Les enjeux d’un conflit

jeudi 29 juin 2006
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Retour sur la grève au service nettoiement de la CUM (communauté urbaine de Marseille).

Le 20 juin 2006 , le CTP ( Comité Technique Paritaire : instance qui est au public ce que le CE est au privé) de la CUM était consulté pour :

- Réorganiser encore une fois les services de collecte des ordures ménagères en modifiant les cycles de travail des agents et en détériorant leurs conditions de travail.

- Le deuxième gros point concernait : la suppression de la collecte du dimanche avec l’analyse de l’expérimentation dans le 9 ème arrdt ( arrondissement dont les missions sont effectuées par le secteur public ce qui n’est pas le cas dans toute la ville où dans certains arrondissements ce service a été confié au privé).

Pourquoi la majorité communautaire veut-elle imposer cette modification de la mission de service public ? Pour deux raisons :

- Un effet de poudre aux yeux. La municipalité Gaudin a lancé une grande campagne de communication intitulée « Marseille plus propre » campagne qui essaie de répondre à la volonté des marseillais qui ne cessent de dénoncer avec juste raison la saleté de la ville.
Il s’agissait par cette réorganisation de récupérer 300 agents de la collecte des ordures ménagères pour les affecter à la propreté ( propreté des rues... )

- Une volonté de privatisation. S’ils n’étaient pas tenus par la loi des marchés (renouvellement en 2008) et la proximité d’échéances politiques il y a fort à parier que Monsieur GAUDIN et son équipe auraient tenté de lancer quelques appels d’offres pour accélérer les privatisations qu’attend semblerait-il avec appétit le tentaculaire groupe Véolia (après les transports régionaux, le tram et jusqu’aux bateaux qui font les navettes quotidiennes entre la ville et les iles du Frioul). Au moins la réorganisation pouvait permettre de la préparer.

Ils ne peuvent pas privatiser pour l’instant ? Qu’à cela ne tienne on déshabille Paul pour habiller jacques, on rajoute du personnel en nombre encore insuffisant à la propreté en enlevant des agents à la collecte des ordures ménagères qui doivent toujours enlever le même tonnage.

Sauf que le personnel ne l’a pas entendu de cette oreille.

Le syndicat CGT des territoriaux de la Ville de Marseille et de La communauté urbaine avait appelé ce jour là les agents de la communauté urbaine à la grève en demandant le retrait des dossiers au CTP et en rappelant que depuis 2002 date du transfert des personnels des communes à la CUM les réorganisation de services avec la réduction de moyens humains et matériels( diminution des budgets de fonctionnement , non remplacement des départs à la retraite... ) n’avaient conduit qu’à encore plus de détérioration des conditions de travail des salariés et à moins de service public pour la population. Le personnel a fait grève le 20...et a poursuivi.

Une grève du nettoiement avec la chaleur qu’il fait pour une ville qui veut faire propre ça marque mal !

De plus la grève de la RTM a laissé des traces et l’image de la municipalité Gaudin déjà passablement écornée s’est encore détériorée tant les traminots après ceux du Port autonome et ceux de la SNCM ont su faire grandir dans l’opinion marseillaise l’exigence des services publics et le refus des privatisations.

La grève des agents de nettoiement, au-delà de l’aspect strictement revendicatif, pose alors plusieurs questions.

- Celle de la démocratie à l’entreprise avec la nécessité de la consultation préalable des agents pour tout choix politique qui vise à transformer (et dans ce cas précis) à réduire une mission de service.

- Celle aussi de la démocratie municipale et donc de la consultation des marseillais sur la suppression de la collecte du dimanche.

Cela tombe tellement sous le sens que du côté mairie on va tenter de dévoyer le débat et pour ce faire faire appel à la presse non pas pour aider au débat public, mais l’utiliser pour masquer l’inavouable.

On comprend mieux dans ces conditions les déferlantes médiatiques anti fonctionnaires de ces jours ci,comme pour la SNCM, la RTM , l’histoire se reproduit. La calomnie les insultes sur les salaries cachent des choix politiques de privatisation qui coûtent plus cher à la population pour alimenter les actionnaires des grands groupe .

Peine perdue, pris entre le manque de moyens pour effectuer leur mission et les choix de privatisation les salariés vont tenir bon.

De plus ils ont de sérieux arguments économiques qu’ils développent.
Il est prouvé que la collecte par le service public est moins chère lorsque elle est effectuée par le privé. C’est d’ailleurs la même chose pour les autres services. Ainsi la Fédération CGT des services publics qui se bat pour une service public national de l’eau a pu chiffre que dans les (nombreuses) communes qui ont privatisé l’eau le prix du m3 est de 40 % supérieur à celui produit en régie par les services publics ! Ce qui somme toute n’est pas surprenant car comment voulez vous que les actionnaires vivent ?!

Après 7 jours de grève les salariés du nettoiement ont obtenu :

- La mise en place d’un règlement intérieur pour l’ensemble des agents de le Direction de la propreté urbaine

- La résorbtion de la précarité et le recrutement de 15 chauffeurs.

- L’augmentation de la prime de propreté.

- L’engagement de la direction à consulter et demander avis aux organisations syndicales pour toute future modification de l’organisation du travail des agents.

Une fois de plus, démonstration est faite que les solutions - quoique puisse penser la municipalité - résident dans le dialogue social et que lorsqu’il est absent le rapport de forces peut l’imposer.

Dans ce conflit les salariés unis avec leur organisations CGT et SDU FSU ont encore fait la démonstration de leur capacité à se faire entendre mais aussi à faire respecter l’intérêt de l’ensemble des usagers.

Leur action, outre le fait qu’au plan syndical elle donne confiance dans l’action et l’organisation collectives (il y a eu 15 adhésions à la CGT dans le conflit), au plan politique elle ouvre des perspectives pour peu que l’on s’en saisisse.

Etre pour « une autre politique ou faire de la politique autrement » slogans souvent entendus voire galvaudés c’est s’appuyer sur des luttes comme celle-ci pour se prononcer pour :

- La remunicipalisation des services et donc le retour dans le giron du service public de tout ce que les municipalités successives ont privatisé avec l’aide des gouvernements et des autres collectivités territoriales toutes couleurs politiques confondues.

- Le développement des services, leur extension à des secteurs dont la ville avait dès le départ confié la gestion au privé et leur amélioration car le retour à la situation antérieure ne suffit pas. Usagers et population ne se battront pas pour retrouver simplement un service public d’avant privatisation tellement dégradé qu’il n’avait plus de service et de public que le nom.

- Une réelle démocratisation et non seulement une démocratie participative gadget. Donc une administration qui associe personnels et usagers dans une instance permanente de choix de gestion.

Quand le politique se nourrit du social, alors à son tour par les choix qu’il fait et les perspectives qu’il offre, il aide concrètement à la reconquête et au développement des services publics de proximité pour plus d’efficacité sociale .



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