Plan d’arnaque

vendredi 5 décembre 2008
par  Charles Hoareau
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On le sait, le gouvernement Sarkozy est passé maître dans l’art de la prestidigitation. Depuis la présidentielle il ne loupe pas une occasion de jeter de la poudre aux yeux. Il le fait avec d’autant plus de facilité qu’en face rares sont les entreprises de dénonciation de ce mensonge permanent qui tient lieu d’argumentation.
Evidemment certains ont assez de logique pour noter que les 26 milliards du plan de relance ne pèsent pas lourd face aux 360 milliards réservés aux banques - on pourrait ajouter qu’avec le bouclier fiscal, Sarkozy offre tous les ans aux plus riches une bonne moitié de son plan de relance censé être unique (bien que, devant sa faiblesse, nombreux économistes en prévoient déjà un autre). Mais il y a d’autres critiques de ce plan que nous n’avons pas trouvées... mais peut être avons-nous mal cherché ?

Le choix de la date

La presse savait [1] que le gouvernement redoute une montée du mouvement social. Evidemment les élections prud’homales dans ce contexte de crise, pouvaient être un signe annonciateur de révoltes futures. Le fait que ce plan soit annoncé le 4 décembre 2008 au lendemain de celles-ci ne doit donc rien au hasard. C’est d’ailleurs une stratégie délibérée de ce gouvernement depuis qu’il est en place : faire en sorte qu’à chaque évènement susceptible de le mettre en cause dans ces choix, il crée artificiellement un non évènement dont la presse va s’emparer. Le 4 décembre le vrai évènement c’est que les élections prud’homales (sur lesquelles nous reviendrons) montrent par un sondage sur un échantillon de plus de 4 millions de personnes, qu’au moins 40% des salariés contestent radicalement les choix du gouvernement.

Les aides aux entreprises

Evidemment si on se met à la place des artisans et commerçants concernés, les 180€ d’allègement des cotisations sociales sont toujours ça à prendre, cela va-t-il régler le problème de la montée du chômage ? Cela va-t-il empêcher UNILEVER de délocaliser en Hongrie ? Cela va-t-il empêcher l’industrie automobile de faire payer la crise aux salariés qui en souffrent déjà ? Cela enfin va-t-il aider au financement de la protection sociale ? Bien sûr que non ! Si on veut, au nom de l’emploi, aider les entreprises cela passe par un plan national de relance de la politique industrielle et commerciale, cela passe aussi par un autre mode de calcul des cotisations sociales et de l’impôt. Quelques pistes :

- Revenir à une monnaie nationale, car comment faire des choix nationaux si nous ne sommes pas maîtres de notre monnaie ? Qui peut croire que la BCE, mise en place par 27 pays capitalistes, peut servir les intérêts des peuples ? Ce qui se passe avec la bancosur d’Amérique du sud devrait en soi servir de démonstration éclairante et aussi la Chine qui, prévoyant des difficultés d’exportation, n’hésite pas à dévaluer sa monnaie pour y remédier.
- Nationaliser réellement le secteur bancaire, la grande distribution, les grands groupes industriels afin que la nation soit maitresse de ses choix de financement, de production et commerciaux.
- Revoir l’impôt sur les sociétés et le financement de la protection sociale en s’appuyant non sur la masse salariale, mais sur la plus value dégagée. Cette proposition, peu mise au débat, permettrait de faire payer à des entreprises aux bénéfices pharaoniques comme TOTAL, la part qu’ils doivent aux ressources de la nation. Elle dégagerait les petites entreprises dont la productivité a bien moins augmenté, depuis la mise en place de la sécurité sociale, que celle des grands groupes.
- Exproprier les entreprises qui veulent délocaliser. Et si certains nous traitent de rêveurs ils n’ont qu’à relire ce qu’a dit Chavez aux banques et grands groupes implantés au Venezuela dès le début de la crise : « Si ici, au Venezuela il arrivait quelque chose d’identique il n’y a pas le moindre doute que je ne donnerais pas un centime aux banques, je les exproprierais ».

L’aide au logement

Beaucoup soulignent la faiblesse du nombre de logements annoncé. Mais pourquoi nous n’avons vu écrit nulle part que tant que l’on ne reviendra pas à l’aide à la pierre la construction de logements ne pourra répondre aux besoins ? Quand 50% de la population gagne moins de 1500€ par mois, annoncer 70 000 logements avec les mécanismes actuels de financement c’est les en exclure.

1000€ pour une voiture

Ce matin au marché Nicolas (rien à voir avec l’autre agité) disait : « Moi ma voiture elle a 11ans, c’est pas avec 1000€ que je vais pouvoir en acheter une neuve ! » pas besoin d’avoir fait l’ENA pour le comprendre…

RSA : l’arnaque des 200€

Alors là c’est presque un comble. A croire que personne n’a lu ce qu’est réellement le dispositif RSA ! Pourquoi personne ne souligne que la mise en place du RSA s’accompagne de la suppression de la prime à l’emploi de 1000€ existante dans le dispositif actuel. Les 200€ ne représentent donc qu’un 1/5 de l’existant ! Faut il rappeler que le RSA, par rapport au dispositif actuel, représente la première année, pour un célibataire à temps plein une perte de près de 200€ mensuels, et pour une femme seule avec un enfant, une perte de près de 300€ mensuels !!!. Nous invitons les commentateurs qui depuis hier matin écrivent sur le sujet à consulter le document de 40 pages émis par le ministère ou s’ils n’ont pas le temps à lire, en fin d’article, le tableau issu de ce document révélateur.

La solution

Même Attali le dit, la cause de la crise c’est les bas salaires [2]. Il est d’ailleurs cocasse et presque incroyable de lire dans une presse peu soupçonnable de sympathie marxiste, en l’occurrence Les Echos, les propos d’Alain MINC et du même ATTALI sur la justesse de l’analyse de Marx !!
Evidemment avec une part des salaires en constante baisse dans le PIB depuis 20 ans cela ne pouvait que produire des dégâts. Les prêts perlimpinpins dans l’immobilier pour tenter de pallier à la hausse vertigineuse des prix, n’ont fait qu’aggraver le phénomène. La solution passe donc à la fois par l’augmentation des salaires et une vraie relance de l’industrie.

En d’autres termes cela s’appelle appropriation des moyens de production et d’échange, autre répartition des richesses, toutes choses qui devraient faire partie en clair du programme d’un parti qui se veut révolutionnaire parce que communiste et dont un certain Manifeste n’a pas pris une ride.


[1voir Le canard de la semaine précédente

[2I-télé jeudi 4 décembre



Documents joints

Marx vu par Minc et Attali

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