Les descendants des mutins du « Bounty » en révolte contre l’Australie.

mardi 31 octobre 2006
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Bien qu’ayant le statut de territoire externe de l’Australie, l’île Norfolk, située à environ 1 600 kilomètres au nord-est de Sydney, est particulièrement jalouse de son indépendance, que l’on pourrait qualifier de légendaire : ses habitants sont les descendants des mutins du fameux Bounty, ce navire britannique dont l’épopée a alimenté la littérature et le cinéma.

Ces mutins ont fondé une communauté avec leurs femmes tahitiennes sur l’île de Pitcairn en 1790. Cette île étant devenu trop petite, le 8 juin 1856, l’ensemble de la population fut transféré sur Norfolk, une ancienne colonie pénitentiaire offerte par la reine Victoria. Si certaines familles retournèrent par la suite sur Pitcairn, les autres s’installèrent définitivement sur Norfolk, aujourd’hui peuplée d’environ 2 000 personnes.

Cette année, pour le 150e anniversaire du Bounty Day - ou « Baunti Dieh » dans l’étrange patois local mêlant le tahitien et l’anglais du XVIIIe siècle -, la fête de la fondation de Norfolk, en costumes d’époque, avait un goût de rébellion. En effet, certains habitants craignent la remise en cause par l’Australie de leur autonomie politique, accordée en 1979. Canberra fait pression pour contrôler l’immigration et introduire des impôts sur les revenus à Norfolk.

Certes, le ministre des Finances de Norfolk, Neville Christian, reconnaît la nécessité de réformes liées aux problèmes financiers et à la préoccupation croissante de l’Australie de protéger ses frontières du terrorisme. Il assure que « l’île a besoin de 20 millions de dollars australiens [11,6 millions d’euros] par an pour être autosuffisante, une somme provenant généralement du tourisme ». Or « le nombre annuel de touristes a chuté de 40 000 à 28 000 », rapporte The Guardian de Londres. Cette économie du tourisme pâtit en effet de l’assassinat en 2002 de Jannelle Patton, une jeune Australienne. Un premier meurtre sur l’île en cent cinquante ans d’histoire, qui a fait perdre à Norfolk sa réputation de virginité.

D’après The Independent, « les locaux redoutent que l’introduction d’allocations et d’un nouveau régime d’immigration ne favorise un afflux d’Australiens au chômage recherchant une vie plus facile sous le soleil. Actuellement, seuls les gens ayant un travail ou de l’argent à investir sont autorisés à s’installer. Les insulaires affirment que leurs coutumes particulières risquent de disparaître et que leur mode de vie sera affecté si Norfolk devient un avant-poste de l’Australie. Ils chérissent leurs libertés, telles que la non-obligation du port de la ceinture, la possibilité de laisser leur maison ouverte ou leurs clés de voiture sur le volant. »

Pour certains locaux, les pressions australiennes cachent un objectif inavoué : les réserves inexploitées d’hydrocarbures présentes dans les eaux territoriales de Norfolk. Des soupçons que ne partage pas Grant Hambling, l’administrateur de l’île, cité par The Independent : « Les habitants de Norfolk ont de tout temps résisté au paternalisme et au changement imposé, ce que certains relient à leurs ancêtres mutins. Ils n’aiment pas qu’un Big Brother de Canberra les menace de son bâton. Mais le débat est en grande partie émotionnel et culturel, plutôt que fondé sur des considérations économiques. »

Le Courrier international transmis par Linsay.



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