8 novembre 2006 : de l’énergie pour le train

vendredi 10 novembre 2006
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Beaucoup de monde au rassemblement organisé devant la gare en ce 8 novembre. Des cheminots grévistes bien sûr mais aussi des salarié-e-s d’EDF/GDF qui avaient débrayé deux heures pour rejoindre leurs collègues du rail, des marins de la SNCM, les cheminots de la mer et des délégations d’entreprises, publiques ou privées : la défense du service public c’est l’affaire de la nation.

Serge Cayol, secrétaire du syndicat CGT des cheminots prend la parole :

« Nous sommes aujourd’hui en grève pour dénoncer ouvertement et sans tabou les restructurations dangereuses qui guettent l’entreprise de service public SNCF.

Prise de parole de Serge

Depuis des années le libéralisme monte en Europe et l’idéologie qui l’accompagne apporte son lot de désarroi aux salariés.En effet les délocalisations et les remises en causes des services publics, soutenues par Bruxelles, ne sont pas propices aux salariés.

Les Français l’ont bien compris.
C’est avec cette conviction qu’ils ont rejeté le traité constitutionnel lors du référendum de mai 2005.
Et ce malgré une campagne très médiatisée en faveur du OUI. Les citoyens Français ont pensé à leurs enfants et ont rejeté ce monde qui crée un écart important entre les classes sociales jetant une majorité dans une précarité extrême au profit d’une minorité qui se retrouve à engranger des richesses inimaginables.

La question de la répartition de la richesse doit être posée.
Les cheminots qui ne sont pas en dehors de ce contexte subissent ces attaques à double titre (en temps que salariés et de plus du service public).

A l’heure où les profits explosent où les patrons ramassent des dividendes colossaux. On nous ferait croire que le dumping social est incontournable et que les cheminots coûteraient 20 à 30% trop chers par rapport aux autres entreprises ferroviaires.
Comment entendre un tel argument lorsque les cheminots dans une très large partie ont du mal à boucler les fins de mois ?

Notre nouvelle présidente n’est pas là non plus pour nous rassurer.
Lors du Conseil d’administration mettant en place A.M. IDRAC ; les administrateurs CGT se sont opposés à sa nomination en votant contre.
Les cheminots ne sont pas ignorants des pratiques de leur nouvelle présidente.

Puisque en 1995, alors secrétaire d’état déléguée au transport, elle prônait la suppression de 6000 kms de lignes et la remise en cause du régime spécial des cheminots. En 1997 elle crée avec M. Pons RFF.
En charge de la présidence de la RATP elle crée une filiale de l’INFRA qui va concurrencé la filiale commune RATP/SNCF (SISTRA) ».

Et Serge de montrer les premiers propos et actes de la présidente sont dans la droite ligne de cette volonté de casse du service public. Puis il ajoute :

« A l’approche du conflit du 8 novembre 2006, elle annonce lors d’une conférence de Presse en Espagne que c’est un conflit sans réelles revendications puisque les OS ne sont pas d’accords entre elles. Elle juge que se sont des pratiques d’un autres temps qualifiant même la situation de Guerre Froide datant de la chute du mur de Berlin (sic !)
Elle voudrait même changer les mentalités et moderniser tout ça !

Si la modernisation c’est accepter la privatisation des services publics et se plier aux lois du marché nous préférons être modernes selon notre conception du progrès.

Et en matière de dialogue social si Anne Marie IDRAC veut le substituer à la grève elle devra commencer par l’appliquer.
La CGT, depuis la signature de l’accord sur le dialogue social, n’a cessé de l’appliquer. Les accords que la CGT signe nous les respectons.
En revanche depuis quelque temps la direction ne procède plus à l’application des règles élémentaires de cet accord.

Les derniers propos de la présidente ne nous laissent pas penser que la carte du dialogue social soit devenue, en dernière minute, la voie qu’elle ait choisie.

Son épouvantail n’écartera pas l’essentiel de notre combat d’aujourd’hui. »

Il aborde ensuite la question du fret :

« Le résultat est catastrophique. Le FRET s’est replié sur lui-même et aujourd’hui nous sommes dans l’incapacité de répondre à une relance quelconque du trafic.
C’est dans ce contexte que les opérateurs privés se fraient un chemin.
La question que l’on peut se poser et que le FRET a sûrement atteint son but inavoué (Permettre l’entrée de nouveaux opérateurs et créer les conditions d’une filialisation certaine).
Ainsi cette stratégie n’a pas développé le transport ferroviaire de marchandise. Près d’un million de camions ont été mis sur les routes.
Le volume de marchandise serait passé en dessous des 40 GTK* pour 2006. Annoncé comme la barre fatidique de l’équilibre de cette activité par la direction.
 »

Et le dirigeant syndical d’expliquer à juste titre que dans ces conditions les accords de Kyoto ne risquent pas d’être appliqués.

«  M. CHIRAC signe des belles intentions puis il laisse les mains libres à son gouvernement pour appliquer une politique qui ne répond qu’aux aspirations du MEDEF et des actionnaires. Ces aspirations vont à l’encontre de l’intérêt national.
Nous exigeons un véritable plan de développement du FRET assis sur l’entreprise de service public SNCF avec de vrais moyens matériels et des emplois à statut.

Que l’on n’aille pas nous dire que les emplois coûtent chers. Le plan FRET -7000 emplois = -139 Millions d’euros de recettes.
Nous aurons vu la disparition de près de 14 000 emplois depuis 2002.
L’excuse serait que la technologie évolue et que par conséquent cela est inévitable. La réalité est que les gains d’emplois sont faits sur de la productivité agressive et sur une gestion à flux tendu.
La qualité et la capacité de développement des trafics sont les victimes de cette politique. Par incidence directe les usagers et les cheminots sont les véritables victimes.
 »

A la suite de Serge, Jean Pierre Saraillon d’EDF prend la parole pour dénoncer la même logique de dépeçage du service public devant une assemblée bien décidée à ne pas laisser faire et rajoute que pas plus la fusion GDF/Suez que la privatisation n’étaient jouées.

Reçus dans l’après midi en préfecture les syndicalistes avaient l’occasion de redire au représentant de l’Etat que la question du service public est une question de choix de société. C’est dire tout l’enjeu de ce combat.

*GTK : Giga Tonne Kilomètre, unité de mesure du fret transporté, la tonnekilomètre correspondant à 1 tonne transportée sur 1000 km



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