Les brèves de février 2013 (II)

mercredi 20 février 2013
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Haïti  : Que reste-t-il des rêves de reconstruction d’Haïti ? Trois ans après le tremblement de terre qui a ravagé ce pays parmi les plus pauvres du monde, 360000 personnes s’entassent toujours dans l’insalubrité des camps de tentes, les bidonvilles sont repartis à l’assaut des collines, une épidémie de choléra s’est durablement installée et 80% de la population vit toujours sous le seuil de pauvreté. Beaucoup de réfugiés ont quitté les camps après avoir simplement réparé leur logement par leurs propres moyens, ou construit de nouveaux abris de bric et de broc, contribuant au phénomène de bidonvillisation des zones péri-urbaines. Pierre angulaire de la politique de relogement, le programme 16×6 vise à réhabiliter seize quartiers pauvres de Port-au-Prince en y relocalisant les personnes vivant dans six grands camps de déplacés de la capitale. Le choix des six camps a été fait sur des critères de visibilité plutôt qu’en fonction du niveau de précarité et de vulnérabilité : il s’agissait de camps situés sur des espaces publics visibles, comme le Champ-de-Mars, les environs de l’aéroport ou les places publiques de Pétion-Ville. le montant des aides est trop faible pour permettre aux familles de s’installer ailleurs que dans les bidonvilles situés dans des zones vulnérables. Rappelons que sur le plan de l’aide, un pays se distingue, Cuba.

Indonésie : Nike, le fabricant américain d’articles de sport a annoncé, mardi 15 janvier, le lancement d’une enquête à la suite d’accusations selon lesquelles des sous-traitants en Indonésie tenteraient de ne pas payer le salaire minimum à leurs employés. Les emplois non qualifiés en Indonésie sont parmi les moins payés en Asie, derrière souvent même l’Inde et la Chine. Mais, à la suite d’importantes manifestations, les autorités locales, qui déterminent le niveau du salaire minimum, ont décrété des hausses substantielles. L’organisation non gouvernementale américaine Éducation for Justice (EFJ) estime qu’au moins six des quarante sous-traitants indonésiens qui fournissent Nike ont demandé une exemption. L’usine de Nike à Sukabumi, dans l’ouest de l’île de Java, a déjà obtenu une exemption qui lui permet de payer ses employés 1,1 million de roupies, contre 1,2 million de roupies requis par la réglementation locale. Les valeurs impérialistes de Nike vont à l’encontre des engagements envers la démocratie et les droits de l’homme. Le directeur du Centre pour les droits syndicaux, Surya Tjandra, a souligné que, même s’il s’agissait de sous-traitants, Nike était finalement responsable. Les ouvriers en Indonésie ont à peine assez pour leur nourriture. Alors imaginons ce qu’il en est pour la santé, l’éducation ou autre.

Israël : Israël a rejeté un rapport commandé par le Conseil des droits de l’Homme de l’ONU qui exige l’arrêt immédiat de la colonisation des Territoires palestiniens, accusant le Conseil de partialité et jugeant que le rapport entravait les efforts pour une solution au conflit. Selon un rapport d’experts rendu public à Genève, un nombre important de droits de l’Homme des Palestiniens sont violés de manières et de façons diverses en raison de l’existence de ces colonies de peuplement.

Conformément à l’article 49 de la quatrième Convention de Genève, Israël doit cesser toute activité de peuplement dans les colonies et ce sans conditions préalables. Il doit immédiatement commencer un processus de retrait de tous les colons des territoires occupés, souligne le rapport dans ses recommandations. Le document sera soumis le 18 mars aux 47 États membres permanents du Conseil. Israël boycotte depuis mars 2012 les réunions du Conseil des droits de l’Homme à la suite du mandat donné à cette mission. Il ne s’est pas présenté mardi pour l’examen périodique de la situation des droits de l’Homme en Israël, devenant le premier État à boycotter ce processus régulier des Nations unies. le porte-parole du ministère des Affaires étrangères, a indiqué qu’Israël avait annoncé à l’avance que les autorités israéliennes ne collaboreraient pas avec les experts qui ont rédigé ce rapport.

