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Européennes : tout sauf une surprise
lundi 26 mai 2014, par
On ne peut vraiment pas dire que le résultat d’hier soit une surprise. A écouter les gens autour de soi mais aussi les médias qui ont largement joué leur (néfaste) rôle dans la période, ce vote est même l’histoire d’un séisme annoncé voire préparé y compris par le parti au pouvoir puisque le 1er ministre a confirmé dimanche soir : puisque cette politique est largement désapprouvée, on la continue !
Chez les partisans acharnés de cette UE ils n’ont pourtant pas lésiné sur les moyens allant jusqu’à la farce de l’attribution du prix Nobel de la paix, attribution qui n’aura donc pas suffi
Que les électeurs aient voté ou qu’ils aient boycotté le scrutin, une première analyse des motivations de vote montre qu’ils ne se sont trompés ni d’élection ni d’enjeu. Selon une enquête Ipsos Steria [1], 61 % des électeurs se sont déterminés sur les questions européennes. Et les résultats sont sans appel : il y a une forte progression du rejet de l’union européenne. Celui-ci s’exprime soit par le refus de vote soit, quand il y a vote, majoritairement par un vote nationaliste et non par l’exigence d’un internationalisme de classe qui respecte les souverainetés populaires.
Les premiers éléments, en attendant une analyse plus fine et plus complète, indiquent qu’en France cela est particulièrement visible. Le plus marquant c’est que ce rejet touche en premier le monde du travail.
69% des chômeurs, 68% des employés et 65% des ouvriers n’ont pas voté. De même 73% des moins de 35 ans.
Autres éléments inquiétants, c’est dans ces mêmes catégories que le FN réalise ses meilleurs scores.
Ainsi, toujours selon la même étude, les listes du FN ont attiré 43 % des ouvriers qui se sont déplacés aux urnes, 38 % des employés et 37 % des chômeurs. Chez les moins de 35 ans, le parti de Marine Le Pen obtient 30 % des voix sur les 27% qui se sont déplacés…
Si le rejet de cette alliance européenne est si fort, on peut se demander pourquoi ce n’est pas en France vers la « gauche de gauche » que les voix se sont portées. Dimanche soir un journaliste posait cette question pertinente au secrétaire national du PCF Pierre Laurent en ajoutant en gros : c’est peut-être une question de forme du message voire de pédagogie, ce que son interlocuteur n’a pas contredit tout en soulignant les progrès du groupe européen auquel le PCF est affilié, le GUE. Une observation juste qui doit cependant être tempérée.
Si le GUE gagne des sièges sur les dernières élections de 2009 (7 selon les dernières estimations), il faut observer qu’il est stable depuis 1979 année de la première élection puisque le GUE avait obtenu cette année-là 44 sièges contre 42 députés aujourd’hui [2] pendant que, dans la même période, ceux que la presse nomme les « eurosceptiques » triplaient leur score pour atteindre les plus de 100 députés. De ce point de vue la stagnation des forces qui prônent une « autre Europe » ou d’une « Europe refondée » n’est pas un phénomène strictement français et les progrès enregistrés apparaissent plus comme des phénomènes nationaux isolés que comme une vague progressiste qui déferlerait sur le continent [3].
La question reste donc entière. Pourquoi le FDG (et ne parlons pas du NPA complètement disparu de ces élections) ne progresse-t-il pas dans le monde du travail qu’il affirme pourtant qu’il veut le défendre et dont il soutient régulièrement les luttes syndicales ? Sans doute que des éléments de réponses sont-ils dans deux articles déjà publiés
– La gauche de gauche va-t-elle enfin sortir du conformisme ?
– La déclaration de 32 partis communistes et ouvriers d’Europe (mais pas un parti du Front de gauche)
Bien sûr concernant cette dernière on peut rétorquer que les partis signataires n’ont pas tous montré une grande progression eux aussi dans leurs pays respectifs [4]. Il n’y a pas automaticité entre position juste et résultat électoral. Des éléments locaux pèsent aussi.
Pour autant, en ce qui concerne notre pays, il y a des raisons spécifiques, sauf à nier l’existence de questions nationales propres. Dans la campagne, Rouges Vifs 13 a pour sa part diffusé le document /argumentaire ci-joint.
Deux mois à peine après une élection municipale dont le résultat a largement motivé notre appel du 25 mars, celui-ci est plus que jamais d’actualité : il y a urgence à ce que se rassemblent, au moins dans un appel, celles et ceux qui partagent ce que nous écrivions alors et que plus de 300 signataires ont déjà approuvé :
« (…) Plus que jamais une organisation révolutionnaire en prise avec les luttes dans les entreprises et les quartiers populaires et détachée de tout électoralisme doit émerger. C’est de notre responsabilité à chacun de nous,
Nous qui ne croyons pas que le capitalisme soit aménageable,
Nous qui ne voulons pas de compromission avec la social-démocratie
Nous qui ne confondons pas mondialisme et internationalisme
Nous qui ne voulons pas de cette alliance ouest-européenne nouvelle puissance impérialiste.
Nous qui voulons que les plus exploités, les plus précaires, les chômeurs, les discriminé-e-s, ne laissent à personne d’autres qu’à eux-mêmes la prise en main de la lutte pour leur émancipation.
Nous affirmons qu’à l’image de ce qu’essaient de construire les peuples d’Amérique du Sud nous pouvons nous aussi sortir de l’Union Européenne et de l’euro pour construire d’autres coopérations internationales.
Nous affirmons qu’il est temps que celles ceux qui veulent inventer le socialisme du 21ème siècle se rassemblent quelques soient par ailleurs les engagements qu’ils peuvent avoir.
