La vérité sur... les beaux jours de Mickey en France.

mercredi 5 juillet 2006
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Disneyland est un désastre. Pourtant, les actionnaires, la maison mère, les créditeurs et l’Etat restent fidèles au parc.

Le prince saoudien Al-Waleed est un investisseur avisé.
Cinquième fortune du monde, il est actionnaire de Disneyland à 10%.

Interrogé par Challenges sur les piètres performances de cette filiale de Disney à Marne-la-Vallée, le dignitaire arabe balaie tous doutes.

« Je reste au capital. Cette entreprise ne s’effondrera jamais. » C’est tout le paradoxe du parc : les comptes sont calamiteux et personne ne s’en inquiète.

Quel est donc le trésor caché dans le château de la Belle au bois dormant pour que le parc traverse sans dommage un paysage si noir ?.

UNE LISTE D’INFORTUNES.

En mars, Disneyland Resort Paris présentait ses résultats pour le premier semestre 2005-2006.

- Un désastre : 101 millions d’euros de pertes, contre 29 millions pour la même période de l’exercice précédent.

En six mois la quasi-totalité des pertes de 2004-2005 (114 millions d’euros) sont inscrites ! « Ras le bol, se plaint un analyste. Nous n’avons jamais de réponses à nos questions. »
Est-ce pour cela que seuls quelques-uns de ses collègues continuent à suivre la valeur ?

Ou parce que, à 8 centimes d’euro, son plancher historique -elle avait été introduite à 21 euros en 1992-, l’action n’intéresse plus que des spéculateurs, guettant ces mouvements de quelques cents qui peuvent rapporter gros ?

Le chiffre d’affaire lui, est bloqué depuis cinq ans autour du milliard d’euros, la fréquentation, scotchée à un peu plus de 12 millions de visites annuelles depuis 1996 malgré un deuxième parc ouvert en 2002.

Les charges ne baissent pas, siphonnées par les intérêts d’une dette de 2 milliards d’euros de frais financiers l’an dernier.

Et pourtant, à l’image du prince Al-Waleed, toutes les parties prenantes restent zen : la Disney Company détient toujours 39% du capital et n’entend pas vendre, ni mettre le Resort en franchise, comme elle s’y est résolue avec ses parcs à Tokio ; les pouvoirs publics ne s’affolent pas, alors que Mickey emploie 12 000 salariés.

Les banques, « collées » sur le risque Disney, comme le souligne un ex-dirigeant, ne formulent aucune menace,même le président nommé il y a un an, l’Américain Karl Holz, ne se soucie pas de jouer les Rambo.

« C’est un apparatchik, se gausse un ancien cadre de la direction. Paris est devenu un placard de luxe. »

Il y a une première raison objective à cette paralysie : un manque cruel de cash. « Le capital d’Euro Disney a toujours été mal calibré », juge un analyste.

Pourtant, dans la restructuration conduite en 2004, une enveloppe de 250 millions d’euros a été dégagée qui servira à financer d’autres investissements. « D’ici à 2008, il y aura trois nouvelles attractions, promet Federico Gonzalez, le vice -président marketing. Buzz l’Eclair, qui a ouvert en avril, Toon Studios en 2007, et la Tour de la Terreur en 2008. »

Le vice-président demande juste du temps : « On ne règle pas un business en quelques mois ».

DES RELATIONS PESANTES.

En réalité, au cours des années, les relations entre Disneyland et la Disney Company sont devenues pesantes.
Entre 1996 et 2000, les Californiens avaient lâché un peu de lest : Gilles Pélisson, lointain prédécesseur de Karl Holz, traitait directement avec Michael Eisner, le patron de Disney.

Cette rapidité de réaction et cette confiance partagée se sont retrouvées dans les résultats. En quatre ans nous avions doublé la marge« , se souvient un ex-dirigeant qui n’a pas compris ce qui s’est passé ensuite. »Du jour au lendemain, Pélisson a dû rendre compte non plus au « big boss », mais à la division des parcs à thème".
Fini, le traitement particulier, place à la « corpocratie » américaine !

C’est alors que la direction du Resort planche sur le deuxième parc, consacré, lui, au cinéma.
« Nous avons vu débarqur des expatriés américains qui n’avaient aucune idée des spécificités d’un tel parc en France », enrage l’ancien.

Walt Disney Studio, ouvert en 2002, devait porter les visites à 17 millions.

En réalité, le compteur est resté bloqué à 12 millions.
Il n’y a que l’aiguille des coûts fixes qui a bougé. Selon nos informations, un tiers des visiteurs ne s’y rendraient même pas. Depuis ce fiasco, la Company a accentué son emprise.

Chaque année, des têtes tombent à la direction, sans qu’une nouvelle inspiration souffle sur Disneyland Paris.

UNE SERIE DE PETITS PROFITS.

La maison mère tirera-t-elle un jour le tapis ?
Impensable, les parcs parisiens participent à son système de rente : Disney ponctionne en redevance chaque année 6% du chiffre d’affaires de sa filiale (près de 65 millions d’euros en 2005).

Disney a besoin de Disneyland, dit un ex-dirigeant :
« Retirez les parcs parisiens, et la visibilité de la marque Disney en Europpe s’effondre ! »

Les banques n’ont pas d’avantage intérêt à faire de l’agit-prop. BNP Paribas et Calyon (ex-Indosuez) en tête, elles se sont accommodées du risque Disney.
« Certes, elles ont perdu de l’argent avec la restructuration de 1994 », admet un dirigeant qui a participé à ces négociations.
Sauf que depuis, « elles se sont bien rattrapées », assure-t-il.

Outre les intérêts de la dette, elles savent faire payer les délais de négociation que Disneyland leur demande. Et la signature américaine reste la meilleure des garanties.

Du côté de l’Etat, tout concourt à se cacher sous l’édredon.Disneyland Paris est une belle pompe à devises pour l’économie francilienne. "Nous sommes le premier employeur de Seine-et-Marne rappelait Dominique Coquet, responsable du développement du parc au ministre délégué au Tourisme Léon Bertrand.

Nous avons payé 864 millions d’euros de taxes entre 1992 et 2004 :

- 461 perçus par l’Etat au titre de la TVA.
- 403 par les collectivités locales.
Nous représentons 6% du poste voyage dans la balance des paiements."

LE TRESOR.

Il y a une dernière raison à cette passivité : un trésor caché non dans le château de la Belle au bois dormant, mais autour. Dans ces 2 000 hectares que Mickey s’est vu confier par l’Etat en 1987.

Depuis, Val-d’Europe, une ville de 21 000 habitants, a poussé en rase campagne, assurant des profits récurrents à l’activité de développeur immobilier. Disneyland dépense 150 euros par mètre carré piur viabiliser des terrains qu’il revendrait trois fois plus cher aux promoteurs.

Soit un profit de 3 millions par hectare. Disney possède encore d’un millier d’hectares : un pactole de 3 milliards d’euros qui dort autour du château.

Et qui explique que personne ne semble pressé de réveiller la Belle...

Article de : « Mathieu Magnaudeix » trouvé dans « Challenge S », par Linsay

Il faudrait rajouter à cette analyse au parfum par endroits de psychanalyse économique que Dysney avait été ouvert grâce à un plan de financement de 21 milliards de francs soit 20 fournis par l’Etat et un seul par Dysney. Ce qui relativise la prise de risque pour « l’investisseur » américain...C’était l’époque où l’on expliquait aux français qu’il fallait accepter la casse de nos industries au profit de parcs d’attractions qui devaient être la solution à tous nos problèmes...on voit !



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