La Grèce peut se passer des larmes de crocodile

samedi 10 mars 2012
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Chers camarades,

La crise capitaliste en Grèce a été accompagnée d’une attaque sans précédent contre les droits de la classe ouvrière et de ses alliés et d’une intensification correspondante de la lutte de classe.

Cela a attiré l’attention des travailleurs dans d’autres pays.

Dans ce contexte, même des forces politiques bourgeoises qui portent une lourde responsabilité dans cette offensive anti-populaire affirment leur "sympathie" avec le peuple grec.

Mais ils prennent bien soin de dissimuler les véritables causes des problèmes que connaît le peuple grec : la crise capitaliste, le piège qui se referme sur notre pays dans les instances impérialistes telles que l’OTAN et l’UE et enfin l’exploitation capitaliste.

Les représentants de la « Nouvelle gauche » font des déclarations qui s’inscrivent dans ce contexte, comme la lettre du président du Parti de la gauche européenne (PGE) et secrétaire-général du PCF, Pierre Laurent, au sujet de la Grèce, que vous avez publié dans votre journal l’Humanité.

En réalité, le problème que rencontrent la classe ouvrière et les couches populaires en Grèce n’est pas un problème de « démocratie », de l’imposition de mesures de l’extérieur, par « les dirigeants européens et le FMI », comme l’écrit Pierre Laurent. La coalition gouvernementale du parti social-démocrate PASOK et du parti libéral Nouvelle démocratie (ND) ne sont pas non plus des « victimes » de ces « leaders européens et du FMI », telle que la situation est présentée à travers les verres déformants du président du PGE.

La vérité, c’est que ces mesures, qui sont prises sous prétexte de l’ampleur de la dette publique, ont comme but de renforcer la profitabilité du capital en Grèce, au moyen d’une réduction drastique du prix de la force de travail. Nous ne devons pas oublier qu’en ce moment même 600 milliards d’euros (près du double de la dette publique grecque) appartenant aux capitalistes Grecs se trouvent dans les caisses des seules banques Suisses !

Il s’agit ainsi de mesures qui correspondent pleinement aux intérêts des capitalistes en vue de faire payer la crise au peuple, afin que la Grèce puisse connaître une reprise capitaliste et que le capital accumulé dans la période précédente puisse trouver un débouché rentable. Il s’agit de mesures qui ont été décidées d’un commun accord, dans le cadre de l’UE, par le gouvernement Grec et la classe bourgeoise dont les intérêts sont défendus par les deux partis au pouvoir et qui n’ont pas été imposées par les « dirigeants européens et le FMI ». Toutes ces mesures se trouvaient plus ou moins dans les programmes du PASOK et de la Nouvelle démocratie, et avaient par ailleurs été prévues par les traités européens, en commençant par le traité de Maastricht. C’est la raison pour laquelle les classes ouvrières Grecques et Britanniques – et bien sûr toutes les autres – ont une si mauvaise opinion de l’UE et de son rôle anti-populaire. Dans le même temps, les représentants du PGE en Grèce, Synapsismos, après avoir voté le Traité de Maastricht, ont nourri et continuent systématiquement de nourrir des illusions sur l’UE, en présentant la participation de la Grèce à l’UE comme la seule voie possible et imaginable, s’opposant en cela au KKE qui lutte pour le retrait du pays de l’UE avec pouvoir populaire.

Le président du PGE parle d’une « mise sous tutelle » de la Grèce par la Troïka. Est-il au courant que la classe bourgeoise grecque accepte consciemment depuis des décennies de participer aux unions impérialistes de l’OTAN et de l’UE, et que sa participation dans le cadre de relations interdépendantes, prévoyait la concession de droits souverains à l’UE et à l’OTAN ? Sait-il que, par exemple, la Politique agricole commune (PAC) ne laisse aucune place à un développement dans le secteur de l’économie agricole qui aille dans les intérêts du peuple ? Il faudrait lui rappeler que la Grèce avait, avant de rejoindre la CEE-UE, un excédent commercial agricole, alors qu’aujourd’hui, à cause de la PAC, elle importe même certains produits agricoles qui sont cultivés en Grèce, tandis que des centaines de milliers de petits et moyens agriculteurs ont rejoint l’ « armée » des chômeurs.

L’entrée de la Grèce dans l’UE, que le président du PGE évite de mentionner – il préfère plutôt dénoncer les « dirigeants européens » de façon abstraite – tout comme les dépenses militaires exorbitantes de l’OTAN, la politique d’exonérations fiscales pour le capital au nom de la « compétitivité » de l’économie, qui a été suivie dans le passé par les gouvernements du PASOK et de la ND, constituent l’origine de l’inflation de la dette publique et des déficits pour lesquels le peuple Grec ne porte aucune responsabilité.

Bien sûr, ces « omissions » réalisées par le président du PGE ne nous inquiètent pas, car nous savons très bien que le PGE a prêté un serment d’allégeance à l’UE, et est généreusement financé en tant que « parti européen », c’est-à-dire en tant que parti qui accepte les « principes » de l’exploitation capitaliste qui caractérisent l’UE – cette alliance prédatrice des monopoles. Le PGE a même pris des engagements en ce sens dans ses statuts et ses documents fondateurs !

Les propositions du PGE sur le « développement », d’un soi-disant « fonds de développement social », ne remettent pas du tout en cause le pouvoir du capital., au moment même où de plus en plus de travailleurs, et pas seulement en Grèce, comprennent que le capitalisme ne peut pas résoudre les problèmes fondamentaux de la population.

En réalité, le PGE et les forces opportunistes internationales jouent un rôle prépondérant dans la création d’illusions en enjolivant les organisations impérialistes comme l’Union européenne et la Banque centrale et affirmant qu’elles peuvent devenir des institutions pro-peuple » alors que les travailleurs, et pas seulement en Grèce, comprennent de plus en plus que le capitalisme ne peut pas résoudre les problèmes fondamentaux de la population.

En soutenant l’Union européenne et le système d’exploitation, le PGE a choisi son camp. Le Parti communiste de Grèce estime que le PGE constitue un outil pour la mutation des partis communistes et l’éradication de leur identité communiste. Il ne conteste pas les adversaires de la classe ouvrière et des pauvres en Grèce, quels que soient les nombreux appels qu’il peut faire.

Néanmoins, l’expérience et bien sûr les luttes de la classe ouvrière en Grèce - à la pointe de qui sont les communistes et le mouvement syndical de classe le Pame - mettent en évidence une radicalisation de plus en plus grande des travailleurs.

Cette radicalisation passe outre les sermons de la bourgeoisie et des opportunistes qui prêchent la collaboration de classe et la « cohésion sociale », elle apprend à ignorer leurs larmes de crocodile sur les charges assumées par la classe ouvrière.

C’est sur ce chemin que la classe ouvrière peut atteindre le but ultime de son combat - l’abolition du pouvoir capitaliste et la construction du socialisme.

Lundi 05 Mars 2012
Elisseos Vagenas.

Publié dans le Morning Star, quotidien du PC Britannique
Adresse URL de l’article original en anglais : http://www.morningstaronline.co.uk/news/content/view/full/116194



Elisseos Vagenas est le membre du comité central du KKE responsable des affaires internationales.



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lundi 16 avril 2012 à 14h34 - par  che06

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