Japon : Près de deux ans après la catastrophe nucléaire de Fukushima, dans le nord-est du Japon, et de multiples allégations sur l’implication de la pègre japonaise dans la reconstruction, la police a arrêté, jeudi 31 janvier, un yakuza soupçonné d’avoir illégalement envoyé des travailleurs dans les zones sinistrées. M. Arai aurait envoyé à plusieurs reprises des journaliers à un sous-traitant de Yamagata engagé dans la décontamination radioactive de Date, ville du département de Fukushima. Ces travailleurs n’auraient touché que la moitié des 20 000 yens (158 euros) promis par journée de labeur. Le chantier est d’autant plus alléchant que le milieu nippon souffre depuis plusieurs années d’une perte de ses sources de revenus en raison d’une législation plus répressive. des yakuzas ont travaillé à Fukushima dès le début de la catastrophe, participant à la lutte pour limiter les dégâts. Ils sont chargés de trouver des gens et de les envoyer sur le site. Ils cibleraient les personnes endettées, les sans-domicile et des personnes souffrant d’un handicap psychologique.

Libye :La justice poursuit son enquête sur les activités d’Amesys en Libye. La cour d’appel de Paris a ordonné la poursuite de l’enquête pour complicité de torture en Libye visant la société Amesys, filiale du groupe informatique français Bull. L’enquête avait été ouverte après une plainte de deux ONG, la Fédération internationale des droits de l’homme (FIDH) et la Ligue des droits de l’homme (LDH). Le parquet avait fait appel de la décision d’un juge d’instruction d’enquêter sur la plainte de la FIDH et de la LDH qui accusent Amesys de s’être rendue complice de torture en vendant au régime de Kadhafi du matériel de surveillance. La chambre de l’instruction de la cour d’appel de Paris a rejeté l’appel du parquet et ordonné la poursuite de l’enquête. Une enquête publiée détaille le rôle joué par Amesys dans l’architecture du vaste réseau de surveillance du Web mis en place par le régime de Kadhafi. Par son logiciel Eagle, qui permet d’intercepter des courriers électroniques transitant sur les messageries Hotmail, Yahoo ! et Gmail et de surveiller les messageries instantanées, la société française a permis aux services de renseignement de contrôler toutes les données transitant sur le Web libyen. Parallèlement, cinq victimes libyennes se sont constituées parties civiles le 10 janvier dans cette instruction à la suite d’une mission en Libye de la FIDH en décembre. Elles avaient été arrêtées et torturées par le régime en place et leur arrestation était directement liée à leur surveillance par le système livré par Amesys. C’était le temps où Kadhafi était un ami de la France...

Madagascar : Andry Rajoelina candidat à la présidentielle de 2018 s’est désisté pour 2013 sous la pression de la « communauté internationale » [1], qui souhaite que Madagascar puisse organiser des élections libres et sans violences. Son principal rival, l’ex-président Marc Ravalomanana (qu’il avait renversé lors d’une révolution en 2009), avait déjà renoncé à se présenter il y a un mois. L’affrontement des deux hommes était considéré par «  la communauté internationale » comme un obstacle majeur à l’organisation d’élections. Mais ce double désistement a changé la donne et a été largement salué cette semaine par la fameuse communauté internationale, qui a rapidement débloqué près de 12 millions d’euros pour la préparation des élections. De son côté, l’ex-président Ravalomanana, exilé en Afrique du Sud, n’a pas non plus renoncé au pouvoir. Ce dernier avait déclaré en décembre qu’il souhaitait rentrer pour aider à la reconstruction du pays, qu’il a quitté en 2009. Mais sa condamnation aux travaux forcés à perpétuité pour la mort de dizaines de manifestants tués par sa garde en 2009 l’empêche de rentrer libre à Madagascar.

Mali :Le contingent français au Mali pourrait diminuer à partir de mars. François Hollande aurait confirmé, mercredi 6 février en conseil des ministres, que les effectifs du contingent français au Mali devraient diminuer. "Ce sont les Africains et les Maliens eux-mêmes qui doivent être les garants de la sécurité, de l’intégrité territoriale et de la souveraineté de ce pays". La mission militaire africaine, doit à terme comprendre environ 6 000 soldats, dont 2 000 seulement sont déjà au Mali. Un contingent distinct de 2 000 Tchadiens est lui déjà presque entièrement déployé. L’avenir montrera ce qu’il faut penser de cette déclaration.

