« DE GALILÉE À SOHANE »

vendredi 7 avril 2006
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Il fut un messager céleste que j’aurais aimé rencontrer, mais il mourut en 1642. Il s’appelait Galileo Galilei.

Un être complexe, plus qu’un héros, un poète peut-être tout autant qu’un mathématicien. Un homme, un "jouisseur de la pensée"sans doute, un "penseur par tous les sens" certainement.

Je ne l’ai jamais rencontré, il n’y avait d’ailleurs aucune chance que nous nous rencontrions.

Elle, ma contemporaine, j’aurais pu la rencontrer.

Elle était, elle vivait à quelques kilomètres de chez moi.

Elle rêvait de vivre longtemps et libre.

Libre, indépendante, c’était son rêve, ce fut son crime !

Assassinée, brûlée vive, pour avoir osé vivre, vivre libre.

Brûlée vive pour avoir aimé la vie.

Elle n’a rien révolutionné. Elle a simplement résisté au retour de l’obscurantisme qui frappe les femmes, les très jeunes femmes dans certains quartiers plus que d’en d’autres.

Je ne l’ai pas connue, mais je l’imagine confiante, ouverte à la vie.

Belle comme le sont les femmes libres, belle comme le sont toutes les adolescentes qui disent oui à la vie, les yeux fixés sur l’horizon, au-delà des murs, au-delà des préjugés.

Belle comme la promesse.

Ils l’ont tuée pour insulter l’avenir, pour cacher leurs désirs au fond d’une benne à ordure.

Brûlée vive pour avoir fait le pari de l’intelligence, de la vie.

Brûlée vive.

Je sais que c’est difficile à entendre ce « brûlée vive », c’est difficile à dire, à écrire aussi.

Pourtant faut-il se préserver au risque de l’oubli ?

Si comme Pascal on peut s’émerveiller et s’effrayer du « silence éternel des espaces infinis », on ne peut qu’avoir la nausée du silence de la peur qui commande l’oubli des crimes contre la dignité, contre la liberté.

La vie et la mort de Sohane, ce n’est pas une fable !

C’est pourquoi, « La Coordination Féministe Laïque » et la « Ligue du Droit International des Femmes » appelaient à se rassembler pour le deuxième anniversaire de la mort de Sohane, le 4 octobre dernier, place Sartre-Beauvoir à Paris autour d’une plaque en souvenir de Sohane.

Sohane est devenue le symbole des souffrances et des humiliations que subissent les jeunes filles des cités qui se battent contre le machisme parfois extrême dont elles sont l’objet.

Les déclarations autour de son procès prouvent encore que le chemin à parcourir est encore bien long pour que les femmes soient respectées dans leur liberté fondamentale.

Autant dire que ces jeunes filles qui se battent au quotidien se battent au nom de notre liberté à toutes et à tous.


Aline Pallier



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