Une justice, deux classes

« Il y a des juges qui rendent la justice et d’autres qui la vomissent » Francis Combes
samedi 16 janvier 2016
par  Vincent D
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Il y avait eu en 1992 les 36 ans de prison ferme infligés aux manufrance et annulés en appel grâce à la mobilisation.
Il y avait eu en 2004 Momo mis en prison pour avoir fait signer une pétition contre un licenciement après que la justice aux ordres ait accepté de qualifier cette action de subornation (sic !) de témoin. Il avait fallu la mobilisation d’alors pour l’arracher aux geôles.
Il y a aujourd’hui les Goodyear et la menace qui pèse sur les salariés d’Air France. Tous ces combats, comme le rappelle Vincent, ont en commun la lutte pour l’emploi que le pouvoir tente de réprimer férocement.
Nous ne laisserons pas faire, ni pour GoodYear, ni pour Air France, ni pour la SNCM, ni pour tous les autres.

Un combat de longue haleine.

Au début il y a souvent un refus de courber l’échine, et ça les patrons ça ne leur plaît jamais. On a notre exemple local : les Fralibiens. Pour les salariés de Goodyear même punition. Parce que les travailleurs ont refusé les 4/8, (on connaît les bienfaits sociaux et de santé du travail posté)..., les dirigeants en 2007 ont essayé la recette du plan de restructuration.

En conséquence, le syndicat écrivait une nouvelle entrée dans le dictionnaire des synonymes pour fermeture d’usine, chômage, misère et gros sous pour les patrons. En 2008 prétextant la crise, les patrons resserrent la vis en (ré)attaquant et annoncent la suppression de plus de 800 emplois industriels, soit autour de 4000 emplois induits dans une région qui a été, comme d’autres systématiquement désindustrialisée. Dans ce cas, je me rappelle toujours des paroles du rappeur Stratégie de Paix concernant « la Lorraine n’est pas nouvellement pauvre / elle est anciennement riche ».

N’ayant pas d’autres choix que de répondre présent dans la guerre faite aux travailleurs par les patrons d’une multinationale qui distribue les dividendes aux actionnaires comme elle distribue les lettres de licenciement, la CGT avait permis jusqu’en 2012 qu’il n’y ait aucune perte d’emploi. La bataille semblait alors gagnée pour les travailleurs, gain dû aux mobilisations, diffusions de tract, manifs et journées de grève.

C’était sans compter sur l’élection d’un gouvernement empressé de répondre aux voeux du capital. Bien qu’un de ses ministres chiffon rouge / rosé [1] ait répondu au patron de TITAN potentiel liquidateur final, qui injuriait allègrement les travailleurs français et la CGT en particulier, le gouvernement n’en est resté qu’aux paroles. Les actes eux ont du se perdre entre les allers retours au MEDEF ou aux banques...

2013, le couperet tombe : fermeture de l’usine en 2014. Certains diront que c’était la faute à la CGT qui refuse l’accord avec TITAN. Chacun son point de vue, ça dépend souvent de sa conscience ou le nombre de zéro à son salaire. On peut aussi penser qu’on ne peut pas accepter un pseudo plan de reprise accompagné (sic !) d’une perte d’emplois et de graves reculs sociaux. Ce fut le point de vue de la CGT de l’usine et c’est aussi le notre à Rouge Midi. C’est ce qui a été en jeu toute l’année 2013 face au patron de TITAN et ses complice au gouvernement qui ont essayé d’imposer cela aux salarié(e)s.

De son côté la CGT a défendu l’emploi et l’outil industriel en refusant tout recul sur ce point allant jusqu’à initier un projet de SCOP. En résumé, en refusant de servir l’intérêt des patrons, du capitalisme mais en choisissant l’intérêt général. Les salarie(e)s l’ont toujours revendiqué : "l’usine est à nous".

7 ans de combat imposé par les dirigeants du groupe, 7 ans de doutes et de flou complet pour les travailleurs, 7 ans de mobilisation et de tentative d’obtenir quelques chose de décent à défaut de juste, 7 ans de jeux de procédures judiciaires ...7 ans au bout desquels les lettres devaient partir.

Le 6 janvier 2014, la direction du site annonçait qu’il y n’y aurait plus aucune négociation sur le chiffre des indemnités. Des centaines de salarié(e) ont alors répondu à la violence sociale, patronale, les qualificatifs ne manquent pas, c’est celle que subissent les millions de gens en bas de l’échelle.

Comment ne pas être désemparé face a un système qui essaye systématiquement de nous faire plier pour amasser les billets ? Comment peuvent-il s’étonner que l’on ne posera pas le genou à terre ?

Le Medef commentait en 2014 cette action comme « violente, totalement contraire aux principes du dialogue et de la négociation ». Peut être le MEDEF voulait parler des patrons ?

Un duo de classe

Ces propos du MEDEF, le gouvernement, via le procureur de la république, les a fait sien pour la peine qu’il demandait. Comme tant d’autres, ils viennent s’ajouter à la liste des lois, jugements et manœuvres politiques contre les travailleurs. Une fois de plus on ne peut que reprendre les propos du Bon d’Ennio Morricone « Le monde se divise en deux catégories », celui du travail aussi : ceux qui envoient les lettres de licenciement, les jugements, les lois et ceux qui subissent les pistolets sociaux sur la tempe. Comment s’étonner alors que ceux qui sont menacés tous les jours refusent de plier sans dire un mot ?

La répression du syndicalisme en France n’est pas nouvelle. Conforté par l’état d’urgence, le gouvernement et le MEDEF amplifient leurs nombreuses attaques. En particulier menées contre le CGT, parce qu’elle reste une organisation de classe en Europe à peser encore contre l’avancée du rouleau compresseur. La criminalisation de tous les travailleurs est montée en puissance, l’acharnement contre les lutteurs de classe une constante depuis belle lurette.

Alors quoi faire ?

Dans l’immédiat nous devons signer la pétition lancée par la section syndicale CGT de goodyear. Quelques clics pour chacun de nous mais tellement plus pour les camarades qui sont dans le combat. Et puis c’est aussi une manière de signifier à ceux qui tiennent le marteau que s’ils touchent aux 8 ils touchent en fait à bien plus.

Pour la suite la section syndicale appelle d’ores et déjà à un rassemblement sur leur blog ; être présent dans le futur.

Tenons-nous prêts et ça commence entre autres par le 26 janvier journée de lutte et de mobilisation pour le service public. Signifions au gouvernement et aux patrons que c’est dans la rue que ça se passe.


[1il faut lire monsieur Montebourg ici



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