En 2006, les groupes du CAC 40 ont reversé 40 milliards d’euros à leurs actionnaires

jeudi 22 février 2007
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Les groupes du CAC 40 ont chouchouté leurs actionnaires en 2006 : ils leur ont reversé 40 milliards d’euros au total, soit 45 % de leurs profits et 25 % de plus que les sommes versées en 2005, selon les auteurs du Vernimmen, un ouvrage de référence en finance.

Ces versements ont pris la forme de dividendes (32 milliards d’euros) et de rachats d’actions (7,9 milliards). Ces derniers consistent, pour l’entreprise, à racheter ses propres titres en Bourse soit pour les annuler (augmentant ainsi le bénéfice par action des actionnaires restants), soit pour les redistribuer à ses salariés ou à ses dirigeants dans le cadre de plans d’épargne salariale ou de stock-options.

Total - dans le collimateur de l’UFC-Que Choisir et de la gauche, qui veulent taxer ses « superprofits » - a remporté la palme des reversements, avec 3,9 milliards d’euros de dividendes et 3,5 milliards de rachats d’actions (soit les deux tiers de ses profits en 2005).

Ces chiffres s’expliquent largement par les bénéfices réalisés en 2005 (88 milliards d’euros) par le CAC 40 et une abondante trésorerie disponible en 2006. En 2007, les versements au titre de 2006 pourraient à nouveau battre des records, la progression des profits du CAC 40 entre 2005 et 2006 étant évaluée à + 7,1 %, selon la société FactSet JCF (pour un total de 94 milliards d’euros de profits). Mercredi 21 février, Mittal-Arcelor a ainsi annoncé qu’il verserait 2,4 milliards de dollars (1,8 milliard d’euros) à ses actionnaires cette année, alors même qu’il publiait un bénéfice 2006 en baisse.

Capitalisme financiarisé

Ces « mégadividendes » ont de quoi choquer, comparés à la progression des salaires du secteur privé (autour de 3 %).

Ils risquent d’alimenter la polémique sur une économie privilégiant les « rentiers », alors que la part des salaires dans la valeur ajoutée ne cesse de baisser depuis le début des années 1980.

« Ces chiffres confortent le fait que le capitalisme s’est financiarisé : les dirigeants des sociétés cotées ne peuvent plus se permettre d’ignorer leurs actionnaires », note Antoine Rebérioux, maître de conférences à Paris-X Nanterre.

Le versement du dividendes n’est pas nouveau, mais le taux de distribution (dividende rapporté au bénéfice net) progresse (36 % en 2006, contre 27 % en 1987, selon FactSet JCF). Et ce sont surtout les montants alloués aux rachats d’actions qui ont explosé. Cette pratique, courante aux Etats-Unis, n’a été assouplie en France qu’en 1998. Elle permet à l’entreprise de lisser son cours de Bourse.

Mais, surtout, le rachat d’actions est plus souple à manier que le dividende. Quand une société augmente son dividende, ses actionnaires s’attendent à ce qu’elle soit au moins aussi généreuse l’année suivante. Quand tel n’est pas le cas, l’action est généralement sanctionnée en Bourse. Une diminution des montants alloués aux rachats d’actions d’une année sur l’autre passe plus facilement inaperçue.

Les sociétés n’ont-elles rien de mieux à faire de leur trésorerie ? « Les rachats d’actions permettent une réaffectation technique et saine de capitaux propres d’entreprises vers d’autres qui en ont davantage besoin. Car les actionnaires, avec l’argent qui leur est redistribué, peuvent participer à des augmentations de capital », soutient Pascal Quiry, professeur à HEC et coauteur du Vernimmen.

Et de souligner que les rachats d’actions ne se sont pas faits aux dépens des investissements en 2006, les entreprises du CAC 40 ayant procédé à nombre de rachats de sociétés.

Source : Le Monde

Transmis par Linsay

Et après ils vont nous parler de compétitivité...



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