Michèle Alliot-Marie : une pom-pom girl à Matignon ?.

lundi 20 septembre 2010
popularité : 4%

Après huit années dans les ministères régaliens, elle rêve de succéder à Fillon à la régulière, mais Sarko n’est pas sûr qu’elle soit « l’homme de la situation ».

MAM s’en va-t-en guerre, mironton, mironton, mirontaine, et ne sait si Sarko la nommera à Matignon.

Avis d’un proche du chef de l’Etat :

« Elle n’a des chances que très relatives ».

Mais elle y croit.

« Je suis disponible », claironne-t-elle cette semaine dans « Valeurs actuelles », de peur qu’on ne l’oublie.

Elle a fêté, vendredi dernier, ses 64 ans, et il ne peut y avoir meilleur âge pour une élue du 64, adjointe au maire de Saint-Jean-de-Luz.

Pour imprimer sa marque, elle a multiplié tout l’été les apparitions dans la presse pipole, histoire de ne pas se laisser distancer par Borloo, qui y croit aussi.

Encore un peu vert, le ministre s’est coupé les cheveux pour avoir l’air plus premier ministrable, MAM n’a pas besoin de ces artifices, la chevelure, elle la porte courte depuis longtemps, et les idées aussi.

Borloo soigne son côté radicalement béni-oui-oui, toujours dans les jupes de Sarko, elle a aussi abandonné les jupes depuis longtemps.

« Je n’en ai pas », avait-elle dit au grand Helmut Newton, qui avait l’art de regarder dessous et voulait la photographier pour « Paris Match » en 1995.

A un huissier de l’Assemblée qui lui faisait remarquer un jour que le pantalon était interdit pour les dames dans l’hémicycle, la légende veut aussi qu’elle ait rétorqué :

« Vous voulez que je l’enlève ? ».

Un chef de gouvernement qui a de la répartie, ça changerait d’un Fillon qui en est dépourvu.

Sarko se plaignait-il un jour en Conseil des ministres d’avoir la nostalgie du ministère de l’Intérieur , MAM lui répliqua :

« On échange ?. »

L’audace pourtant n’est pas son genre.

Si elle ne peut souffrir les jupes, c’est qu’elle a toujours le doigt sur la couture du pantalon.

Un ancien chef de gouvernement confirme :

« Même quand elle n’est pas à la Défense, elle est au garde-à-vous ».

Fille d’un arbitre international de rugby, elle marche naturellement au sifflet.

Mais il faut rendre hommage à son compagnon de libération, Patrick Ollier, député-maire UMP de Rueil-Malmaison, qui lui a appris à marcher au pas, le soir de sa nomination à la Défense.

L’histoire ne dit pas si Pom, c’est son petit surnom (Patrick Ollier-Marie), la fit défiler sur la Cinquième de Beethoven (pom, pom, pom, pom), la symphonie préférée des gaullistes, mais cette pom-pom girl a tout d’un garçon manqué, et le revendique.

Dans « Le Figaro » (14/8), elle raconte qu’à 6 ans, quand elle remontait de la plage, elle s’arrêtait dans un bar de Saint-Jean-de-Luz, grimpait sur un tabouret et lançait au barman :

« Et un rhum, je vous prie ! ».

Garçon manqué, mais bien éduqué : on notera le vouvoiement.

Sarko a-t-il besoin d’elle pour Matignon ?.

Sachant qu’il est la tête et considère que le Premier ministre doit être les jambes, cela peut se concevoir.

Jacques Chirac, qui connaissait ses troupes, jurait jadis que MAM avait les « plus belles jambes du RPR ».

Il la mit à bonne école en faisant de cette ancienne du cabinet d’Edgar Faure un secrétaire d’Etat à l’Enseignement.

A cette époque (1986) le jeune Sarko était encore en classe biberon à la mairie de Neuilly.

Balladur, lui, la nomma ministre.

Du coup, elle voulut servir de « passerelle » entre les deux amis de trente ans en 1995, mais elle se déchira avec ce grand écart.

On la moqua, mais le militant RPR apprécia.

Et lui marqua son respect en l’élisant présidente du mouvement en 1999.

Contre, s’il vous plait, le candidat du président Chirac.

Cela signe son homme, si l’on ose dire.

Alliot-Marie, adversaire acharnée de la féminisation des fonctions, met un point d’honneur à se faire appeler madame « le » Ministre.

A tel point qu’aujourd’hui un de ses collègues du gouvernement estime qu’elle pourrait bien être « l’homme de la situation ».

Nommer une femme pour avoir l’homme de la situation à Matignon, il n’y a qu’elle pour réussir ce prodige !.

MAM à Matignon ?.

Ce serait dans la logique d’un parcours régalien à nul autre pareil.

Cinq ans à la Défense, deux à l’Intérieur et aujourd’hui garde des Sceaux, elle a réussi la passe de trois.

Place Vendôme, elle a réformé la garde à vue et décidé d’accrocher des codes-barres aux scellés.

Colossal !.

Elle n’a pas imposé sa réforme de la procédure pénale, mais n’est pas Badinter qui veut, surtout pour qui a échoué à l’agrégation de droit.

« L’un des membres du jury m’a confié : »Sa prestation n’était pas au niveau", raconte un ministre qui lui veut du bien.

N’importe, après Rachida Dati, il lui était difficile d’apparaître moins compétente.

« Ce n’est pas elle qui dirait une connerie, mais pas elle non plus qui dirait une chose intelligente », note un collègue.

Sarko, qui la vouait aux gémonies à l’Intérieur - « Elle est nulle » -, serait aujourd’hui revenu à de meilleures dispositions à son endroit.

Elle se vante d’ailleurs d’être l’un des membres du gouvernement qu’il voit le plus.

Elle se trompe.

Et rien n’indique non plus qu’il la voit demain à Matignon.

Pour lui, elle n’a d’intérêt que s’il faut empêcher Villepin de faire une percée et remettre un peu de geste gaulliste dans un sarkozysme qui a de plus en pus la berlue, au sens transalpin du terme.

Mais ce n’est pas parce qu’elle rassemble ses amis sous le Chêne que Sarko est un gland.

Il continue à trouver ringarde celle qui a eu le tort de lui disputer la candidature présidentielle en 2007.

Et de se méfier de celle qui n’a pas été transparente dans l’affaire Clearstream

« Il ne partirait pas en vacances avec elle, il a de meilleurs rapports avec Borloo », assure l’un de ses proches.

Mais nomme-t-on un Premier ministre pour partir en vacances avec lui ?.

Pour ses vacances en Tunisie, MAM, férue d’archéologie, a déjà sa momie, Daniela Lumbroso.

Pour elle qui abhorre le féminisme, le pire dans sa nomination serait d’avoir à faire oublier le précédent Cresson, qui plomba la cause des femmes.

Il ne manquerait plus que les Chiennes de garde lui érigent une statue.

Que n’ont-elles pris d’ailleurs la défense de son secrétaire d’Etat Bockel, qu’elle maltraite, incapable de lui laisser le moindre espace.

Cela augure mal de ses talents de chef d’équipe.

Qu’elle ait la faveur d’Alain Minc devrait aussi l’inquiéter car les protégés du conseiller du couac 40, en ce moment, finissent plus souvent pendus que promus.

Par Jean-Michel Thénard dans Le Canard enchaîné du 15/09/2010

Transmis par Linsay



Commentaires

Sites favoris


20 sites référencés dans ce secteur