Lettre ouverture de Taoufiq Tahani, président de l’AFPS, à François Hollande

lundi 18 novembre 2013

Monsieur le Président de la République,

Vous vous rendez ces jours-​​ci en Israël et en Palestine. Vous rap­pel­lerez, n’en doutons pas, quelques grands prin­cipes sur le droit de chacun de vivre en paix et en sécurité.

Mais ces mots risquent de sonner étran­gement creux s’ils ne sont pas rap­portés à la situation qui prévaut sur le terrain.

Le supposé « pro­cessus de paix » n’a jamais si mal mérité son nom quand semaines après semaines se suc­cèdent comme en accéléré annonces de construc­tions nou­velles dans les colonies, démo­li­tions de maisons à Jérusalem-​​Est, construction d’une bar­rière « fron­tière » le long du Jourdain, ou subor­di­nation de tout accord à sa vali­dation par une majorité des 2/​3 des députés à la Knesset, tandis que se poursuit le blocus de Gaza et qu’en Israël, les Bédouins sont promis à des regrou­pement forcés et voient leurs vil­lages rasés.

Oserez-​​vous voir la réalité ?

Si les mots ont un sens, cela indique tout sim­plement que l’actuel gou­ver­nement israélien écarte dans les faits la solution de deux États plei­nement sou­ve­rains et prépare avec méthode un « grand Israël » sur une base eth­nique. Les actuelles « négo­cia­tions » ne sont pour lui qu’un habillage destiné à alléger les pres­sions inter­na­tio­nales et imposer de nou­veaux faits accomplis sur le terrain.

Aurez-​​vous, Mon­sieur le pré­sident, l’audace de regarder cette situation sans vous satis­faire des faux-​​semblants qui vous seront présentés ?

Aux chefs d’entreprises qui vous accom­pagnent et cherchent à gagner des marchés ou conclure des par­te­na­riats, oserez-​​vous dire que tout inves­tis­sement dans les colonies, illé­gales au regard du droit inter­na­tional, pré­sen­terait non seulement un risque juri­dique, mais enta­cherait gra­vement leur image à travers le monde et en défi­nitive leur serait défavorable ?

La France ne peut pas rester passive

Aux diri­geants israé­liens, oserez-​​vous tenir une parole de vérité et rap­peler qu’aux yeux de la France, la paix se fonde sur le droit et non sur la force ? Et donc leur rap­peler fer­mement la clé de tout accord de paix, inlas­sa­blement réaf­firmée par les réso­lu­tions de l’ONU : un État pales­tinien sou­verain dans les fron­tières de 1967 avec Jéru­salem Est comme capitale et le règlement de la question des réfugiés confor­mément à la réso­lution 194.

La France ne peut rester spec­ta­trice passive d’un conflit dans lequel elle a, depuis l’origine, sa part de res­pon­sa­bilité et qui reste central et emblé­ma­tique aux yeux du monde d’une injustice his­to­rique de l’Occident.

Elle doit affirmer avec force que toute solution qui pré­ten­drait imposer au faible le droit du plus fort serait illu­soire et géné­ra­trice de chaos. C’est cela, Mon­sieur le pré­sident, que nous vou­drions vous entendre solen­nel­lement rappeler

Taoufiq Tahani

Président de l’Association France Palestine Solidarité

http://www.france-palestine.org/Lettre-ouverte-a-Francois-Hollande,22638

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