Maroc :Le gouvernement marocain fait un pas vers l’abrogation d’une loi décriée sur le viol. Le gouvernement islamiste du Maroc a apporté lundi son soutien à une proposition de loi visant à abroger un article du code pénal permettant à un homme coupable de viol sur mineure d’échapper à la prison s’il épouse sa victime, une mesure très attendue au sein de la société civile. Selon l’article 475 du code pénal, le viol est puni de plusieurs années de prison, à moins que la victime et son agresseur se marient. Le suicide, en mars 2012, d’Amina Filali, contrainte d’épouser l’homme qui l’avait violée, avait toutefois fait l’effet d’un électrochoc et les appels à l’abrogation de cet article s’étaient multipliés. le ministère de la justice a annoncé dans un communiqué qu’il soutenait une proposition de loi de membres de la chambre des conseillers (chambre haute) prévoyant la suppression de l’alinéa qui accorde au violeur la possibilité d’épouser sa victime en vue d’éviter sa condamnation. A ce stade, il faut encore que la proposition soit notamment adoptée par les deux chambres, des conseillers et des représentants (députés). L’affaire de cette adolescente âgée de 16 ans avait été révélatrice des contradictions de la société marocaine, alors que la Constitution adoptée en juillet 2011 dans le contexte du Printemps arabe prévoit l’égalité des sexes et bannit toute discrimination.

Niger :Des ONG pointent un manque de suivi des matériaux issus des mines d’uranium. La Commission de recherche et d’information indépendantes sur la radioactivité (Criirad), association spécialisée dans le suivi de la radioactivité, et l’organisation non gouvernementale nigérienne Aghir in’man ont mis en cause, jeudi 17 janvier, le suivi par Areva du matériel utilisé dans les installations d’extraction d’uranium au Niger. Selon un communiqué, 1 600 tonnes de ferrailles provenant des sites d’extraction d’uranium sont sorties dans le domaine public. Une partie de ces matériaux, 1 000 tonnes, a été découverte en septembre chez un ferrailleur et des contrôles ont montré que certains lots étaient radioactifs. Ces ferrailles radioactives peuvent présenter un risque plus ou moins important pour la santé en fonction de l’usage qui en est fait. La Criirad demande donc qu’Areva fasse toute la transparence sur les conditions de cession des ferrailles, revoie les procédures de contrôle de radioactivité des matériaux autorisés à quitter les installations minières et s’engage à repérer et racheter les ferrailles contaminées déjà mises en vente dans le domaine public.

Pakistan : Il y a quelque chose de désespérant à propos du Pakistan. Dès que cet enfant malade de l’Asie du Sud semble présenter des signes de rémission, la rechute guette automatiquement. On aimerait franchement pouvoir rapporter des nouvelles positives de ce pays, qui est loin de se résumer à la caricature d’un volcan djihadiste. La tâche se révèle pourtant impossible. Mardi 15 janvier, la Cour suprême a ordonné l’arrestation du premier ministre, Raza Pervez Ashraf, pour son implication supposée dans une affaire de corruption. Au même moment, la capitale se trouvait en état de siège alors que des dizaines de milliers de manifestants, rêvant d’une "révolution" à la Tahrir égyptienne, campent devant le Parlement en exigeant la démission du gouvernement "corrompu".

Russie :Pires répressions contre la société civile depuis la chute de l’URSS. En 2012, le Kremlin a lancé contre la société civile les répressions de la plus grande ampleur dans l’histoire de la Russie post-soviétique. C’était la pire année pour les droits de l’homme dans l’histoire récente en Russie. Depuis le retour de Vladimir Poutine à la présidence russe en mai, un Parlement dominé par les membres du parti pro-Poutine Russie Unie a adopté une série de lois imposant des restrictions considérables à la société civile. Parmi ces lois, l’une oblige les ONG russes bénéficiant de subventions étrangères à se déclarer agent de l’étranger, une autre élargit de manière floue les notions de trahison et d’espionnage, une troisième renforce considérablement les sanctions en cas d’incidents lors de manifestations. Avant même l’investiture de Vladimir Poutine, les autorités de plusieurs villes ont essayé à maintes reprises d’intimider des militants politiques et des défenseurs des libertés et ont été à l’origine de procès et détentions arbitraires, de menaces, passages à tabac et autres formes de harcèlement. Le Kremlin a accusé à plusieurs reprises l’opposition, qui a rassemblé des centaines de milliers de personnes dans les rues l’an passé, d’être à la solde de l’étranger. Des poursuites contre des opposants ont notamment commencé après la diffusion en octobre dernier d’une émission par NTV, chaîne de télévision favorable au pouvoir, affirmant sur la foi d’enregistrements en caméra cachée d’origine non précisée, qu’ils étaient impliqués dans des projets visant à renverser le pouvoir par la force.

