Oui je sais c’est pour les touristes, (plus de huit millions par an, six millions d’asiatiques, deux millions du reste du monde), mais lorsque nous sommes arrivés sur le bateau et que nous avons pu admirer les centaines (il y en a presque 2000) d’îles émergeant du golfe du Tonkin, j’ai eu envie de pleurer (en fait j’ai pleuré, comme lorsque j’ai vu Venise pour la première fois) tellement cette beauté est époustouflante. Aucun mot ne peut la décrire et les photos sont loin de la réalité. La légende dit qu’un dragon géant, en route vers la mer, a par les battements de sa queue entaillé les montagnes et créé vallées et crevasses. Lorsqu’il a plongé dans les flots, toutes les anfractuosités se sont remplies d’eau, ne laissant immergées que les îles.

Ces vingt quatre heures seront le seul vrai luxe de ce périple, mais il fut total. Une jonque en bois à l’ancienne, une cabine tout en bois avec douche et toilettes particulières, vue sur la mer et ses îles, des repas somptueux, la visite d’une grotte (digne d’une cathédrale) dans une île, un cours de taï chi au petit matin, un cours de cuisine.... Nous étions seize touristes sur le bateau, des anglais, des australiens, j’ai du faire un effort pour comprendre l’anglais, ce n’est pas encore génial mais globalement pas trop de problèmes.
Une parenthèse de beauté à couper le souffle. Nous avons eu tous les temps, de l’orage, de la pluie, du soleil, des nuages, des arcs en ciel….

Bien sûr il y a l’envers du décor, la ville d’Ha Long ne fait pas honneur au paysage avec hôtels, grands immeubles et karaokés. Les touristes se succèdent et ça ressemble un peu à de l’abattage. Mais je garderai gravé ces moments, j’ai été bouleversée par cette nature semble-t-il unique au monde (il paraît que les îlots karstiques de Guilin en Chine et de Krabi enThaïlande sont beaucoup moins spectaculaires) ...

J’ai bien entendu pris des centaines de photos, Jean trouve qu’elles se ressemblent toutes, mais je vous jure que chaque fois ce sont des îles différentes ! Nous avons eu de la chance car nous avons eu tous les temps : pluie, nuages, soleil. Certains touristes se sont même baignés dans les eaux pures et couleur turquoise, croyez moi mais nous n’avons pas pris de maillot, ni Jean ni moi.

Ce que j’ai le plus aimé ce sont les villages flottants de pêcheurs. Quelques milliers de personnes vivent sur l’eau, lorsqu’ils sont assez nombreux ils peuvent bénéficier pour leurs enfants d’une école flottante, les autres, isolés ne vont jamais à l’école. Ils vivent de la pêche et de l’ostréiculture. Une barque flottante leur vend les denrées indispensables, légumes, fruits, huile, etc. Pour le reste ils récupèrent l’eau de pluie et lorsque la saison est sèche il leur faut plus d’une heure de barque pour se réapprovisionner en eau douce.

Cet endroit est magique, j’ai du mal à émerger alors que nous sommes sur le point de prendre le train pour Hué. Nous avons 13 heures de train, ensuite nous en profiterons pour lever le pied car depuis notre arrivée notre vie est plus que trépidante.

Je me sens bien loin du monde et de ses tourments mais je pense beaucoup à vous et nous suivons l’actualité dès que nous le pouvons.

Muriel