Il paraît qu’il existe la petite histoire et la grande histoire, la musique populaire et la grande musique, les anonymes et les héros, de petits livres et la grande littérature.

Je vais donc vous parler de deux livres dont vous n’entendrez sans doute jamais parler dans les principaux médias : le premier est « Mumia Abu-Jamal, Un homme libre dans le couloir de la mort » de Claude Guillaumaud-Pujol, édité par « Le Temps des Cerises ». Ce livre raconte l’histoire d’un homme condamné à mort, enfermé depuis 25 ans parce qu’il fut un journaliste engagé et qu’il demeure, même du fond de sa prison « la Voix des sans voix ».

Ce récit en étonnera plus d’un ! On y découvre des documents, des illustrations remarquables, par exemple sur le 13 mai 1985. Je ne pense pas que cette date figure dans les livres d’histoire, ni même dans les éphémérides des rédactions. Pourtant ce qui se passa à Philadelphie ce jour-là ne devrait pas tomber dans les oubliettes de l’histoire : le 13 mai 1985, la police de Philadelphie assiège une petite maison au 6221 Osage Avenue où résident des membres de la communauté écologiste et contestataire appelée Move. Treize personnes sont dans la maison et refusent de sortir. À 17 heures, comme les Etats-Unis ont appris à le faire au Vietnam, un hélicoptère largue une bombe incendiaire qui détruit tout le quartier : onze cadavres, cinq enfants et six adultes, sont retrouvés dans les décombres.

Mumia Abu-Jamal est journaliste et dénonce depuis longtemps les persécutions faites aux pauvres, aux Noirs et aux contestataires : il sera pris au piège d’une police largement infiltrée par l’extrême-droite et condamné à mort à l’issue d’un procès truqué. Le mouvement de soutien, qui lutte depuis des dizaines d’années pour sa libération et contre la peine de mort aux Etats-Unis, n’a pas pu obtenir encore la révision de son procès.

Les bénéfices de la vente de ce livre permettront d’aider à payer les frais de justice qui, aux Etats-Unis, conditionnent l’accès à une justice équitable.

Je suis certaine que les adolescents trouveront dans cette lecture de quoi donner du sens à leur soif de justice, leur vision du monde et leur besoin de révolte.

Pour le second, c’est un livre très différent, celui d’une sainte colère contre un monde qui consacre plus de 1000 milliards d’euros par an aux dépenses militaires, laisse l’étranger aux frontières de ses rêves, regorge de chemins de croix quotidiens et barre certains sentiers qui descendent vers la mer par des panneaux « propriété privée » !
L’auteur à qui j’ai emprunté quelques titres de poèmes ou de paraboles pour écrire ces quelques lignes n’est autre qu’un évêque, Marcel Perrier, évêque de Pamiers en Ariège.

La beauté des montagnes, le plaisir du ski, le goût d’une tome de chèvre ou celui de la liberté ne lui sont pas étrangers et, du coup, même si l’on n’assiste pas à « la messe des mémés », encore un de ses titres, on lit avec plaisir la poésie de cet homme qui a l’esprit dans les cieux, mais les pieds et le cœur sur la terre !« Paroles et Paraboles » de Marcel Perrier aux éditions L’Edelweiss.