La Palestine n’est pas seule !
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Du 13 au 15 décembre dernier, à l’invitation de la CGT 13, se tenait à Marseille un colloque international des syndicats de la Méditerranée et de l’Europe du sud. 13 pays représentés, 22 délégations étrangères, des représentants de l’OUSA (Organisation de l’Unité Syndicale Africaine), de la CISA (Confédération Internationale des Syndicats Arabes), tout cela avec l’aide de la FSM qui dès le début a supporté cette initiative. Nous y reviendrons mais d’ores et déjà voici le texte d’introduction à la soirée de solidarité avec la Palestine.
Cher-e-s camarades
Par nature le syndicalisme de classe, et toute son histoire l’a montré, a toujours été pour la paix. C’est au cri de « A bas la guerre vive la révolution » que le peuple s’est soulevé il y a cent ans en Russie. Ce refus des guerres est motivé par le fait que non seulement elles entrainent entraînent mort et destruction mais aussi qu’elles interdisent tout progrès social et produisent de la misère.
De même de toujours le syndicalisme de classe a affirmé le droit inaliénable des peuples à disposer d’eux-mêmes, ce qui interdit toute intervention étrangère, toute occupation coloniale et bien sûr tout apartheid
Avec la Palestine c’est non seulement à ces deux phénomènes que nous sommes confrontés mais en plus à une situation où la Palestine est le centre de la volonté de réorganisation de toute une région du monde selon le projet de Grand Moyen Orient voulu avec un contenu affirmé clairement par Bush et non seulement pas démenti par Obama, mais poursuivi et dans lequel s’inscrit aujourd’hui Trump.
Le monde du travail ne peut rester sans solidarité avec le peuple de Palestine qui fait face tout à la fois à la guerre, l’occupation, l’apartheid, les discriminations de toutes sortes mais aussi à une volonté de nier même son existence et son passé afin de l’expulser totalement de sa terre. Comme jadis les indiens d’Amérique du Nord ou les noirs d’Afrique du Sud, les palestiniens d’aujourd’hui doivent se battre pour faire reconnaître leur droit à l’existence et à rester sur le pays qui les a vus naître. Pas étonnant dans ces conditions que Mandela ait déclaré « nous savons bien que notre liberté est incomplète sans la liberté des Palestiniens. »
La dernière provocation de Trump, l’annonce de l’implantation de l’ambassade étatsunienne à Jérusalem, témoigne de cette volonté de voler la terre des palestiniens.
Par cet acte, Trump, en accord avec l’extrême droite israélienne au pouvoir, veut proclamer que depuis 3000 ans, la Palestine n’a jamais existé comme territoire multiconfessionnel où de tous temps cohabitaient des gens de religions diverses et parmi eux des juifs qui étaient 8% de la population avant 1918.
Dès 1948 pour appeler les juifs du monde à venir en Palestine le slogan des créateurs d’Israël et défenseurs de toutes ses politiques d’agression qui ont depuis marqué son existence a toujours été : « La Palestine est une terre sans peuple pour un peuple sans terre »
Ce mythe sioniste d’une terre d’Israël qui de tous temps aurait été réservée à un peuple juif qui d’ailleurs n’existe pas, l’historien israélien Shlomo Sand a justement dénoncé qu’il ne s’appuyait sur aucune vérité historique.
On est bien devant une volonté de réécriture de l’histoire en donnant à la bible le statut d’encyclopédie universelle et interprétant celle-ci dans l’intérêt de puissances qui se servent de la religion comme d’un alibi aux guerres et à la possession des territoires et de leurs richesses. Pour les USA et leurs alliés la réorganisation du Moyen Orient passe par l’existence de théocraties qui pourront, au nom de la religion, imposer la dictature des intérêts capitalistes dans cette région du monde. En France cette volonté de réécriture s’exprime avec tant de force que le pouvoir essaie de faire la confusion entre antisionisme et antisémitisme. Evidemment il n’en est rien.
Le sionisme est une idéologie que nous combattons parce qu’elle s’appuie sur une falsification de l’histoire et veut déposséder un peuple de sa terre, l’antisémitisme est une des formes de discrimination frappant des gens sur la base de leur religion et que nous combattons au même titre que nous combattons l’islamophobie.
Pas étonnant aussi que le « syndicat » israélien Histadrout, qui est un des gros employeurs du pays, qui pendant des années a refusé de syndiquer les arabes et qui a soutenu la politique d’apartheid de l’Afrique du Sud soit sur la même logique.
Nous savons bien que les travailleurs arabes en Israël sont discriminés et même condamnés, à payer une taxe supplémentaire destinée, comme l’a dit l’économiste Shir Hever, basé à Jérusalem, à « financer la formation d’une main d’œuvre destinée à les remplacer », les immigrants russes.
Nous savons bien aussi que la répression féroce fait que des centaines de milliers de palestiniens ont été ou sont encore en prison. Sur ce point de la situation des travailleurs et de la population en général je laisserai évidemment la parole à notre camarade palestinienne.
Juste un mot sur deux prisonniers politiques envers qui nous avons ici en France, une responsabilité politique particulière.
L’un, Salah Hamouri, parce qu’il est franco-palestinien, l’autre, George Ibrahim Abdallah, parce qu’il est détenu en France.
Salah Hamouri est une nouvelle fois emprisonné, sans procès, en violation du droit international, sans pouvoir même connaître les raisons de son incarcération. Evidemment nous avons repris la bataille pour que Salah sorte de prison comme nous l’avions fait la première fois.
Concernant George, emprisonné depuis 34 ans, il est libérable depuis bientôt 20 ans, aurait dû dans tous les cas sortir de prison sa peine terminée il y a 4 ans, et il est maintenu en prison parce que la France obéit aux injonctions des USA et d’Israël !
Notre travail de syndicaliste est d’informer les travailleurs sur ces faits, d’appeler en permanence à la solidarité et d’être présents dans les actions qui se mènent…nul doute qu’encore plus d’échange et de coordination d’action entre nous, ne pourront qu’aider à ce travail.
L’importance des campagnes de solidarité internationale
Je voudrais terminer par l’importance que nous attachons aux campagnes internationales et aux déclarations communes comme ce fut encore le cas récemment pour la journée internationale de solidarité avec la Palestine et la déclaration de la FSM que nous avons diffusée auprès des organisations syndicales françaises.
Il y a une forme d’action qui nous semble particulièrement efficace et qui s’inspire de ce qui fut fait en son temps contre le régime raciste d’Afrique du Sud, c’est la campagne BDS. Ici en France de plus en plus de syndicats s’engagent dans cette campagne et de plus en plus de citoyens contrôlent l’origine des produits proposés à la vente. De même dans les entreprises de plus en plus souvent les syndicats interpellent leur employeur si celui-ci a des liens avec Israël et ce fut le cas récemment avec les salariés d’Orange.
Nous nous réjouissons du fait que cette évolution soit internationale.
Israël a bien compris le danger puisque d’une part il le souligne dans ses déclarations mais aussi il fait pression sur les gouvernements pour qu’ils adoptent une législation condamnant cette campagne et punissant les militants qui y sont engagés : raison de plus pour continuer.
Nous le savons bien.
On ne peut rien contre un peuple qui lutte pour sa terre. Dans l’histoire, aucun occupant, aucun colonisateur n’a fini par gagner. Cela prendra le temps qu’il faudra mais le peuple de Palestine finira bien un jour par retrouver sa terre. L’intifada pourra enfin cesser parce que la Palestine aura vaincu. Plus nous nous engagerons internationalement dans ce combat, plus vite ce jour viendra !
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