Somalie :Au moins six personnes, dont des soldats, ont été tuées, mardi 29 janvier, dans un attentat-suicide perpétré à Mogadiscio devant les bureaux du premier ministre, Abdi Farah Shirdon Said, sorti indemne de l’attaque. Depuis un an et demi, Mogadiscio vit dans un calme relatif. Depuis que les insurgés islamistes, les chebab, en ont été chassés, en août 2011, par l’embryon d’armée somalienne et la force de l’Union africaine (Amisom) qui la soutient, les combats urbains ont cessé. Mais les opérations de type guérilla, les attentats à la voiture piégée et les attaques-suicides frappent encore régulièrement la capitale, considérée comme l’une des plus dangereuses au monde.

Thaïlande :La Thaïlande pourrait ne pas respecter la future décision de la justice internationale dans une affaire l’opposant au Cambodge à propos d’une zone frontalière disputée. En février et en avril 2011, de violents combats s’étaient déclenchés près de la frontière, notamment autour du temple de Preah Vihear, classé au patrimoine mondial de l’Unesco, faisant au total vingt-huit morts. D’autres les avaient opposés les années précédentes. Le Cambodge a demandé à la Cour internationale de justice (CIJ) d’interpréter un arrêt rendu en 1962 qui lui octroyait la souveraineté sur Preah Vihear, des ruines du XIe siècle. Mais les Thaïlandais contrôlent ses principaux accès, et les deux pays revendiquent une zone de 4,6 km2 en contrebas de l’édifice qui n’a pas été délimitée. Les audiences de la CIJ auront lieu du 15 au 19 avril à La Haye. Aucune date n’a été annoncée pour le jugement. L’atmosphère entre les deux pays s’est réchauffée depuis l’arrivée au pouvoir à l’été 2011 en Thaïlande de Yingluck Shinawatra, sœur de l’ex-premier ministre en exil Thaksin Shinawatra. Mais les ultra-nationalistes thaïlandais ont depuis de nouveau manifesté contre ce futur jugement.

Tunisie : L’assassinat, le 6 février, de Chokri Belaïd, une figure de l’opposition, a provoqué une manifestation ce même jour à Tunis. Le parti islamiste au pouvoir, Ennahda, est montré du doigt par les syndicats et partis d’opposition, qui l’accusent d’orchestrer une campagne d’intimidation contre les opposants. Deux ans après le soulèvement qui a mis fin au régime de Ben Ali, le mécontentement populaire s’exprime de plus en plus violemment, menaçant le processus de transition démocratique. La bipolarisation de la vie politique - pro-islamistes contre partisans d’un régime laïc - fait que le débat identitaire a pris le pas sur les véritables problèmes économiques et sociaux. La pauvreté et le chômage, qui avaient conduit à la révolution, sont toujours là.

Yémen  :
Neuf membres présumés d’Al-Qaïda ont été tués dans deux attaques séparées de drones américains dans la province de Marib au Yémen , selon des sources tribales et des témoins. Leur mort porte à 23 le nombre de tués par des drones, dont les États-Unis sont les seuls à disposer dans la région, depuis le 24 décembre. Selon un notable tribal qui a requis l’anonymat, un missile tiré par un drone américain a touché de plein fouet une voiture tout-terrain dans la région de Wadi Abida, à quelque 170 km à l’est de Sanaa, tuant ses quatre occupants. Le chef de la sécurité nationale yéménite, Ali Hassan al-Ahmadi, a déclaré le 8 janvier que les frappes des drones américains se poursuivraient dans le cadre de la coopération antiterroriste entre Sanaa et Washington. Le réseau extrémiste avait profité de l’affaiblissement du pouvoir central en 2011, à la faveur de l’insurrection populaire contre l’ancien président Ali Abdallah Saleh, pour renforcer son emprise sur l’est et le sud du Yémen, où il a regroupé ses forces.



[1terme médiatique désignant les pays capitalistes occidentaux



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