Rébellion des locataires contre « des méthodes de voyous »

lundi 23 octobre 2006
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Manifestation devant le siège d’HMP

Expulsions, destructions de logements, manque d’entretien, charges trop lourdes opacité dans la gestion des attributions : un fossé s’est creusé entre le bailleur social et ses locataires, qui, de Frais Vallon à la Renaude, accusent « les maltraitances ».

« J’ai été assigné au tribunal en 2004 avec un loyer que j’ai payé. Depuis, pas une semaine ne passe sans que je sois menacée d’expulsion ». Anna en a « marre d’être maltraitée » sous prétexte que ses « revenus sont modestes ».

Elle est venue depuis Les Lauriers crier sa colère, comme la cinquantaine de locataires réunis hier devant le siège social d’HMP, à l’appel commun de la CSF et du Comité chômeurs CGT. « Le principe est simple avec HMP. Au bout de trois impayés de loyer, on reçoit un avis d’expulsion. Sans même chercher à savoir si la famille a une difficulté financière passagère, sans étudier avec elle un dossier pour épurer ses dettes », lance une locataire de Frais Vallon.

Fathia au micro comme tant d’autres

Des charges pour quoi ?

Des processus d’expulsions de plus en plus expéditifs. Mais pas seulement. Fatima, mère élevant seule ses trois enfants, note le laisser-aller du bailleur : « j’habite un T3 du bâtiment G5. Je suis toujours à jour de mes loyers. Mon appartement est insalubre. Ma fille a honte d’y recevoir ses amies. Voilà trois ans que je me bats pour obtenir des travaux. Mon assurance estime qu’HMP est responsable et que la prise en charge des travaux est de son ressort. Depuis, plus de nouvelles ». Un chauffe-eau défectueux a manqué d’intoxiquer la famille il y a quelques jours. Pour Asanati qui loge au bâtiment E avec ses 6 enfants : « c’est depuis 2003 que je demande à ce que soient réglés de gros problèmes d’humidité, d’infiltration. Rien. Et on paye 150 euros de charges ».

Quant aux ascenseurs, s’ils ont été rénovés en 1992, leur dysfonctionnement semble généralisé à Frais Vallon. Trois appareils desservent les 21 étages de la tour H, en théorie. Dans la pratique : « il n’y en a qu’un qui fonctionne. Et encore », témoigne Mireille, « il y a une semaine, il est tombé en panne vers 11 heures. Les mamans ont du faire manger les petits sur les bancs dehors car il n’y a eu aucune intervention dans la journée ». Pas mieux du point de vue de l’entretien des communs : « On vit souvent dans le noir, car changer une ampoule dans un couloir peut prendre des jours », confie encore une femme âgée, qui reste souvent cloîtrée « par peur de rester coincée dans l’ascenseur, de tomber dans les escaliers ».

A 20 dans un T4

Enfin, la question des attributions est pointée. Faouzia n’en peut plus de ne pas savoir où loger. Après trois ans de demandes infructueuses, elle s’est résolue à venir vivre, en couple avec ses cinq enfants dans le T2 de sa sÅ“ur. Pas mieux pour Antonia, qui vit à la Renaude, dans une des « villas Hérodote ». Ses 4 enfants, aujourd’hui mariés et parents, sont restés avec elle, faute d’attribution. « A 20 dans un T4 ! Certains sont forcés de dormir dehors. Et chaque année, nous faisons des travaux à cause des dégâts causés par les inondations. Et pour ça, on nous demande 500 euros de charges par an dont 200 pour l’entretien des espaces verts » qui n’ont de vert que le nom.

Dans cette même cité du 13e arrondissement, un monsieur a demandé le service d’hygiène en août pour l’enlèvement d’ordures. Le tas est toujours en place. La Pastora, expulsée avec sa famille, n’a pas été relogée. La maison dévitalisée et murée, parents et enfants dorment dans des caravanes. Venue à pied manifester à Frais Vallon, elle dénonce l’acharnement du bailleur : le garage qui leur servait d’abri pour préparer les repas « doit être muré ».

Cette nième manifestation en forme de recueil de témoignages interroge : jusqu’où ira la démission sociale du bailleur ? Difficile de répondre en l’absence d’explications*. Une attitude qui, loin de décourager les manifestants, leur donne raison. « Qui sont les vrais voyous ? » accusent les manifestants.

Myriam GUILLAUME La Marseillaise du 21 octobre

*La direction d’HMP n’a pas donné suite à notre requête.



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