Paludisme : La Banque mondiale accusée de mensonge et de négligence.

vendredi 29 décembre 2006
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L’institution financière internationale fait l’objet de critiques sévères concernant sa gestion de la lutte contre le paludisme, une maladie guérissable mais qui tue encore plus de 1 million de personnes par an dans le monde. Des experts indépendants dénoncent des erreurs fatales à l’occasion de la journée africaine de lutte contre le paludisme.

Moustique anophèle femelle
DR

"Le 25 avril est la journée de lutte contre le paludisme en Afrique : vingt-quatre heures pour se souvenir que le monde a appris à vivre avec cette maladie." En effet, The Guardian donne des chiffres d’une maladie dont nous acceptons un lourd tribut en vies humaines chaque année. Un mort toutes les 30 secondes dans le monde, ou plus de 1 million de personnes chaque année, en grande majorité des enfants et notamment en Afrique, où 20 % de la mortalité des enfants sur le continent noir est due au paludisme.

Il s’agit d’une infection parasitaire transmise par la piqûre du moustique anophèle femelle et dont les symptômes se caractérisent par des accès de forte fièvre, accompagnés de douleurs diffuses et de troubles digestifs. Le parasite est présent dans les régions tropicales chaudes et humides. "Les patients ont besoin d’un traitement dans les vingt-quatre heures après l’apparition des symptômes, afin d’éviter le risque d’aggravation de la maladie qui a un fort taux de mortalité."

"Mais le véritable scandale est que le paludisme est une maladie guérissable et largement évitable par la prévention. Aborder le paludisme dans les classes est un moyen de rappeler qu’une résignation silencieuse envers cette maladie est inacceptable pour les citoyens à l’échelle mondiale", observe le quotidien britannique de gauche dans son supplément Education.

Son confrère The Independent souligne que "plus de 500 millions de personnes souffrent du paludisme, et le chiffre est en augmentation. Huit ans après que la Banque mondiale ainsi que l’Organisation mondiale de la Santé et le Fonds mondial des Nations unies ont lancé un programme de lutte commun visant à diviser par deux le nombre de morts en 2010. Au contraire, le nombre de victimes a augmenté d’un quart au moins, voire de moitié dans certaines régions."

La presse britannique rapporte les reproches formulés par un groupe de treize experts internationaux du paludisme à l’égard de la Banque mondiale, accusée de "tromperie et de négligence qui ont contribué à la mort inutile de centaines de milliers d’enfants", note The Independent. Dans un article publié par la revue médicale The Lancet, ces experts dénoncent la non-réalisation de l’engagement de la Banque mondiale de consacrer entre 300 et 500 millions de dollars dans la lutte contre la maladie en Afrique dans le cadre de sa campagne pour faire reculer le paludisme, lancée en 1998. Par ailleurs, la Banque mondiale est accusée d’"avoir gaspillé de l’argent" en "autorisant certains pays à acheter des médicaments contre le paludisme qui ne sont plus du tout efficaces", mais aussi d’avoir annoncé des chiffres erronés sur ses succès en matière de lutte contre le paludisme au Brésil et dans trois provinces de l’Inde.

"Le plus inquiétant est que la Banque mondiale ne sait pas combien d’argent elle dépense ou prête pour le paludisme. Aucune banque commerciale ne pourrait tenir des comptes sur ses clients de façon aussi imprécise sans risquer sérieusement des poursuites pour pratiques illégales et criminelles", estiment les auteurs cités par le Guardian.

D’après The New York Times, "la Banque mondiale concède, dans un courrier de réponse, que ses programmes sur le paludisme sont sous-affectés en termes de personnel et de moyens financiers, mais elle nie avoir livré de fausses statistiques ou d’avoir acheté des médicaments périmés. Au contraire, elle affirme avoir revitalisé son programme antipaludisme." De même, un collaborateur de la Banque mondiale souligne que l’article des experts rappelle des imperfections qui remontent à un an et que, à présent, la situation est différente.

Reste que, selon The Guardian, le groupe d’experts critiques conclut que la "Banque mondiale demeure inadaptée pour tout rôle opérationnel dans la lutte contre le paludisme" et devrait déléguer ces fonctions à d’autres agences, notamment le Fonds global de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme.

Source Le Courrier international

Transmis par Linsay

Encore un petit effort et on finira par rendre public le nombre de morts attribués « par erreur » au sida en Afrique (comme si les chiffres réels ne suffisaient pas ) alors qu’ils sont en fait dus au paludisme, et donc à une maladie normalement soignable. Phénomène observé empiriquement en particulier en Afrique de l’Ouest.



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