moyen de lutte agit également sur le porte-monnaie de celles et ceux qui portent le progrès social. Dans ce rapport de forces, les salariées et la solidarité, font bien plus qu’un binôme, une force supplémentaire se dégage. Comme si la lutte faisait mentir les maths en prouvant que 1 et 1 font 3.

Une mobilisation qui s’inscrit dans un historique

Les salariées n’en sont pas à leur premier combat. En 98, déjà elles avaient manifesté leur mécontentement face une direction qui leur imposait soit une relocalisation en Leader Price, soit un passage en franchise.
Face au refus de se plier, la direction leur avait donné du "Vous allez voir".
Le supermarché brûlait mystérieusement le lendemain. A la suite de quoi, elles ont passé 10 ans en franchisé, sortant du giron du groupe casino.
A cela s’ajoute qu’il y a quelques années 24 personnes travaillaient sur le site. Aujourd’hui l’équipe de 11, réduite à 9 par deux arrêt maladie, assure un service équivalent.

Un monologue de sourd

Sourde, muette ou bloquée sur le même disque, l’attitude de la direction rappelle, s’il le fallait encore, que l’expression "dialogue social" est à redéfinir par rapport à ce qu’on entend dans les médias.
Face à des salariées unies et déterminées, le groupe n’a eu de cesse de rester sur le refrain : "Reprenez le travail et on s’assiéra autour de la table". [1]
Reprenons la définition dans un dictionnaire :

Dialogue  : « Conversation entre deux ou plusieurs personnes sur un sujet défini »
D’après la définition l’échange semble être un préalable. Or ici, ou dans les autres cas défrayant plus ou moins l’actualité, on est bien dans une posture rigide de la part des directions. Dans le cas où c’est en réalité un monologue à sens unique, bien cher à Thatcher : "There si no alternative" [2] difficile de le définir comme un dialogue. On peut le requalifier plus justement de discours.
Quant à l’aspect social de l’affaire, les employés des groupes Casino, d’Air France, ou de DeRichebourg ne sont pas "sociétaires" de ces entreprises. Les sociétaires se sont les actionnaires et les dirigeants qui ont des parts dans l’entreprise. Ceux-là pompent des dividendes dans les caisses de l’entreprise. Ces caisses alimentées par les gens qu’on emploie à temps partiel, ceux à qui on augmente les cadences sur les chaînes, celles à qui on met la pression dans les rayons ou encore ceux qu’on vire purement et simplement. Moi qui pensais que social ça pouvait avoir une relation avec le socialisme...

Dialogue social ?
On ne peut que voir discours capitaliste à sens unique contre les celles et ceux qui bossent.

Une direction aux abois

La direction du groupe a dépêché une douzaine d’agents de maîtrise pour assurer le travail, qu’elles faisaient à 9, mais surtout POUR casser la grève. Les clients ne sont pas tombés dans le panneau et ont fait machine arrière en comprenant les revendications.

De plus, la sécurité a été triplée à Port Saint Louis du Rhône et également sur les sites d’Arles et d’Istres pour les tractages.
Quand leur image de marque en dépend, les entreprises capitalistes savent mettre la main au portefeuille, mais quand il s’agit d’avoir une once de social c’est déjà bien plus compliqué. Bien tenté de la part de la direction ces manœuvres n’impressionnent personne que ce soit les salariées, les clients ou encore les gens qui sont venus en solidarité.

Rendez-vous lundi

Samedi un nième courriel des salariées a été envoyé à la direction. Elles attendent l’ouverture du dialogue, que la direction a pour l’instant refusé à deux reprises.
Déterminées, lundi matin dès 7h elles seront devant leur lieu de travail, allez les rejoindre si vous pouvez. On ne peut que leur souhaiter de faire plier un groupe qui fait 48.5 milliards d’euros de chiffre d’affaire et 500 millions de bénéfice par an.


[1Remarquez, ils pourront se reconvertir dans le chant.

[2il y a pas d’alternative



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