Mac do : les jeunes se font entendre

jeudi 2 février 2017
par  Charles Hoareau
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Mac Do Blancarde, l’un des 6 restaurants que compte la franchise MUR sur l’aire marseillaise, était fermé pour cause de grève ce mercredi à 100%. Un mouvement historique pour ce restaurant qui n’avait plus connu de mouvement de ce type depuis 2007, mouvement à la suite duquel une répression féroce avait été engagée dans les 23 restaurants de la franchise d’alors. Cette répression s’était traduite par une soixantaine de licenciements dont ceux de plus de 15 délégués CGT. Ces licenciements avaient été par la suite tous condamnés par la justice sans que les salariés ne puissent retrouver leur emploi.

De cette époque ne subsistent guère dans l’entreprise que Majid et Najib, réintégrés après plusieurs années de bataille syndicale et juridique [1]. La grève de ce mercredi, au-delà des revendications des salariés, avait donc un parfum particulier.

Nous voulons être le 7e état américain !

Les revendications ? Elles sont simples et Majid les a explicitées aux près de 200 camarades venus renforcer le mouvement des grévistes. Il y a des revendications locales autour de la vétusté du restaurant, des revendications plus générales liées à la franchise qu’il s’agisse de celles liées aux licenciements déguisés en rupture conventionnelle ou à la volonté de mise en place de la loi travail et celles liées à la politique du groupe Mac Do en France ou dans le monde : la volonté de cantonner les salariés dans des tâches ingrates sans perspective de développement de carrière, le recours massif à la précarité et aux temps partiels, la politique de bas salaires et bien sûr, pour couronner le tout ou du moins tenter de le faire accepter, la discrimination syndicale.

Concernant les salaires, les jeunes qui constituent l’immense majorité des employés Mac Do disent toutes et tous l’impossibilité de vivre avec les quelques 900€ mensuels que leur concède Mac Do. Comment payer un loyer dira l’un ? Comment se mettre en couple dira une autre ? Et il n’y a pas qu’ici que cette politique de bas salaires provoque colère et action des salariés. Aux USA, pays phare de la multinationale, le mouvement de protestation s’est cristallisé autour d’une revendication : pas de salariés en dessous des 15 $ de l’heure. Dans 6 états la revendication a été gagnée. En France, traduite en euros, cela donne 13€. C’est donc la revendication qui est reprise ici à Marseille comme il y a quelques jours en région parisienne. Comme le dit Majid juché au côté de Najib et de Manu, le secrétaire de l’union locale sur le banc qui sert d’estrade improvisée : « sur les salaires nous voulons bien être le 7e état américain. » Succès garanti !

3 points de vue.

Le soir venu, on reparle de ce rassemblement

Manu (union locale CGT Marseille centre) : « C’est vraiment un bel exemple de solidarité. Les camarades mènent un combat sur des revendications et avec des moyens propres à la restauration contre un géant mondial. C’est d’ailleurs frappant d’observer le lien qu’ils font avec le mouvement mondial. Ils faut (et je sais qu’ils vont le faire) continuer avec le soutien des salariés du commerce et de l’interprofessionnel. Il y avait beaucoup de jeunes même très jeunes et des soutiens divers, parfois venus de boites où c’est le plus difficile de militer. Il y avait des salariés de Monoprix, de la sécu, du port, de la SOGIMA, des quartiers sud…C’était vraiment un très beau moment »

Virginie responsable départementale du secteur du commerce : « c’était vraiment une très belle action. C’est une démonstration que les camarades de la restauration ont faite, c’est une première avec des objectifs qu’ils ne lâcheront pas. On l’a encore vu, il y a une entraide collective depuis la loi travail avec des camarades qui font une démonstration de force devant une multinationale qui vole des milliards. Les camarades s’organisent, ils remettent en cause la politique managériale avec des propositions qui permettent de la renverser, ils repensent leur travail. Et puis il y a la revendication des 13€ alors qu’ils sont des esclaves des temps modernes, ça rejoint toute la restauration collective. »

Pour Najib le mot de la fin  : « Ce qui m’a frappé c’est l’enthousiasme et l’unité des salariés. En plus tout ce monde qui est venu ça fait chaud au cœur. Vraiment je tiens à remercier les unions locales et l’union départementale qui nous ont aidé. On n’en est qu’au début et on va continuer. On fait une grève digne où chacun prend sa place. C’est un collectif qui agit et qui décide ensemble »

RM : la direction de Mac Do voulait t’isoler c’est un peu la démonstration de l’inverse ! Où tu en es de ton litige avec elle ?

Najib : « tu sais ce qui compte aujourd’hui c’est de lui montrer qu’il y a un collectif de salariés responsables qui se bat avec le soutien de toute la CGT et c’est ce qu’on a fait. Pour le reste comme tu le sais j’ai été réintégré au bout de 8 ans de lutte. Seule la moitié de mes salaires m’a été versée et la direction multiplie les procédures pour retarder le paiement de l’autre moitié. Je suis aussi encore victime de discriminations sur un certain nombre d’autres points. Bien sûr on ne lâche pas y compris sur le plan juridique en ce qui me concerne mais l’action collective va peser aussi sur cela. Donc on est confiants et on vous donne rendez-vous à la prochaine action ! »


Photos Boualem GUENNAD


[18 ans ( !) pour Najib voir nos articles précédents



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