Avec 130 morts et des centaines de blessés, attentats qui s’ajoutent à ceux de janvier, la France, après d’autres pays, vient de payer en 2015 un lourd tribu à la situation internationale actuelle faite de guerres coloniales et de volontés impérialistes qui se heurtent en retour non à des guerres de libération nationale avec une vision progressiste du monde et menées par le peuple pour le peuple, mais à des guerres régionales ignorantes des nations, de leur histoire et de leurs valeurs et visant à mettre en place, sur de larges territoires, un pouvoir dictatorial et criminel avec une conception arriérée de la religion pour alibi et s’appuyant sur la montée des exclusions et des frustrations que fait naître partout un capitalisme de plus en plus sauvage…ce qui est un pléonasme.

Cette situation de conflits sur fond de pillage de l’Afrique par les pays riches a fait dans le monde 32 727 personnes tuées en 2014 avec 5 pays qui concentrent à eux-seuls 78% des victimes : l’Irak – (30%), le Nigeria (23%), l’Afghanistan (13,8%), le Pakistan (5,4%) et la Syrie (5,2%).

On remarquera d’ailleurs que, si une seule chose est juste dans l’intervention américaine en Irak qui est en quelque sorte le point de départ dans cette escalade vers les conflits guerriers, c’est son nom : Tempête du désert…et quelle tempête qui a largement débordé depuis 1991 le théâtre initial des opérations au point de menacer aujourd’hui tout le Moyen Orient et une large partie de l’Afrique ! Les attentats de ces derniers jours de Bamako et du Nigéria en sont une tragique illustration.

Au plan des villes c’est Sanaa au Yemen qui a été le plus lourdement touchée avec 235 morts en 2015. 235 morts qui, il faut bien le reconnaître et s’il ne s’agit pas de se lancer dans le comptage macabre de la course à l’émotion, n’ont pas occupé dans les médias du monde la même place que ceux de France.

Devant ces catastrophes vécues par beaucoup comme les signes avant-coureurs de guerres civiles à répétition aussi insaisissables que meurtrières et frappant des innocents la peur est palpable et s’exprime. Et ce n’est pas un autocollant inutilement bravache qui peut y répondre. La peur peut être légitime et elle doit être surmontée avec lucidité.

Le besoin de solidarité avec les victimes, s’exprime aussi et c’est tant mieux. Des proches des derniers attentats ont, spontanément ou pas, là n’est pas la question, sorti le drapeau de la France comme étendard de cette compassion. Evidemment ce gouvernement qui saute sur tout ce qui pourrait le faire remonter dans les sondages, a décidé de surfer sur cette vague en nous demandant à toutes et tous de faire de même et nous sortira demain des discours aux accents nationalistes naguère réservés à la droite et son extrême. Arborer le drapeau français ? Pourquoi ? Au nom de quoi ? Union nationale autour du drapeau ?
Parce que la France serait attaquée ? Oui sans doute et justement à cause de ses gouvernants et de leur politique. Mais elle n’est pas la seule comme le montrent les chiffres que nous venons de rappeler.
Union nationale ? Certainement pas autour des choix nationaux et internationaux !
Et pourquoi l’union des peuples ne serait-elle pas internationale dans la compassion et le refus des guerres et des haines ?
En quoi les morts du Yémen par exemple auraient-ils moins le droit à notre compassion même s’ils sont plus loin de nous ? L’arc de triomphe, ni d’autres monuments dans le monde, n’ont pas été colorés en noir, blanc, rouge, couleurs de ce pays qui résiste à Daesh et l’Arabie Saoudite réunis….ni à celle s de l’un des 5 pays en tête des victimes d’attentats.

Si on peut comprendre l’émotion et ne pas douter de l’intention louable de celles et ceux qui arborent aujourd’hui un drapeau bleu, blanc, rouge hier honni, parfois par leurs parents ( !) dans les colonies, nous ne pouvons-nous arrêter là.

Si on rajoute à cela que le banditisme, autre fruit de sociétés basées sur l’argent fait que sur le plan mondial, 13 fois plus de personnes meurent dans des homicides plutôt que dans des attaques revendiquées par Daesh, Boko Haram ou autres groupes similaires, il est clair que notre compassion doit être vis-à-vis de toutes les victimes et lucide quant au système qui engendre ces barbaries.

Quel signe pour nous rassembler toutes et tous aux quatre coins du monde, quel drapeau peut mieux affirmer notre solidarité internationaliste, notre refus de tous les fascismes quelles que soient les formes qu’ils prennent, quel meilleur étendard que le drapeau rouge qui est un signe de ralliement par-delà les frontières, les couleurs et les religions, de celles et ceux qui composent la classe des victimes du capitalisme international et de ses guerres ?

Prolétaires de tous les pays imposons la paix !