Si nous laissons faire c’est l’obscurantisme, la réaction et même le fascisme qui gagneront.
La transformation de la société passera par chacun de nous ou ne sera pas. Nous ne pouvons pas nous défiler, remettre au lendemain ou nous décourager devant l’ampleur de la tâche.
Assumons nos responsabilités, dans toute la France, prenons notre place dans la (re)construction de l’organisation révolutionnaire dont le pays a besoin.
Rassemblons-nous ! »
Pour celles et ceux qui ne l’ont pas encore fait : signez et faites signer l’appel !*
* en cas de difficulté pour signer renvoyer par courriel à rougemidi@rougemidi.org vos nom, prénom, code postal, qualités et commentaires éventuels
[1] http://www.ipsos.fr/ipsos-public-affairs/actualites/2014-05-25-europeennes-2014-comprendre-vote-francais
[2] 48 en 1981, 41 en 1984, 42 en 1989, 43 en 1994, 42 en 1999, 41 en 2004
[3] A ce sujet présenter, comme l’ont fait les médias, Syriza, l’organisation grecque, qui n’a pas dans ses rangs les communistes grecs et qui a fait allégeance à Washington suite aux dernières législatives grecques, comme une organisation d’extrême gauche est un peu fort de café
[4] A l’exception notable du parti communiste portugais sur laquelle nous reviendrons
Messages
27 mai 2014, 06:34, par vincentd
La politique menée en France ne vas pas changer d’un iota. Le président parle d’abord de défendre la croissance. Mais nous voulons des droits pour les travailleurs pas des intérêts pour les banquiers ; encore moins des dividendes pour les actionnaires. Ensuite, et dans cet ordre, il prétend qu’il faut défendre l’emploi notamment industriel. On ne compte plus les boîtes qui ferment sans aucun soutien de NOTRE état.
Les gouvernements dans les différents pays de l’Union Européenne sont de droite, pourquoi la politique de l’union européenne en saurait-elle autrement ?
Autrement dit c’est bien l’union européenne du capital qui est gagnante, même si aujourd’hui elle décide de s’appuyer sur des éléments nationalistes, fascistes, réactionnaire et j’en passe...le capital est toujours en position de force.
Ils nous faut bel et bien une force sociale organisée !
27 mai 2014, 13:51, par RICHARD PALAO
pourquoi la gauche et en particulier le FDG ne bénéficie pas du rejet de l europe actuelle par les travailleurs ?
pour ce qui concerne le PS , les travailleurs constatent que la politique menée en FRANCE respecte scrupuleusement les directives de l europe capitaliste alors pourquoi les promesses non tenues en FRANCE seraient- elles tenues a BRUXELLES , de plus le PS allié à la droite ont bafoué la démocratie en ne tenant pas compte du NON à la constitution européenne et d ’une façon générale vote tous les textes qui donnent plus de pouvoir à l’europe au détriment des pouvoirs nationaux .
Pour ce qui concerne le FDG dont le PCF , leur double langage permanent et leur autisme sur l europe sont devenus insuportableS pour les travailleurs : lorqsue l europe a été crée , le PCF était contre cette organisation qui était construite pour satisfaire les intérêts du capital en renforçant l’exploitation des travailleurs , depuis la main-mise du capitalisme sur l europe c est renforcée traité après traité simultanément à la cosntruction de nouvelles structures supra- nationales et à l intégration des syndicats de classe dans la CES .
Le PCF aurait du donc maintenir son opposition à cette europe du fric , au lieu de celà , il a , petit petit abandonné ses repères de classe privilégiant pour des motifs électoraux des alliances avec le PS et est passé d une opposition résolue à l europe à son acceptation revendiquant pour faire passer la pilule , la construction illusoire d’une europe sociale .
Pas étonnant donc que le FN , champion de l opportunisme et de la duplicité , qui est le SEUL PARTI QUI DEMANDE LA SORTIE DE L EUROPE , ait pu recueillir les suffrages de nombreux travailleurs , pas etonnant non plus que 65% DES OUVRIERS aient choisi de s abstenir de voter pour la " gauche " .
La necessité de faire du neuf est donc plus criante que jamais , l urgence est donc bien de s atteler à la construction d une organisation révolutionnaire qui redonnera la parole au peuple , respectera ses choix et notamment pour ce qui concerne l europe exigera la sortie de ses institutions et le non-paiement de la dette , ce serait à mon avis un bon début pour rassembler les masses sur un objectif commun clairement anti capitaliste .
27 mai 2014, 12:18, par Pierre Ruscassie
« Pourquoi le FDG (et ne parlons pas du NPA complètement disparu de ces élections) ne progresse-t-il pas dans le monde du travail qu’il affirme pourtant vouloir défendre et dont il soutient régulièrement les luttes syndicales ? »
Parce que la gauche est divisée !
Elle est au moins divisée en trois, le NPA s’étant effondré parce qu’il apparaît comme le plus diviseur de tous, quelle que soit la qualité de son programme.
Les électeurs traitent les trois (FdG, EELV, PS) de la même manière : tous coupables ! ils n’ont qu’à s’entendre ! Etc.
EELV est moins sanctionnée car elle paraît plus pluraliste que le FdG (l’éventail des positions y est plus large).
La solution pour sortir la gauche de sa crise consiste à réaliser une Union de la Gauche (au moins des trois qui surnagent), autour d’un programme commun… qui, pour unir ces trois, ne pourra être que de gauche. Mais la condition préalable est que la direction du PS ait, majoritairement, changé de politique…
pierre.ruscassie@wanadoo.fr