« On pensait avoir un ennemi, on en a deux » (Edouard Pagni délégué CGT moulins Maurel)

lundi 6 octobre 2014
popularité : 4%

Un épisode de plus dans le combat des salariés des moulins et des Bouches-du-Rhône pour la défense de l’emploi et de l’outil industriel. Pour l’instant le groupe Nutrixo, propriétaire du site, est déterminé non seulement à fermer mais aussi à bloquer toute possibilité de redémarrage des moulins Maurel. Pour autant les salariés et la CGT n’ont pas dit leur dernier mot.

Jeudi 3 octobre 2014, au petit matin, les forces de police de Valls et Cazeneuve sont venues en très grand nombre [1] faire une bien sale besogne pour le compte de Nutrixo : expulser les salariés en lutte depuis plus d’un an et qui occupaient le site depuis une semaine, prendre l’usine, démonter et charger dans un semi-remorque les deux plus grandes et performantes machines, charger les militants qui faisaient le gué dehors et partir en laissant le site sous la garde de milices privées, les mêmes que celles utilisées par la direction de Fralib….

L’intervention, à la légalité plus que douteuse au vu des différentes ordonnances du tribunal qui appelaient à la poursuite du dialogue, est d’autant plus scandaleuse que Nutrixo refuse de discuter avec le groupe qui s’est porté candidat à la reprise du site et l’a encore rappelé ce jeudi à la préfecture. Là encore la responsabilité des pouvoirs publics est écrasante : non seulement ils ne font rien pour forcer Nutrixo à négocier alors que l’état est actionnaire à 11% du groupe mais en plus avec l’épisode de jeudi dernier ils se rendent complices du démantèlement du site espérant sans doute décourager la trentaine de salariés qui se battent pour leur emploi.

Eh bien si l’abattement était le but recherché, patronat et gouvernement en seront pour leurs frais.
C’était sans compter la convergence des luttes initiée par la CGT dans le département sur les nombreux dossiers de défense d’emploi avec 17 autres organisations.
C’était sans compter également avec la solidarité entre les travailleurs qui ici n’est pas un vain mot ou un simple slogan.
C’était sans compter avec la détermination des salariés dont la vie de famille, l’avenir professionnel et la santé sont en jeu dans ce bras de fer travailleurs / patronat, gouvernement.

Ce samedi 4 octobre la CGT du département appelait à un rassemblement devant l’usine et tous répondaient présents.

Edouard, le délégué de l’entreprise, prenait la parole le premier et rappelait la force de cette stratégie : « En face ils ont peur quand ils nous voient au côté des camarades d’Air France, de la SNCM, de l’APHM, de LyonDell…Et nous on y va parce qu’on a besoin de routes, d’hôpitaux, d’éducation, d’emplois, de services publics et c’est ce qu’on leur dit quand on parle des moulins Maurel. On pensait avoir un ennemi, les patrons ; en fait on en a deux : les patrons et le gouvernement. »

Et de détailler les éléments qui prouvent tout à la fois la mauvaise foi de Nutrixo, la complicité du gouvernement et la volonté commune des deux adversaires de faire sur le site une opération immobilière au détriment de l’emploi et des besoins de la population. Comment ne pas penser en entendant Edouard démontrer le mécanisme qui lie le patronat au gouvernement à cette phrase historique : « Le gouvernement moderne n’est qu’un comité administratif de la classe bourgeoise » comme l’écrivaient Marx et Engels dans le manifeste du Parti Communiste ...en 1848. Même si le contexte socio-économique de l’époque n’est pas comparable avec celui d’aujourd’hui, le gouvernement français actuel est bel et bien du côté des patrons qui broient la vie des travailleurs. Aujourd’hui encore l’affrontement capital/ travail n’a pas fondamentalement changé.

Eric Chenais du bureau départemental de la CGT et Julien Huck secrétaire Fédéral de la FNAF ont également pris la parole en faisant le lien entre le rassemblement devant l’usine et la journée nationale d’action à venir du 16 octobre.

Tous les 3, et plus particulièrement Edouard, répondant à l’envie qui traversait si fort l’assistance que les grilles métalliques en furent toutes secouées et manquèrent de tomber, faisaient une promesse : « On reprendra notre usine » et les fralibs présents à qui cela rappelait des souvenirs, avec l’ensemble des manifestants, approuvaient avec force.

L’histoire n’est pas finie, les camarades en luttes des moulins et les militants qui les soutiennent ont bien montrés ce 4 octobre, qu’ils étaient déterminés à l’écrire en leur faveur.


[1difficile de dire combien ils étaient mais on a bien dénombré plusieurs dizaines de fourgons de CRS



Commentaires

Sites favoris


20 sites référencés dans ce secteur